Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Marianne Rubinstein : Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel

Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel de Marianne Rubinstein    3,5/5 (22-08-2012)

 

Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel (208 pages) est paru le 23 août 2012 aux éditions Albin Michel.

 


 

L’histoire (éditeur) :

 

Yaël tient son journal depuis le 3 septembre, jour où son mari la quittée pour une de ses amies, et jour depuis lequel elle doit « partager » son fils de 3 ans avec celui qui l’a trahie, abandonnée. Elle dépérit, s’auto-flagelle. Yaël va pourtant finir par se reconstruire loin du monde avec ses auteurs préférés (Montaigne, Woolf, Proust...), reprendre ses cours à la fac, revoir ses amis, rencontrer des hommes, bref renaître à la vie.
Ce sont les morceaux disjoints d’une vie qui s’organisent dans ce journal d’une femme quittée, d’une mère inquiète, d’une intellectuelle. C’est aussi le récit de la quarantaine, fantasme, obsession ou réalité d’un âge qui signifie pour beaucoup la fin de la séduction et du désir. L’auteur en explore tous les aspects avec intelligence, précision et attention. Le ton est juste, parfait, lumineux pour évoquer le quotidien, effrois et bonheurs mêlés.

  

Mon avis :


Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel est l’histoire de Yaël Koppman, 4O ans, prof d’économie dans une fac parisienne, qui voit son foyer se vider : son petit garçon de 3 ans entre à la maternelle tandis que son mari Yann la quitte pour la jeune Laura. Elle reste des heures et des heures couchée, à peine capable de s’occuper de Simon quand c’est sa semaine de garde (merci la télé) mais finit par se réveiller. L’épreuve que doit affronter sa cousine Clara lui permet de se reprendre, tout comme les visites répétées d’Olga (l’ado bien trop souvent seule chez elle) et le drame que vit la mère de la jeune fille.


Ecrit sous forme de journal intime, ce roman entraine le lecteur au fil des saisons dans l’intimité d’une jeune et seule quarantenaire. Ce choix narratif permet d’entrer dans la tête de la narratrice qui se livre sans tabou, et de vivre avec elle ses doutes tout au long de cette année charnière.  J’ai aimé le cheminement de Yaël et de son  récit : mélancolique et léthargique, il devient  dynamique et plein de promesses. Le réalisme des sentiments est indéniable. Sans pour autant avoir connu cette expérience, je ne peux qu’imaginer et supposer mais je dois avouer que les réactions de Yaël tiennent la route et sont parfaitement compréhensibles, justifiées et loin d’être exagérées. Son journal intime est devenu  un exutoire où elle livre (à elle-même) ses sentiments, son quotidien et ses questionnements, comme une thérapie. Travail de construction et de reconstruction la lecture et l’écriture prennent une grande place dans sa vie.


« Trouverai-je un jour le moyen de concilier mon métier (l’économie) et ce qui n’est pas un hobby, qui m’empêche de sombrer et que je désire par-dessus tout (la littérature) ? Saurai-je tricoter, en mailles larges et souples, un ouvrage où tout se tient, une tulipe noire où les fils se mélangent avec harmonie pour en restituer la beauté ténébreuse ? » page 77


L’analyse des sentiments sonne juste et ne se limite pas seulement à celui de l’abandon. On passe par l’amour maternel (le sien et celui de sa mère), comment la colère protège du chagrin,  d’où vient la jalousie (de l’amour de l’Autre ou de l’amour-propre), la question du désir et lde ’attirance  à 40 ans… Marianne Rubinstein illustre toutes les pensées (ou les questions) de son personnage par des citations d’auteurs et des références littéraires (Lady Chatterley, Virginia Woolf, l’éducation sentimentale, Anne Frank, Dante, Dumas, Socrate……………). Si au début j’ai apprécié ces rapprochements, les trouvant même parfaitement choisis et très intéressants, j’ai peu à peu trouvé que ça finissait en déballage de culture littéraire assommant.


D’autre part, si le fond m’a plu et touché, j’avoue que j’ai  été un peu gênée par la forme. Effectivement, le style  « journal intime » est une merveilleuse idée pour créer ce lien entre le lecteur et la narratrice mais j’ai trouvé les phrases hachées et parfois trop courtes. L’écriture du personnage (même si elle correspond tout à fait à ses états d’âme) m’a déstabilisée. J’ai tout de même fini par me faire au rythme saccadé, qui a finalement contrebalancé avec certaines longueurs.


Au final, même si ce titre  est loin d’être un coup de cœur, je dois avouer que Marianne Rubinstein m’a fait passer une agréable après-midi en compagnie de Yaël. Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel est un roman plein de sensibilité qui devrait redonner un peu d'espoir à plus d’une femme éprise de doute. 

 

 « Ce qui me rappelle le mot de la grand-mère d’Amos Oz que j’avais relevé : « Si vous n’avez plus de larmes pour pleurer, abstenez-vous donc. Riez plutôt. » » page 46

 

 

 

Quelques mots sur l’auteure (dont on peut noter une certaine ressemblance avec son personnage) : 

 

Maître de conférences en économie à Paris VII, Marianne Rubinstein poursuit parallèlement une carrière littéraire prometteuse, entamée avec la publication de son essai-enquête sur les enfants des orphelins juifs de la Shoah, Tout le monde n’a pas la chance d’être orphelin (2002, Verticales, préface de Serge Klarsfeld), suivi de C’est maintenant du passé, sur le même sujet. Son premier roman, En famille, paraît en 2005, suivi en 2007 par le Journal de Yaël Koppman où elle met en scène son double littéraire, que l’on retrouve dix ans plus tard dans Les arbres ne montent pas jusqu’ au ciel.

 

 

Merci aux éditions Albin Michel pour cette découverte.

  

 

 

 



23/08/2012
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