Tony Cavanaugh : L'affaire Isobel Vine
L'affaire Isobel Vine de Tony Cavanaugh 4/5 (31-05-2017)
L'affaire Isobel Vine (413 pages) est disponible depuis le 6 avril 2017 aux Editions Sonatine (traduction : Fabrice Pointeau).
L’histoire (éditeur) :
Pour n’importe quel passant, les rues, les places, les jardins de Melbourne possèdent un charme certain. Pour Darian Richards, chacun de ces lieux évoque une planque, un trafic de drogue, un drame, un suicide, un meurtre. Lassé de voir son existence ainsi définie par le crime, et uniquement par le crime, il a décidé, après seize ans à la tête de la brigade des homicides, de passer à autre chose. Une vie solitaire, plus contemplative.
Il accepte néanmoins de sortir de sa retraite par amitié pour le chef de la police qui lui demande de disculper son futur successeur, en proie à des rumeurs relatives à une ancienne affaire : en 1990, après une fête donnée chez elle, on a retrouvé le corps sans vie de la jeune Isobel Vine. Suicide, accident, meurtre ? L’enquête fut d’autant plus délicate que quatre jeunes flics participaient à cette soirée. Elle fut classée sans suite, mais le doute persiste sur ce qui s’est réellement passé.
Reprendre des investigations vingt-cinq ans après les faits n’est jamais une partie de plaisir, surtout quand l’affaire concerne de près la police. Les obstacles ne manquent pas. C’est sans compter sur le caractère obstiné, rebelle et indiscipliné de Darian Richards et sur sa fâcheuse habitude à porter davantage d’attention et de respect aux morts qu’aux vivants. L’enquête rythmée de nombreux rebondissements va peu à peu l’amener aux frontières du bien et du mal, de la vérité et du mensonge, et Richards y perdra peut-être ses dernières illusions.
Mon avis :
Après l'Islande avec Mörk et l’Italie avec Maudit printemps, je poursuis ma route dans mon tour du monde littéraire « polar », direction l’Australie avec ce premier roman traduit en France de Tony Cavanaugh : L’affaire Isobel Vine.
Premier point à mentionner : l’intrigue avance doucement. C’est un détail qui a tendance à rebuter mais franchement la lenteur n’est absolument pas pesante.
Second point, et pas des moindres : cette affaire, à la Cold Case, veille de près de 25 ans, est excellente !
Alors oui, Tony Cavanaugh ne joue pas sur l’action et prend son temps pour développer l’enquête (après 25 ans, on n’est plus à quelques jours près me direz-vous) mais du début à la fin il nous tient en haleine et sa narration fluide et l’enchainement de courts chapitres donnent un bon rythme à la lecture. Il prend soin d’éliminer doucement mais sûrement les différents suspects potentiels pour nous laisser avec un goût amer lorsqu’enfin on apprend l’identité du responsable de la mort d’Isobel Vine, une jeune fille « presque » sans histoire de 18 ans, retrouvée nue pendue avec une cravate d’homme au porte manteau derrière sa porte.
Suicide, jeu sexuel ayant mal tourné ou meurtre lié à son retour de la Paz (dans le cadre d’un programme d’échange) pour lequel elle a été mise en cause dans le cadre d’un trafic de drogue….
Si les deux premières éventualités sont assez vite écartées par Darian Richards et son équipe, la seconde s’avère bien difficile à établir… C’est d’ailleurs pour cela que Richards a été appelé par Copeland Walsh, ancien commissaire à la retraite, soucieux de faire le ménage et souhaitant ne voir aucune casserole trainer derrière Racine, son remplaçant dont le nom figurait dans « l’accident Isobel Vine » (comme celui de 3 autres flics) sans que jamais les responsabilités n’aient été prouvées.
Rien n’est simple dans cette histoire et les vieux dossiers sont difficiles à ressortir, surtout que chacun à quelques choses à cacher (et surtout à perdre) dans cette affaire. En cela, Tony Cavanaugh construit une excellente intrigue où se mêlent manipulations, pouvoir, flics véreux et trafics de drogue.
J’ai adoré ! L’investigation est passionnante et on se laisse très vite prendre par le besoin de savoir et de comprendre les enjeux et le rôle de chacun dans ce meurtre (le dénouement, bien que cohérent, reste d’ailleurs surprenant).
Les réguliers retours en arrière mettant en scène les derniers jours d’Isobel (à la manière de la série Cold-Case) permettent de bien intégrer les faits et d’imaginer petit à petit la part de responsabilité des différents protagonistes.
Darian Richards est un personnage très intéressant. Anti-héros sombre, solitaire, fidèles aux vraies valeurs, il sort ici de sa retraite (qu’il s’est imposée après se divers échecs : conjugal et professionnel) dans une cabane isolée au bord du lac (toujours hanté par Tueur du train, qu’il a traqué durant des semaines sans réussir à l’arrêter) pour retrouver Melbourne à la demande de son ancien chef et mentor. Son obstination est sa force, et il en faut ici pour résoudre ce que personne (excepté le père de la victime) de veut vraiment voir éclater au grand jour, d’autant que la vérité se révèle aussi complexe que dangereuse.
L’affaire Isobel Vine est un polar encore une fois assez classique. Cependant, certains aspects, tels que les différentes anecdotes du protagoniste, la narration un poil cynique, tantôt au « Je » tantôt au « Il » et multi-voix, lui apportent un petit quelque chose de neuf et en font vraiment une très bonne lecture. Complexe et solide cette Affaire Isobel Vine est un polar, au rythme lent mais maîtrisé, à découvrir.
J’espère que Sonatine nous fera la joie de publier d’autres titres de l’auteur, et surtout les précédents, car cette histoire du Tueur du train m’a vraiment turlupinée (j’avais une furieuse envie de savoir de quoi il retournait exactement).
Je veux encore du Darian Richards et du Tony Cavanaugh !!!!!
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