Andréa Lévy : Une si longue histoire
Une si longue histoire de Andréa Lévy 4/5 (28-09-2011)
Une si longue histoire (340 pages) est sorti aux éditions Quai Voltaire en janvier 2011 et au catalogue France Loisirs avec une très jolie couverture.
Je ne suis pas habituée à ce genre de livres. France Loisirs a eu la gentillesse de me le faire parvenir dans le cadre de mes lectures pour Top Lecteurs. C’est pour moi une belle découverte.
L’histoire (éditeur) :
Sur les conseils de son fils imprimeur, July entreprend le récit de sa vie en Jamaïque, en ce xixe siècle qui voit l’abolition de l’esclavage. Née sur la plantation Amity, elle est la fille d’une « esclave des champs », travaillant dans les pièces de canne à sucre. La soeur du planteur, Caroline Mortimer, tout juste débarquée d’Angleterre, s’attendrit devant cette enfant espiègle et l’arrache à sa mère pour en faire sa servante. Dès lors, July mène la vie d’une esclave domestique dans la maison du maître, obéissant aux ordres de sa tyrannique missus blanche, tout en apprenant les ruses destinées à adoucir son sort. En 1831, lorsque éclate la révolte des Noirs, July a 14 ans. Elle est témoin d’une impitoyable répression puis victime d’une société coloniale à l’agonie. Incapable d’élever son fils nouveau-né, elle doit l’abandonner aux bons soins d’un pasteur baptiste. Quant à sa mère qui a participé aux émeutes, elle ne la reverra que pendue au gibet.
Le récit de July, c’est une voix unique, un franc-parler acquis dans les épreuves ; un regard acéré, souvent teinté d’ironie, porté sur elle-même et sur les personnages hauts en couleur qui croisent sa route ; un immense talent narratif, exprimé en desscènes foisonnantes ; tout un monde qui naît du souffle puissant de sa mémoire.
Mons avis :
J’ai beaucoup de mal à classer ce livre, à la fois document historique, saga familiale, comédie dramatique… Un peu de tout cela compose une si longue histoire et c’est grâce à ce mélange des genres et au style confidence du texte qu’André Lévy en a fait un très bon roman, bien rythmé. Vous y trouverez forcément quelque chose qui vous touche et en ressortirez avec une note d’optimisme malgré la gravité du sujet.
L’auteure a misé sur un style direct et, à travers le récit et les mots de son personnage, elle emmène le lecteur dans une partie de l’histoire coloniale britannique peu connue : l’abolition de l’esclavage et surtout le période d’adaptation qui a suivie. De façon directe, parfois très poétique, mais toujours naturelle, July, ancienne esclave jamaïcaine écrit l’histoire de sa vie. Le lecteur est très vite entrainé dans l’histoire et dans la vie du personnage- protagoniste et narratrice.
André Levy apporte un regard très subjectif sur l’époque : avec son personnage fictif qui évolue dans ce contexte historique réel, l’auteure met en avant les problèmes des minorités de l’époque : rivalités entre les différents esclaves (domestique et travailleurs des champs) et entres les différents noirs où les plus pâles sont considérés comme supérieurs, se rapprochant du modèle blanc !
C’est un roman que j’ai trouvé très intéressant. Le vrai travail de recherche d’André Lévy offre un récit fourmillant de détails. On est transporté en pleine Jamaïque du XIXème siècle. On en apprend d’avantage sur la révolte de 1932, l’abolition de l’esclavage l’année d’après, et surtout sur la période d’adaptation et d’apprentissage durant les années qui suivirent. Le récit n’est pas toujours drôle, même parfois dur, mais le personnage de July a un style direct et ce brin d’optimisme qui font sourire le lecteur. Son ton naïf mais perspicace fait un savoureux mélange de tragique et de comique.
On oscille entre l’horreur et le rire, ce qui fait de ce livre un roman plein d’émotion, drôle et poignant. Une si longue histoire est un roman captivant, rythmé, difficile à lâcher. Même si on est loin du personnage principal (culturellement et historiquement parlant) on s’y attache et on arrive très vite à s’identifier à elle, à ressentir ce qu’elle éprouve. On avance très agréablement car le drame historique est ponctué d’anecdotes cocasses, de scènes pleines d’humour à la limite de l’ironie et de figures de styles qui dédramatisent le récit en le rendant plus positif, surtout de la bouche d’une des victimes de cette époque. July n’est ni bonne ni mauvaise, ni révoltée ni totalement soumise. Humaine, elle tente de s’en sortir tout simplement. Andréa Lévy met en avant les réalités de la colonisation et surtout le courage d’un peuple. Une belle leçon de vie !
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