Josh Malerman : Bird Box
Bird Box de Josh Malerman 4,5/5 (01-10-2014)
Bird Box (372 pages) est sorti le 17 septembre aux Editions Calman-Lévy / Orbit.
Malorie élève ses enfants de la seule façon possible : barricadés chez eux. Dehors, il y a un danger terrible, sans nom. S’ils s’aventurent à l’extérieur, ce sera les yeux bandés pour rester en vie. S’ils ôtent leurs bandeaux, ils se donneront la mort avec une violence inouïe. Malorie a deux solutions : rester cachée avec ses enfants, isolée, ou bien entamer un terrifiant périple jusqu’au fleuve dans une tentative désespérée, presque vaine, pour rejoindre une hypothétique colonie de survivants. La maison est calme. Les portes sont verrouillées, les rideaux sont tirés, les matelas cloués aux fenêtres. Les enfants dorment dans la chambre de l’autre côté du couloir. Mais bientôt, elle devra les réveiller et leur bander les yeux. Aujourd’hui, ils doivent quitter la maison et jouer le tout pour le tout.
Mon avis :
Sa quatrième de couverture mystérieuse déjà très angoissante, et les avis très enthousiastes sur la blogosphère (le billet de Cajou par exemple, pour ne citer que lui) ont été de bonnes motivations pour que je m’attèle à sa découverte.
Le monde dans lequel vie Malorie est frappé d’un mal étrange et totalement inconnu. Des créatures (suppose-t-on) engendrent la folie pour celui qui les voit, poussant au suicide (parfois même après avoir violenté et tué son entourage). L’affaire du mystère russe (l’agression ultra violente à Saint Pétersbourg d’un conducteur par l’un passager) a commencé il y a cinq ans, faisant grand bruit sur internet. Les incidents se sont peu à peu déplacés jusqu’à gagner les Etats Unis, ne trouvant aucune explication, juste la certitude qu’ils seraient liés à la vue. Malorie, la vingtaine, alors enceinte de quelques mois, vient de perdre sa sœur Shannon et ne voit qu’une solution pour tenter de survivre : aller se terrer à Riverbridge, dans une maison de la banlieue de Detroit aux bords d’une rivière, transformée en refuge par un petit groupe de survivants. C’est dans ce lieu à peu près sûr, aux côtés d’étrangers, qu’elle va essayer de survivre et de mener sa grossesse à terme.
Bird box décompose son intrigue via deux lignes temporelles. Dans le présent, on suit Malorie avec deux enfants de quatre ans (Garçon et Fille) qui se préparent à quitter les lieux. Voilà quatre ans, qu’elle les conditionne, les force à travailler dur pour que leurs oreilles leur servent de guide (l’ouïe ainsi développée, ils ne doivent à plus ouvrir les yeux ni retirer leur bandeau, au risque de périr). Le jour de la fuite est arrivé…Le récit de leur traversée à bord d’une barque alterne avec les événements passés. Malorie se souvient de ce qui a amené à ce départ il y a quatre ans, et à travers ses flashbacks on prend connaissance de la situation, on vit le quotidien de quelques réfugiés, confronté inévitablement aux tensions dans le groupe et on suit sa grossesse comme un compte à rebours. On se demande ce qui a amené à la solitude de Malorie, ce que sont devenus ses « colocataires » et d’où vient la présence de sang sur les murs…
Ce livre est un livre dominé par la peur, qu’il s’agisse du récit actuel ou celui évoquant le passé. Tout autant que Malorie, on ne sait absolument rien de ce qui se cache dehors et ce qui cause ce phénomène. Une chose est sûre, quand on voit cette créature, ce mal, cette chose (qu’il est bien difficile de nommer d’ailleurs) : la folie frappe. L’auteur ne cherche à aucun moment à approfondir les explications concernant cette effroyable épidémie. Personne ne sait ce qui pousse la population à devenir des tueurs frénétiques et à se suicider. On reste totalement dans le noir et la pression gagne forcément en intensité. On est exactement comme Malorie, les yeux bandés, aveugle, le cœur battant à 100 à l’heure au moindre bruit, ou sensation. Car Bird box est un roman ultra sensoriel dans lequel Josh Malerman se complet à ne décrire précisément que les sons et quelques frôlements (les descriptifs visuels sont présents mais limités), amplifiant la tension et boostant l’imagination. Même (surtout !) le silence devient angoissant. On est plongé en plein cauchemar, dans une histoire étrange, captivante, et dans une ambiance spéciale, pesante et qui met vraiment mal à l’aise.
Entremêlant passé et présent avec rythme, avec un début tellement intriguant qu’il vous happe et ne vous lâche plus, Bird box est un thriller psychologique super efficace ! Le stress est très présent, tout autant que les interrogations. Les non-dits et le peu de réponses (que dis-je, l’absence de réponse) donnent étrangement une part de réalisme glaçant. Ne pouvant ni expliquer, ni justifier et encore moins décrire le phénomène, on est sans mal tenté d’imaginer tout cela dans notre réalité, devant à notre tour une Malorie.
En deux mots : il y a dans Bird Box un petit air de Phénomènes de Night Shyamalan. Avec beaucoup de mystère et une bonne dose d’angoisse, le roman de Josh Malerman laissera un sentiment de frustration à ceux qui aiment les lectures aux réponses et des explications concrètes.Mais pour les autres : Fermez les yeux, imaginez et frissonnez ! Vous allez vous régaler !!!
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