Nicolas Lebel : Le jour des morts
Le jour des morts de Nicolas Lebel 4,5/5 (24-07-2015)
Le jour des morts (379 pages) est sorti le 21 mai 2014 aux Editions Marabout (disponible depuis le 9 juin 2015 en version poche).
L'histoire (éditeur) :
Paris à la Toussaint. Le capitaine Mehrlicht, les lieutenants Dossantos et Latour sont appelés à l'hôpital Saint-Antoine : un patient vient d'y être empoisonné. Le lendemain, c'est une famille entière qui est retrouvée sans vie dans un appartement des Champs-Élysées. Puis un couple de retraités à Courbevoie... Tandis que les cadavres bleutés s'empilent, la France prend peur : celle qu'on surnomme bientôt l'Empoisonneuse est à l'oeuvre et semble au hasard décimer des familles aux quatre coins de France depuis plus de quarante ans. Les médias s'enflamment alors que la police tarde à arrêter la coupable et à fournir des réponses : qui est cette jeune femme d'une trentaine d'années que de nombreux témoins ont croisée ? Comment peut-elle tuer depuis quarante ans et en paraître trente ? Surtout, qui parmi nous sera sa prochaine victime ? Dans la tornade médiatique et la vindicte populaire, chacun reconnaît la tueuse : elle est une voisine, une soeur, une ex, et la chasse aux sorcières s'organise. Mais derrière l'Empoisonneuse, c'est la Mort elle-même qui est à l'oeuvre, patiente et inexorable : nul ne lui échappera.
Mon avis :
Ouvrir un livre avec la découverte d’un retraité mort dans son salon et enchaîner avec le capitaine Mehrlicht et Jacques, son ami (déguisé en fantôme sur son fauteuil roulant) en train de crier « je suis… la MORT ! » dans un hôpital, comme deux gamins un soir d’halloween, voilà nos sommes bien dans un Nicolas Lebel ! Sérieux et déjanté, ce scénario est encore rudement bien mené, noir, addictif, avec des personnages hauts en couleurs et des dialogues uniques.
« - Chaque fois qu’il vient me voir avec sa blouse toute propre et sa tête toute triste, j’ai l’impression qu’il va m’annoncer que toute sa famille a été débitée au couteau à beurre par la mafia ouzbèke. Et en fait, non… Il vient juste me parler de moi. Alors oui, tu l’écrases et je le finis à la béquille. On y va ? » ; « - C’est ça ! Reste là à te boyauter comme un bossu pendant que je me fais chenailler par ce marchand de mort lente… » ; « - Cette fois, t’as pas pris une olive dans le sac à tripes. C’est déjà ça. »
Le jour de morts, sans faire partie d’une série, reste dans la continuité de L’heure des fous. On y retrouve les protagonistes et l’ambiance, mais on a à faire à une nouvelle enquête qui n’a absolument rien à voir avec le premier roman de Nicolas Lebel.
C’est aussi bien pour ceux qui aiment le changement, que pour ceux qui ont peur de s’engager dedans sans avoir lu L’heure des fous. Vous pouvez donc y aller sans aucun souci de compréhension. Néanmoins, même si vous avez toutes les clés en main pour l’apprécier, je vous conseille vivement de vous procurer le précédent, tout simplement parce qu’il est bon.
C’est vraiment avec un grand plaisir que je me suis plongée dans Le jour des morts pour y retrouver Mehrlicht, Dossantos, Latour et le traditionnel (et toutefois différent) stagiaire. Mais aussi pour savourer la plume rythmée, précise et impeccable de l’auteur.
L’intrigue ici offre une trame encore bien plaisante pour les amateurs de polars, et met en scène des tueurs particulièrement perverses. D’abord un patient de 65 ans empoisonné sur son lit d’hôpital à Paris, puis une famille à Courbevoie, la liste des victimes de l’empoisonneuse s’allonge. Même si présentée comme ça, l’histoire fait un peu « déjà vu », c‘est sans compter sur la talent de Nicolas Lebel pour travailler son intrigue. Sans artifice ni sensationnel, il pousse gentiment l’enquête pour en faire une fiction plaisante à suivre, complexe comme il faut (sans trop en faire), intrigante jusqu’aux dernières pages et aussi attachante.
Et oui, parce que découvrir cette bande de flics parisiens, c’est ne plus vouloir les quitter. L’auteur reprend parfaitement le portrait façonné dans L’heure de fous, poursuit l’histoire de Sophie Latour et nous donne aussi de nouveaux éléments pour en savoir plus sur le passé peu glorieux de Dossantos. Et Mehrlicht, fidèle à lui-même, apporte sa pâte unique au livre.
Je suis fan de ses gros sabots, de son franc-parler, de son style bourru, de son ignorance quant à l’actualité ciné, people… (il n’y a que lui pour ne pas savoir qui est Bruce Willis) et de son amitié toute particulière qu’il a avec Jacques.
Bref, j’aime cette équipe et je ne suis pas prête à la lâcher.
Monsieur Lebel, j’attends maintenant fin août avec impatience pour la sortie de Sans pitié ni remord en espérant que le suspense et l’humour soient encore au rendez-vous (comme si on pouvait en douter !)
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