Virginia Reeves : Un travail comme un autre
Un travail comme un autre de Virginia Reeves 4/5 (22-08-2016)
Un travail comme un autre (344 pages) est disponible depuis le 24 août 2016 aux Editions Stock (Traduction : Carine Chichereau).
L’histoire (éditeur) :
« On naît avec quelque chose dans les veines, pour mon père, c’était le charbon, pour Marie, c’est la ferme, pour moi un puissant courant électrique. » Roscoe T Martin est fasciné par cette force plus vaste que tout, plus grande que lui, qui se propage avec le nouveau siècle : l’électricité. Il s’y consacre, en fait son métier. Un travail auquel il doit pourtant renoncer lorsque Marie, sa femme, hérite de l’exploitation familiale. Année après année, la terre les trahit. Pour éviter la faillite, Roscoe a soudain l’idée de détourner une ligne électrique de l’Alabama Power. L’escroquerie fonctionne à merveille, jusqu’au jour où son branchement sauvage coûte la vie à un employé de la compagnie.
Mon avis :
Nous sommes dans l’Alabama des années 20, Roscoe T. Martin, ancien électricien, marié à Marie, reprend la ferme familiale à la mort de son beau-père. Mais il ne trouve aucunement sa place dans ce nouveau travail et peine se rendre utile. Lorsque l’idée lui vient de détourner l’électricité de la ville pour rendre le travail et la vie sur l’exploitation plus faciles, Roscoe croit enfin pouvoir sauver son couple et gagner le respect de la petite communauté, jusqu’à ce qu’un accident tragique coûte la vie à un employé de la compagnie d’électricité.
Roscoe, reconnu coupable d’homicide et d’avoir alimenté illégalement sa maison pendant deux ans, est condamné à 2O ans de prison, tandis que Wilson, l’ouvrier noir travaillant sur l’exploitation depuis son enfance, est vendu à la compagnie minière, condamné à une peine de 10 ans de travail forcé…
Le récit alternant passé et présent, met en avant un homme bon et passionné, pour lequel l’attachement se fait étonnement très rapidement (contrairement à son épouse, pour qui l’aversion se fait de plus en plus forte à mesure que l’on progresse dans l’histoire). Virginia Reeves tisse son intrigue et l’entremêle avec naturel et beaucoup de perspicacité autour des thèmes des rêves brisés, de la culpabilité, de l’estime de soi et de la rédemption. Elle nous emporte dans le sud des années 20 avec son lot de racisme, de violence et de difficultés, et dans la vie carcérale avec beaucoup d’éloquence. Il y a dans cette fiction historique un réalisme saisissant.
Si j’ai trouvé qu’il manquait un peu de profondeur dans l’exploration des sentiments et de force émotionnelle, Un travail comme un autre est tout de même un très bon premier roman. Il y a là beaucoup de gravité et une finesse toute particulière dans le cheminement de son personnage principal qui rendent son récit très prenant et finalement assez bouleversant (même si je pense qu’il aurait pu s’avérer plus déchirant). Au final, c’est peut-être aussi cette forme tempérée dans le ton qui lui donne tant de justesse.
Ainsi, loin du mélodrame, Un travail comme un autre se révèle extrêmement convainquant et plein d’humanité. J’ai passé un excellent moment à travers les ligne de Virginia Reeves qui fait preuve de beaucoup de solidité dans son écriture. Une auteure à suivre !
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