Margaret Durrell : Pension de famille
Pension de famille de Margaret Durrell 2,5 (23-11-2012)
Pension de famille (341 pages) est disponible depuis le 4 Octobre 2012 en format poche, dans la collection Pavillons Poche des Editions Robert Laffont.
L’histoire (éditeur) :
En 1947, sur les conseils de sa tante Patience, une redoutable vieille fille, Margaret Durrell l’aventurière ouvre une pension de famille prétendument BCBG à Bornemouth, ville respectable du bord de mer britannique. Un divorce, deux enfants à élever, la menace d’un désastre financier : c’est assez pour tenter l’aventure, malgré les sarcasmes de ses frères. Au seuil de cette maisonnée, les péripéties et les quiproquos des locataires vont succéder aux aventures hilarantes : calme et bonnes manières ne seront plus qu’illusion. Ce portrait d’une fine équipe est un condensé d’humour anglais : le peintre Edward et son modèle, le beau Gordon, une schizophrène, les infirmières Blanche et Judy, deux musiciens de jazz, un bigame basané, une femme battue et son fils obèse. Sous le regard narquois des voisins, la pension de famille de Margo tourne à la ménagerie humaine. S’ajoutent à ce joyeux désordre les visites de Gérald, son frère, qui ramène une troupe de singes et un énorme python. Elle ne se laissera pas démonter pour si peu… et s’embarque même dans une histoire d’amour clandestine avec un joueur de trombone.
Mon avis :
J’ai été très intriguée par la quatrième de couverture et la présentation de la maison d’édition. Un fois plongé dans Pension de famille, j’ai été (agréablement) surprise par le style plus soutenu que les derniers romans que j’ai lu dernièrement.
Margo, sur une proposition de sa tante Patience, décide d’ouvrir une pension de famille afin de rétablir et garantir la sécurité financière de la famille. Après négociations, achat d’une maison et travaux, le projet prend forme et est fin prêt à accueillir les pensionnaires.
« Sans énergie, je m’assis devant un des bureaux, me saisis de la plume mise à la disposition des clients et, la plongeant dans l’encre épaisse, je me mis à ruminer sans espoir. Avec quels mots allais-je séduire mes pensionnaires ? « Charmante résidence pour personnes cultivées » : j’aurais cru lire Tante patience. « Demeure ensoleillée pour personnes de bonne éducation » : cela aussi ressemblait à Tantine. En désespoir de cause, je gribouillai sur un formulaire « Chambres confortables pour séjour agréable », ce qui me fit penser à Mère. Le sort en était jeté.
Il était trop tard pour avoir des regrets. Toute l’aventure était en marche. » page 49-50
Peu à peu Edward (galant peintre, expert en cuisine épicée), Mrs Williams et Nelson (son petit diable à la langue bien pendue), Barry l’hypocondriaque et son épouse Paula, Blanche et Judy (deux belles infirmières), Roger et Andy (artistes musiciens) et d’autres encore arrivent et prennent possession des lieux. Aucun ne correspond aux recommandations de sa tante, mais Margo tient de coup et gère sa pension comme elle peut. Une pension qui devient un véritable aimant à situations pittoresque parfois catastrophiques
Je suis rentrée dans l’histoire sans difficulté. Les évènements s’enchainent si rapidement que, pour un récit autobiographique, on a bien du mal à imaginer la véracité de tant de péripéties en si peu de temps. L’explication tient dans le choix des personnages–locataires. Une succession de protagonistes et de rebondissements qui font la force du roman, comme sa faiblesse. Ils ne sont pas tous égaux dans l’intérêt qu’ils peuvent susciter, et malheureusement, j’ai peu à peu perdu le fil et l’attention. Une espèce de lassitude s’est emparée de moi au milieu du roman. Heureusement elle s’est évaporé doucement pour me faire retrouver le plaisir de cette truculente pension de famille.
Cette lecture en dent de scie reste dans l’ensemble positive. J’ai apprécié le vocabulaire riche de Margaret Durrell, son humour et sa décontraction face à autant d’incidents.
Margo est une femme forte qui ne manque pas d’idées et surtout de tolérance. Rarement accablée, je l’ai parfois sentie dépassée, voir lasse (surtout devant Nelson), mais elle reste toujours positive. Il n’est pas toujours facile de se sortir de toutes les situations rocambolesques qu’elle rencontre.
Je ne m’attarderai pas sur les locataires, qui constituent une équipe phénoménale de personnages loufoques, débraillés et hétéroclites, en total opposition avec des voisins irrités devant tant de débauche et d’animalité (et c’est peu de le dire !). Je préfère laisser le plaisir de la découverte à ceux qui auraient envie d'entrer dans la Pension de famille de Margaret Durrell .
En bref, un avis mitigé. Une lecture plaisante dont je garderai surtout en mémoire l’audace de l'auteure pour son époque.
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