Annelise Heurtier : Sweet Sixteen
Sweet Sixteen d’Annelise Heurtier 5/5 (10-04-2013)
Sweet sixteen (218 pages) est sorti le 10 avril 2013 aux Editions Casterman.
L’histoire (éditeur) :
Rentrée 1957.
Le plus prestigieux lycée de l'Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l'aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.
Cette histoire est inspirée de faits réels
Mon avis :
Sweet Sixteen m’a plu, émue, travaillée, fait réfléchir, donné envie d’en parler, et de le partager….bref, c’est une lecture qui ne laisse pas indifférent,qui se lit le coeur et les poings serrés (de peur et de colère), un coup de cœur tout simplement.
Sweet Sixteen est de ces romans qui abordent un thème délicat, voir carrément difficile, mais qui le fait remarquablement. Ces 218 pages sont tout en justesse. Basé sur des faits réels, Sweet Sixteen relate l’intégration de neuf étudiants noirs dans un lycée « blanc » en Arkansas, alors que la ségrégation sévit ardemment dans le sud des Etats Unis. La loi « séparés mais égaux » vieille de 80 ans est déjà loin d’être mise en application, alors rassembler des Noirs avec des Blancs est tout bonnement inconcevable !
En 1954, sans trop savoir pourquoi Molly Costello se porte volontaire pour faire partie des étudiants qui pourrons intégrer le lycée central (particulièrement renommé pour la qualité de son enseignement) de Little Rock. Trois ans plus tard, elle reçoit un appel qui lui annonce sa rentrée prochaine au lycée. Cependant, l’annonce est aussi rendue publique et les opposants ne tardent pas à mener combat pour empêcher ce bouleversement. Force de bataille entre la Ligue des mères blanches (et le gouverneur Faubus) et la ligue NAAC (National Association for the Advancement of Colored People), la rentrée se fait sous bonne escorte grâce au président Eisenhower ! C’est le début d’un calvaire pour Molly et ses 8 camarades, mais également un pas de géant dans l’histoire des Etats Unis.
Annelise Heurtier écrit ici un livre qui est loin de se limiter à un public jeunesse. Je l’ai trouvé très bien écrit, avec un vocabulaire simple mais riche, et des événements précis mais pas au point de s’apparenter à un documentaire. En plus d’aborder l’Histoire, l’auteure agrémente son récit de faits plus basiques. La retranscription de la violence, des humiliations, des rancoeurs et de la haine omniprésentes est très bien menée mais ne constitue pas le cœur du livre. Ecrit en alternant le point de vue de deux jeunes filles du même âge, Sweet Sixteen met aussi en avant la jeunesse féminine de l’époque (d’un point de vue Noir avec Molly et de l’autre côté de la barrière, du point de vue Blanc avec le personnage de Grace). Petit copain, amitié, préoccupations vestimentaires, bal de fin d’année…tout ce qui fait la vie d’une adolescente y est évoqué, tout autant que la célèbre tradition de la Sweet Sixteen (l’année des 16 ans est considérée comme le passage à l’âge adulte chez les jeunes filles et une grande fête est organisée à l’occasion de leur anniversaire).
Inutile de vous dire que l’on s’attache tout de suite à Molly, jeune fille élevée par sa mère et sa super Grand-mère Shiri, qui la soutient à tous les moments lui répétant que les Noirs méritent les même chances que les Blancs. Molly est courageuse (même si le sentiment de peur n’est jamais loin), tenace, douce et d’une grande sensibilité. Le personnage de Grace, montré comme la jeune fille de bonne famille, menue et blonde, attachée à son image et totalement superficielle, se montre de plus en plus critique devant l’attitude de ses camarades et de leurs parents. Elle évolue au fil de cette année d’étude, ce que j’ai trouvé passionnant car ça permet de ne pas cataloguer Blancs/Noirs, et risquer de tomber dans une analyse manichéenne de la société de l’époque.
« Peut-être que tout cela ne faisait que commencer. Peut-être que le jour viendrait où les Noirs pourraient assister aux même spectacles que les Blancs. Peut-être que les piscines leur seraient ouvertes tout la semaine, et pas seulement la veille de nettoyage. Qu’un chanteur noir aurait le droit de faire swinguer une femme blanche sans être boycotté. Qu’il serait permis de se marier en mélangeant les couleurs.
– Et peut-être même qu’un jour il y aura un président noir à la Maison Blanche ! S’enflamma t’elle devant son miroir. » Page 105
Je recommande volontiers ce livre à tous ceux qui ont envie d’en savoir plus sur ce difficile mais important moment d’Histoire, à ceux qui ont envie de passer un bon moment entre les mots d’Annelise Heurtier et surtout à tous les enfants dès 12 ans (âge conseillé sur la fiche presse mais ce roman est déjà entre les mains de ma fille de 9 ans, qui a eu très envie d’en savoir plus).
A noter : Sweet Sixteen est une œuvre romancée mais l’ouverture et la fermeture du récit rappellent recadrent l’histoire dans la réalité sur laquelle s’est basé l’auteure, et donnent également quelques précisions très intéressantes.
Jefferson Thomas, Melba Pattillo (incarnée par Molly Costello), Terrance Roberts, Carlotta Walls, Daisy Bates, Ernest Green, Thelma Mothershed, Minnie Jean Brown, Elizabeth Eckford, Gloria Ray, et Daisy Bates (Maxene Tate dans le récit)
Autre titre de l'auteure :
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