Serge Bramly : Arrête, Arrête
Arrête, Arrête de Serge Bramly 4,5/5 (15-08-2013)
Arrête, Arrête (118 pages) est paru le 22 août 2013 chez Nil Editions.
L’histoire (éditeur) :
À quelques mois de la fin de sa peine, un condamné coupe son bracelet électronique et se retrouve en cavale. Il rend une visite furtive à sa fille, lui dit au revoir, lui emprunte sa voiture et roule vers Paris. Est-il devenu fou ? Veut-il se suicider ? Prépare-t-il un coup ? Il remonte à pied les Champs-Élysées, se met à l'abri sous un porche pendant une averse, croise le regard d'une femme troublante. Puis il se réfugie dans une boîte échangiste ou, jadis, il avait des intérêts. Dans la pénombre rassurante, il va se mettre en quête d'une arme et croiser le regard d'une femme. Celle des Champs-Élysées ? Il en est certain, mais elle lui jure qu'il y a méprise. Cela ne va pas les empêcher de s'aimer.
Mon avis :
Arrête, Arrête, dernier roman du prolifique serge Bramly (dont la plume m’était encore inconnue jusqu’à aujourd’hui, j’avoue….). Il me faisait de l’œil depuis sa réception ce titre (tout petit, sa tranche bleue, sa couverture en noir et blanc proposant un joli visage à la chevelure déployée sur un oreiller), j’ai donc profité de la sieste de mes asticots pour dévorer et aussi déguster ce livre qui aura eu le plaisir de me surprendre par sa force.
Vincent est sur le point de purgé sa peine (reste encore 11 mois de conditionnelle) lorsque sans aucune explication ni logique il décide de couper son bracelet électronique et de se faire la belle. Incarcéré depuis presque 16 ans, tombé pour meurtre, Vincent, personne calme n’est pas de ces hommes « têtes brulées » prêts à faire n’importe quoi pour une évasion. Personne ne comprend son geste, encore moins son petit frère que la Brigade de Recherche et d’Intervention cuisine. Cet homme médecin en très bon terme avec son taulard de frère tombe des nues et tente de comprendre son geste, que sa fille Aure n’arrive et n’essayer d’expliquer elle-même.
En parallèle, Vincent fait ses retrouvailles avec Paris, qui a bien trop changé depuis qu’il est partit pour le centre pénitencier de Poissy. A l’abri de la pluie, dans la galerie du Lido, il observe, croise des regards, remarque une femme à l’œil mélancolique, un peu jolie et troublante. Plus tard, il se pose au jenny’s, un lieu qu’il a bien connu avant (et pour cause, c’était son lieu de travail, son gagne-pain et plus si affinités). Dans ce club échangiste de la capitale, une cliente, qu’il croit avoir déjà croisée, s’assoie à côté de lui. Le contacte se fait…mais Vincent à d’autres chats à fouetter pour le moment. Après avoir pris contact avec quelques anciens associés, il retrouve jeune fille pour une unique nuit.
C’est étrange comme quelques pages peuvent vous emmener sans difficulté dans leur univers. Dans Arrête, arrête j’ai eu la sensation d’être aussi bien aux côtés de Vincent (dans sa fuite, sa recherche et le reste) qu’à côté de son frère, perturbé et inquiet de l’attitude son aîné. Ce dernier possède quelque chose de mystérieux (peut être son côté posé, paumé, son rapport aux livres, à la poésie…) qui m’a plu et presque fait tomber sous son charme. Perdu (ou pas tant que ça !), il trouve en cette jeune inconnue comme un réconfort. On en oublie aisément la cavale au profit d’une rencontre qui touche.
Monté un peu comme un thriller ou un roman noir (c’est du moins le sentiment que j’ai eu en entrant dans ce roman), Arrête, Arrête donne un sentiment d’urgence, entre la traque de la police et la détermination qui semble habiter Vincent. Aucune explication n’est apportée avant les dernières pages (bon, en même temps le suspens ne dure qu’une centaine de pages !) sur ses actes : vengeance, besoin de rendre des comptes (16 ans après son arrestation) ou bien quête personnelle. La famille, la police tout comme le lecteur est entraîné dans ces événements plus qu’incertains. Des chapitres ultra courts qui accélèrent encore plus la lecture et des mots directs qui parlent d’amour fraternels (paternel aussi), d’amour et de sexualité, de résignation dans une histoire qui semblerait bien trop courte si elle ne suffisait pas à elle-même.
Un tout petit roman qui mélange poésie et faits durs et percutants. A découvrir !
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