Stephen King : Docteur Sleep
Docteur Sleep de Stephen King 3,5/5 (05-12-2013)
Docteur Sleep (600 pages), deuxième volet de la saga Danny Torrance est disponible depuis le 1er novembre 2013 aux Editions Albin Michel.
Pour info : Shining, le premier opus, est paru en France en 1992.
L’histoire (éditeur) :
Danny Torrance a grandi. Ses démons aussi... Hanté par l’idée qu’il aurait pu hériter des pulsions meurtrières de son père Jack, Dan Torrance n’a jamais pu oublier le cauchemar de l’Hôtel Overlook. Trente ans plus tard, devenu aide-soignant dans un hospice du New Hampshire, il utilise ses pouvoirs surnaturels pour apaiser les mourants, gagnant ainsi le surnom de « Docteur Sleep », Docteur Sommeil. La rencontre avec Abra Stone, une gamine douée d’un shining phénoménal, va réveiller les démons de Dan, l’obligeant à se battre pour protéger Abra et sauver son âme...
Mon avis :
Voilà près de 10 ans que je n’ai pas lu Stephen King, alors quand j’ai su que Monsieur sortait la suite de Shining, j’ai eu très envie de m’y remettre. Ça n’a pas été aussi simple que je ne l’aurais cru par contre.
On retrouve le jeune Danny (d’abord enfant dans le prologue, puis ado et enfin adulte par la suite) et ce n’est pas rien de le découvrir aujourd’hui devenu un homme. La quatrième dit « Danny Torrance a grandi. Ses démons aussi... », et c’est effectivement le cas. Danny est un alcoolique habité par de nombreux démons (physiquement et psychologiquement). J’avoue que mon ressenti vis-à-vis de lui est passé de l’affection à l’aversion, puis à la compassion et enfin l’admiration. On le voit évoluer, grandir, mûrir, vieillir…et ce n’est pas désagréable, surtout qu’il arrive à devenir quelqu’un de bien, ce qui était loin d’être gagné. Sa rencontre (surnaturelle et fantastique) avec Abra Stone, une jeune fille qui possède le même don que loi (puissance 10) et à laquelle il s’attache, donne une relation assez touchante. Oui mais alors, il est où le Stephen King d’antan me direz-vous. Et bien je vous réponds vite et fort de ne pas vous méprendre. Le côté humain a beau être très développé et la psychologie des personnages travaillée, le fantastique a sa place, et même une sacrée place ! Car parallèlement aux deux protagonistes, on suit une bande d’illuminés appelés « le Nœud Vrai » (qu’est-ce que c’est que ce nom-là d’ailleurs !?). Et c’est là que ça se gâte ! Ces barjos sont une sorte des vampires (en beaucoup moins glamour que dans Twilight rassure-vous !) qui se nourrissent de « la vapeur » de certains enfants tels qu’Abra (ou Danny l’était plus jeune) et ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère pour se ravitailler (on retrouve là Stephen titre à son haut niveau d’horreur, c’est un régal !). Abra devient vite une cible de choix pour le Nœud Vrai, surtout que leur immortalité commence à faire défaut….
L’histoire est assez originale. C’est une suite directe de Shining tout en étant une intrigue différente et bien distincte, ce que je trouve très très bien. On peut ainsi lire Docteur Sleep sans avoir lu Shining, ou en ayant simplement vu le film (une adaptation pas du tout apprécié par l’auteur, trop écarté de l’esprit de son roman, soit dit en passant).
Au niveau du style, je n’arrive pas à dire si c’est parce que je n’ai pas lu de Stephen King depuis longtemps ou bien s’il y a vraiment eu une évolution dans son écriture, mais j’ai trouvé que les personnages principaux (et surtout Dan) étaient dessinés avec plus de finesse que d’habitude. L’alcoolisme (et les alcooliques anonymes en particulier) a une place majeure l’histoire, voire même est peut-être trop détaillé. On sent combien le thème lui est cher, et c’est sans aucun doute d’une façon très personnelle qu’il en parle. De ce fait, la lecture a eu tendance à trainer en longueur au début. Passées 200 pages à mettre en place tout ça, l’action et le suspens commencent vraiment à prendre le dessus (pour mon plus grand plaisir !). On retrouve de plus en plus de surnaturel et l’histoire progresse plus vite et plus agréablement jusqu’à la fin, qui arrive finalement un peu vite…mais bon, vous allez dire que je ne suis jamais contente !
Avec le recul, je comprends mieux mon avis mitigé au moment de refermer le livre. Je pensais retrouver mes bonnes grosses frayeurs ressenties adolescente en lisant nombreux de ses précédents titres, et ça n’a pas été du tout le cas ici. Contrairement à Shining qui se déroulait dans un lieu clos (et dont les conditions climatiques pouvaient accentuer l’effet d’isolement et d’oppression chez le lecteur –ou le spectateur), Docteur Sleep est un roman qui a la bougeotte, alors on s’étale aussi un peu plus dans des descriptions (j’ai eu ainsi ma dose de vieux et de camping-car !). Ce n’est pas un mal en soi mais ce n’était pas ce que je souhaitais trouver (du moins pas en aussi grande quantité). Par ailleurs, j’ai beaucoup apprécié l’évolution de ce petit garçon malmenée dans Shining. De ce côté Docteur Sleep et surtout Stephen King a réussi à me toucher a bien des égards.
En deux mots : différent mais réussi (et c’est mieux quand on sait).
Un extrait ici
A découvrir aussi
- Fabrice Colin : Ta mort sera la mienne
- Gilbert Gallerne : Teddy est revenu
- Alissa Nutting : Prédatrice
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 292 autres membres