Katja Millay : Tes mots sur mes lèvres
Tes mots sur mes lèvres de Katja Millay 4/5 (11-01-2014)
Tes mots sur mes lèvres (504 pages) est sorti le 2 janvier 2014 dans la collection Territoires des Editions Fleuve Noir.
L’histoire (éditeur) :
Je m’appelle Nastya.
Voilà 452 jours que je ne parle plus.
A personne.
Depuis que quelqu’un m’a volé ma vie
et ma seule passion.
Dans mon nouveau lycée, personne ne sait
qui je suis et tout le monde me fuit.
Sauf Josh Bennett.
Il est toujours seul, comme moi.
Un jour, il me parle.
Et ma vie change.
Encore une fois.
Mon avis :
Avant même sa sortie française, ce livre faisait déjà beaucoup parler de lui, alors il me tardait de le découvrir. Cajou a cru le comprendre et a alors eu la gentillesse de me l’offrir à sa sortie. Merci mille fois Cajou !
Tes mots sur mes lèvres serait presque une simple et joli histoire romantique d’adolescents si l’auteure n’avait pas mis l’accent sur leur histoire personnelle et en créant de grands mystères qui tiennent le lecteur scotché au texte. A ce propos, je ne vous parlerais pas beaucoup de l’intrigue et vous invite à essayer de ne rien lire dessus, certains en disent beaucoup trop selon moi et gâchent alors le plaisir de la découverte. Tout ce que vous avez besoin de savoir (ou ce que je vous permettrais d’apprendre) c’est que Nastya Kashnilov a 17 ans, qu’elle débarque dans un nouveau lycée, qu’elle a choisi délibérément d’aborder un look de prostituée gothique, qu’elle s’est auto affligée d’un mutisme (et n’ a pas prononcé un mot depuis plus de 400 jours), qu’elle vit chez sa tante (depuis qu’elle a choisi de quitter ses parents) et qu’elle n’est pas prête à se faire des amis). Et pourtant, elle arrive à faire doucement la connaissance de Drew Leighton (le Ken de l’école, beau gosse dragueur professionnel, rigolo et déconneur camouflant intelligence et grand cœur) et Josh Beennett : le solitaire (par choix, persuadé de semer le malheur dans son entourage proche) qui passe son temps libre à étudier la menuiserie et à travailler le bois (c’est une artiste dans son domaine).
Si l’histoire personnelle de Josh (qui cache lui aussi une profonde souffrance liée à son passé) est plus rapidement dévoilée, Nastya quant à elle reste une véritable énigme. La narration en alternance a beau permettre de se projeter plus intensément dans la vie de chaque personnage, Katja Millay arrive à garder le mystère tout en nous faisant ressentir beaucoup d’émotions. Les seuls éléments qu’elle cède sont ceux du drame de Nastya, des séquelles physiques qu’elle en garde à une main et de sa souffrance. Car si d’apparence elle donne l’image d’une dure à cuire, prétentieuse et hautaine, la vérité en est loin. La magie avec Josh se fait progressivement et on tombe avec aisance dans le piège de la romance (les cœurs des midinettes vont fondre !). Ah, qu’on leur veut du bien à ces deux écorchés de la vie ! On leur souhaite d’arriver à s’aimer et c’est autant dans cette optique que l’on tourne avidement les pages qu’avec le besoin de connaître la vérité. Et puis les personnages secondaires ne sont pas en reste. Drew, en particuliers, sous ses airs de tombeur un peu lourdingue, m’a beaucoup plu (tout autant que sa famille, d’une générosité incroyable).
Le style de Katja Millay est bien agréable, la narration à deux voix donne du rythme et captive. On est facilement emporté dans leur histoire respective et commune, et les émotions augmentent à mesure que l’on capte les éléments que distille l’auteure. À la manière d’une enquête policière on reconstruit le puzzle du drame. Alors oui, j’insiste ne lisez rien qui risquerait de vous dévoiler quoi que ce soit sur l’intrigue, il faut absolument que vous découvriez tout par vous-même et que vous vous laisser prendre par les sentiments. Et même si l’intrigue s’installe en douceur (et c’est peu de le dire), elle laisse présager beaucoup de choses.
Tes mots sur mes lèvres est un texte bien ancrée dans la réalité (j’étais un peu inquiète à l’idée de tomber dans l’excès et dans des clichés à l’eau de rose) et peu magique aussi (il a le pouvoir de vous serrer le cœur à plus d’une reprise). La toute fin fait chaud au cœur et laisse le lecteur avec un joli gout de poésie et d’espoir qui fait du bien.
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