Anne B. Ragde : La terre des mensonges
La terre des mensonges d’Anne B. Ragde 2,5/5 (20-11-2013)
La terre des mensonges (370 pages) est paru le 4 juin 2009 aux Editions Balland, et est disponible en format poche depuis le 3 mars 2011 aux Editions 10/18.
L’histoire (éditeur) :
Après la mort de leur mère, trois frères que tout sépare se retrouvent dans la ferme familiale. Tor, l'aîné, se consacre à l'élevage de porcs, Margido dirige une entreprise de pompes funèbres et Erlend est décorateur de vitrines à Copenhague. Les retrouvailles s'annoncent mouvementées : la tension atteint son paroxysme lorsque la question de l'héritage amène le père de famille à révéler un terrible secret. Anne B. Ragde décrit les relations ambiguës entre les trois frères avec un talent remarquable et signe un roman passionnant à l'humour grinçant. La Terre des mensonges est le phénomène incontournable de la scène littéraire norvégienne (traduit dans plus de 15 langues, il a reçu en Norvège le très prestigieux prix Riksmal). Il a été adapté au théâtre et à l'écran. Plus d'un million de téléspectateurs ont suivi cette saga familiale subtile et incroyablement bien menée.
Mon avis :
Dans ma PAL (Pile à Lire) depuis plus d’un an, j’ai profité de la proposition de lecture commune de Natiora pour m’attaquer à ce premier tome de la série des Neshov, dont on m’avait dit le plus grand bien. Je suis sortie de cette lecture assez mitigée tout de même.
L’histoire se situe principalement en Norvège où une famille éclatée se retrouve au chevet d’une mère mourante. Quand Anna Neshov, 80 ans, fait une attaque, Tor l’aîné des enfants qui gère la ferme familiale et l’exploitation de cochons (dont il s’occupe avec passion) prend contact avec ses frères : Margido (qui dirige une entreprise de pompes funèbres) et Erlend (parti vive à Copenhague il y a 20 ans), et avec Torunn, sa fille. Chacun décide alors de se retrouver sur place (après une longue réflexion et non sans mal) où des secrets vieux de plus de 50 ans sont enfin dévoilés et des explications viennent bouleverser leur vie respective.
J’ai pris un certain plaisir à découvrir ces personnages, surtout le cadet Erlend, homosexuel installé avec Krumme depuis 10 ans. Ils forment un couple singulier sympathique et attachant. Erlend est un homme franc, un peu excentrique, qui dénote avec le reste de la famille, tellement terne et…ennuyeuse. On se doute que son homosexualité est ce qui l’a sans doute poussé à quitter la ferme et la famille fermée, sous la coupe de la mère Neshov. Et quand il prend la décision de retrouver ceux qu’il n’a vu depuis 20 ans, on en poussé à savoir ce que ça va donner. C’est surtout grâce à sa nièce Torunn qu’il revient vers son passé. Cette presque quarantenaire, assistante vétérinaire, n’hésite pas un instant pour venir au chevet de sa grand-mère qu’elle n’a jamais connue. La curiosité s’accroît davantage : qu’est-ce que c’est que cette drôle de famille ? Quelques éclaircissements s’imposent. Et même si on n’a pas toutes les réponses, Anne B. Ragde nous donne une ou deux réponses dans un coup de théâtre inattendu.
Ce rassemblement familial autour de cette mère tyrannique est un vrai choc des cultures. La variété des personnages, avec Tor (véritable fermier impliqué à fond dans ses cochons) et le reste des enfants plus détachés, donne au roman un certain intérêt et relève le niveau (sans quoi l’ennui aurait été à deux doigts de prendre le dessus).
Même si je suis bien rentrée dans l’histoire, les longueurs m’ont franchement dérangée et m’ont empêchée de m’impliquer comme il se doit dans cette tragédie. J’ai trouvé l’ensemble laborieux sans trop savoir l’expliquer (peut-être est-ce lié aux très longues descriptions des différents contextes autour de chaque personnage). Et puis je trouvais l’ambiance ultra pesante, avec le père Neshov qui est présent sans l’être, presque fantomatique, et les non-dits entre les frères planants dès le début. La révélation finale a beau tomber et laisser entrevoir un bon tome 2 ça n’a pas suffi à me faire apprécier vraiment l’ensemble.
Anne B. Ragde a un style sans finesse particulière qui rend chaque personnage, chaque réaction et chaque événement tels quels : rudes et pénibles (Erlend apporte heureusement une note d’humour et de détachement qui m’a fait du bien). Bien que ce premier volet soit celui des présentations, indispensables pour une bonne mise en condition dans ce qui me semble être une saga familiale, je n’ai pas suffisamment accroché pour continuer la série. L’ensemble ne m’a pas paru assez riche en événements pour m’intéresser suffisamment au devenir de chacun (même avec cette chute assez surprenant). Et puis quelle tristesse, aussi bien dans les différentes intrigues (et en particuliers dans la vie de Tor), que dans le style ! Il se dégage au final une extrême monotonie.
Je reconnais que mon avis est loin d’être passionné. Je ne vous déconseille pourtant pas ce roman car il se lit relativement bien (l’écriture n’est pas difficile) et certains pourront même être touchés par les fêlures des personnages. C’est juste que les défauts que j’ai constatés plus haut ont pris le dessus sur mon avis général. Je vous invite à vous faire une autre opinion en allant lire des avis plus positifs sur la fiche Livraddict du livre.
Voici l’avis de Natiora avec qui j’ai partagé cette lecture et grâce à qui j’ai enfin découvert les Neshov (et qui au final a ressenti la même chose que moi !)
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