Nathalie Côte : Le renversement des pôles
Le renversement des pôles de Nathalie Côte 3/5 (08-10-2015)
Le renversement des pôles (192 pages) est disponible depuis le 19 août 2015 aux Editions Flammarion.
L’histoire (éditeur) :
Couple : deux personnes de la même espèce considérées ensemble. Couples en vacances avec enfants : spécimen d'un genre particulier qui attend l'été avec impatience mais qui risque fort de finir la tête dans le sable. Les Bourdon et les Laforêt ont loue deux appartements voisins dans une résidence avec piscine en bord de mer. Chacun est arrivé avec la même envie : consacrer ce temps béni aux enfants, au repos, aux projets. Et tous sont rattrapes par leurs obsessions propres : fuir un mari ennuyeux, gagner vite plus d'argent, faire oublier qu'on a pris dix kilos, faire semblant que tout va bien. Passée l'euphorie de l'échappée belle, ils ne tarderont pas à découvrir que changer de vie a un prix, que la liberté exige du souffle et qu'elle ne s'acheté jamais a bon compte. Avec un humour acide et une implacable clairvoyance, Nathalie Cote se fait entomologiste de la classe moyenne et pavillonnaire. En filigrane, elle dénonce le monde du travail, véritable machine à tuer, et le monde matérialiste, qui propose vainement de se consoler en consommant à crédit. On regarde ces personnages ni aimables ni détestables se débattre et renoncer. On les regarde, en espérant ne pas leur ressembler.
Mon avis :
Histoire de deux couples de la classe moyenne, Le renversement des pôles aborde les problèmes de couple, les rapports humains et l’épanouissement personnel dans un style doux amer qui, sans créer l’ennui, manque quelque peu de vivacité.
Arnaud et Claire Laforêt ne partagent plus rien (sauf leur petit garçon de 7 ans). L’un partage son temps libre entre sa passion pour la macrophotographie et les sites de cul, tandis que l’autre, convaincue de ne plus du tout aimer son mari, trompe son ennui dans water bike et les longueurs de piscine, jusqu’à ce qu’elle se décide de sortir enfin de son étouffement quotidien.
Vincent et Virginie Bourdon vivent aussi une remise en question de leur mariage. Vincent, petit mari terne et salarié sans ambition (qui profite de ses pauses pour s’accorder en cachette quelques Pepito) se décide à prendre des risques en investissant secrètement en bouse les petites économies du couple (destinée à leur nouvelle prochaine voiture). Virginie, qui ne voit que par les livres d’épanouissement personnelle, n’accepte pas du tout ses rondeurs, interdisant à son mari et leurs deux filles tout écart alimentaire, suspectant régulièrement Vincent de vouloir coucher avec une autre (s’estimant trop grosse pour susciter le moindre désir) et comblant son insatisfaction dans des dépenses, le plus souvent à crédit (voiture, machine à laver…).
Ces deux couples vont se retrouver voisins dans une résidence de vacances de la côte d’Azur. Sans qu’une quelconque relation ne se crée, ils vont inévitablement se croiser et cette rencontre sera l’occasion pour Nathalie Côte de faire une piquante critique de notre société.
On y retrouve, en condensé, pas mal de clichés mais le thème de l’insatisfaction, de la résilience, de la consommation et du besoin de paraître restent malgré tout très bien abordés tant son observation est juste et sans exagération.
Même si on y retrouve beaucoup de points de notre vie ou de celle de nos proches (pas forcément agréable à voir), impossible de s’attacher à eux. Pitoyables, frustrés et tellement encrés dans leur petite vie médiocre de français moyen, ils provoquent peu d’empathie et agacent même plutôt. Néanmoins le texte se lit facilement (il fait moins de 200 pages) et sans déplaisir.
On peut reprocher à l’auteure d’avoir peu approfondi les choses et d’avoir délaissé l’intrigue au profit de la critique, mais je trouve que la narration parlante, rythmée et bien tournée suffit à rendre l’ensemble suffisamment éloquent sans avoir besoin de quelque chose de plus complexe.
Marqué par l’amertume, Le renversement des pôles a par moments de petites touchent d’ironie qui font sourire alors que l’ensemble se révèle profondément caustique. Il pousse indéniablement à réfléchir à notre vie et sur notre insatisfaction chronique.
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