François-Xavier Dillard et Anne-Laure Béatrix : Austerlitz 10.5
Austerlitz 10.5 de François-Xavier Dillard et Anne-Laure Béatrix 3.75/5 (23-03-2016)
Austerlitz 10.5 (270 pages) est paru le 17 mars aux Editions Belfond.
L’histoire (éditeur) :
En 1810 la Seine avait atteint lors de la grande crue de Paris son niveau maximal : 8.62 mètres sur l'échelle hydrométrique du pont d'Austerlitz.
Aujourd'hui, la pluie tombe depuis trois jours dans la capitale. Les trois premiers jours les habitants de la grande ville ont râlé. Et puis, le soir du quatrième jour, l'alimentation électrique a été coupée. La plupart des arrondissements ont alors connu un black-out total faisant souffler un vent de panique sans précédent dans la population. Le métro a été fermé. L'ensemble du vaste réseau sous-terrain des transports publics s'étant retrouvé noyé par des hectolitres d'eau sombre et glacée. Lorsque les premiers immeubles se sont effondrés et que la grande vague de boue a déferlé sur la ville, une véritable hystérie collective s'est emparée des parisiens et les pires exactions ont été commises. Au nom de la survie... La peur, puis la violence ont déferlé sur la ville.
Paris est dévastée et la plupart des habitants, du moins ceux qui ont la chance d'avoir encore un toit, se terrent chez eux en attendant que cette pluie démentielle cesse enfin...
Sous le pont d'Austerlitz l'eau a atteint son record : 10.50.
Un an plus tard, on sait que Paris ne sera plus jamais la même. Pour François Mallarmé qui a tout perdu dans cette catastrophe, sa femme et son enfant, la vie n'est qu'un long cauchemar. Il continue tant bien que mal à faire son boulot de flic dans une ville où plus rien n'a de sens. Jusqu'au jour où une affaire de meurtres sordides le ramène à son cauchemar, au cœur même du Louvre, dans ce musée qui pour le monde entier était le symbole de ce qui fut la plus belle ville du monde, et où même la Joconde a disparu....
Mon avis :
Pas banale cette intrigue ! Et cette situation dans laquelle nous « plongent » François-Xavier Dillard et Anne-Laure Béatrix l’est encore moins (et pourtant pas si originale que ça…) !
Jeudi soir, une pluie diluvienne s’abat sur la capitale sans discontinuer durant des jours. Le lundi, l’électricité est coupée, le métro fermé, inondé sous des litres d’eau boueuse et des immeubles s’effondrent au passage d’une vague de boue. Le chaos, la panique, le désordre et la colère suivent, obligeant l’armée à se déployer et les parisiens, encore présents, à rester cloitrés chez eux le temps que cesse la pluie.
Voilà comment débutent Austerlitz 10.5 et ce sur quoi l’intrigue voit le jour. Les auteurs commencent au jour 3 de la catastrophe alors que des parisiens se retrouvent bloqués dans la rame de métro de la ligne 14, puis font le tour des différentes conséquences (aussi vraisemblables que terrifiantes) : morts, désolations, pillages, tentative de sauvetages des pièces d’art (au Louvre principalement et de sa mythique Joconde)… jusqu’au jour 8 où cesse enfin la pluie. De quoi, bien mettre le lecteur en situation !!!
Un an plus tard, François Mallarmé, commissaire de polie qui a perdu sa femme et son fils lors de la catastrophe, enquête sur une série de meurtres ayant pour point commun la fortune des victimes et la mise en scène dans leur mort. Ecrasé par le fardeau de la douleur, vivant seule entre colère, abattement, alcool et violence, François voit en cette enquête une motivation et un intérêt salvateur. Mais pour combien de temps ?
Austerlitz 10.5 (titre qui tire son nom de l’échelle permettant de mesurer la cote de la Seine, située à proximité du pont d’Austerlitz) est un thriller original et qui ne tombe à aucun moment dans la facilité.
En moins de 300 pages, ce duo d’auteurs (dont l’une, directrice de la communication du Louvre, signe là sa première fiction) fait fort en termes de scénario, thématique, de décor (apocalyptique), d’action et de rythme. Politique, corruption, trafic en tout genre (dans le milieu de l’art en particuliers) et délinquance viennent court-circuiter une reconstruction difficile et apportent une richesse à l’histoire de base (le meurtre de personnalités) qui permet au lecteur d’enchaîner les (courts) chapitres.
Une fois totalement plongé dedans, grâce à la première partie anxiogène, terriblement réaliste et angoissante, la seconde partie (plus centrée sur l’après et les événements plus politico véreux qui en découlent) passe comme une lettre à la poste. Cette fiction, thriller où la moral peine à retrouver sa place, est à découvrir !
Un petit mot sur les chapitres qui portent tous le nom d’une œuvre d’art en lien avec la suite, de quoi s’ouvrir à la culture de la peinture, de la sculpture…de manière judicieuse et originale. Difficile de passer à coté sans aller voir de quoi il s’agit. Merci Anne-Laure Béatrix pour ce partage intelligent de passion et de savoir !
Pour aller plus loin : Paris et ses berges et comment la capitale se prépare à une crue
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