Nadine Monfils : La Petite Fêlée aux allumettes
La Petite Fêlée aux allumettes de Nadine Monfils 2/5 (01-06-2013)
La Petite Fêlée aux allumettes (259 pages) est paru le 16 février 2012 aux Editions Belfond et en format poche le 7 mars 2013 chez Pocket (250 pages).
Site de l’auteure ici
L’histoire (éditeur) :
Pandore, au bord de la mer, c'est la plage mais c'est pas les vacances. Nake, une jeune fille déjà pas futée, pète un boulon supplémentaire à la mort de sa grand-mère. Désormais, chaque fois qu'elle craque une allumette, elle a des visions qui se révèlent être vraies ! L'inspecteur Cooper et son collègue Michou, moitié flic moitié travelo, sont sur le coup. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, Mémé Cornemuse, tout juste rescapée de ses vacances avec un serial killer, décide de s'en mêler. Faut dire qu'elle a des compétences : elle lit l'avenir dans les lignes de tricot et parle par télépathie avec Jean-Claude Van Damme. Ah c'est sûr, ça aide !
Mon avis :
Quand un roman s’ouvre sur une citation de Jean Claude Van Damme, ça promet du lourd, du très lourd…
« Moi, Adam et Eve, j’y crois plus, tu vois, parce que je suis pas un idiot. La pomme, ça peut pas être mauvais, c’est plein de pectine… »
Effectivement, la petite fêlée aux allumettes beigne dans le lourd...Je me faisais une joie de découvrir la plume de Nadine Monfils, mais je n’ai pas réussi à l’apprécier autant que je l’espérais. Mon avis est partagé entre le plaisir de la découverte d’un style décalé et l’ennui certain quant à une intrigue inaboutie ! C’est un livre drôle mais qui devient vite lourdingue.
On y croise Nake, une gamine qui vient de passer la nuit avec un homme pendant que sa grand-mère mourait une boite d’allumettes dans la main, Cooper, un flic chargé d’enquêter sur la mort d’un dealer (dont le père est obsédé par la vengeance) et sur une série de meurtres sortant de l’ordinaire, Jean-Michel dit Michou, coéquipier de Cooper le jour et travesti la nuit (rudement pratique pour voir une investigation aboutir !). Et surtout une mamie à la gâchette facile, toujours prêtes à profiter de la moindre occasion qui se présente à elle (une cabane au bord de la mer, un poste de travailleur handicapé au commissariat…). Ils se croisent et forme un groupe de personnages étranges de près ou de loin mêlés à l’enquête.
L’histoire, qui se veut policière (avec des policiers, des meurtres (en série même !) et un semblant d’enquête), aurait pu être intéressante. L’idée est vraiment pas mal trouvée. Mais le tout est survolé et sert surtout de prétexte à mettre Mémé Cornemuse en situation. Parlons-en de cette Mémé, c’est quand même elle la pièce maîtresse du roman. Elle est franchement loin d’être touchante. C’est une vieille cochonne vulgaire, méprisante et royalement agaçante. Mais sa répartie (appelons ça comme ça) donne envie de la suivre et de voir à quel point son sens de l’à-propos peut l’entrainer, car elle ne manque pas d’air la vieille ! Si Mémé Cornemuse me lit, n’y voyez pas là une marque d’irrespect. Je ne remets pas en doute votre jeunesse d’esprit et votre fougue c’est évident !
Elle est loin d’être conforme aux personnages de son âge. Elle est même totalement foldingue, déjantée, toujours partante pour une turlutte, quel que soit l’homme qui croise son chemin !
L’écriture de Nadine Monfils est directe, crue et bizarrement parfois infestée de mots délicats et imagés. Le vocabulaire est varié…
« Elle avait fait son possible pour lui offrir une enfance pleine de pâquerette dans un monde merveilleux qui cachait la mélodie de l’horreur. Lui avait mis des paillettes dans les yeux et un lasso autour du cœur juste pour lui apporter tout le contraire de ce qu’elle avait vécu. Mais Nake n’avait pas vu venir le loup. » Page 13 (édition poche)
« La lune rassemblait à un caramel au beurre. » page 16
« Elle appuya sur la détente, juste comme ça, pour rire, parce qu’elle était persuadée qu’il n’y avait pas de balles dans son revolver, un vieux machin ayant appartenu à son con de mari, paix à son âme, qui suçait les radis au royaume des cieux. » page 21
« Pas costaud mais teigneux, puant de la gueule autant que du cul. Un vrai don Juan des fosses septiques ! » Page 30
Si vous voulez vous frotter à ce conte de fé-lés, faites un tour à Pandore, vous êtes prévenus ! Attention néanmoins, car mémé est du genre à s’accrocher.
La petite fêlée aux allumettes était finalement trop délirant pour moi. Le début m’a bien fait sourire mais à la longue l’écriture est devenue indigeste. Sans être une vraie déception, je dirai que ce roman a mis la barre trop haut dans des domaines qui n’étaient pas ceux que j’attendais.
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