Alan Heathcock : Volt
Volt d’Alan Heathcock 3/5 (24-09-2013)
Volt (320 pages) est paru le 2 septembre 2013 chez Albin Michel dans la collection Terres d'Amérique.
A noter : ce recueil de nouvelles a été classé parmi les meilleurs livres de l'année par le New York Times et Publishers Weekly et couronné par le Whiting Award en 2012.
L’histoire (éditeur) :
Krafton, petite ville imaginaire de l’Amérique profonde aux allures bibliques, où abondent secrets inavouables, crimes anciens et chagrins enfouis est le décor des nouvelles d’Alan Heathcock. L’écriture puissante et lyrique, le suspense sombre qui imprègne ce paysage, et la poésie avec laquelle l’auteur évoque la violence inhérente à l’Amérique marquent la naissance d’un écrivain au talent singulier, salué par le New York Times et Publishers Weekly comme l’auteur d’un des meilleurs livres de l’année.
Mon avis :
Volt est un livre de nouvelles surprenant par son dépaysement. Alan Heathcock nous envoie à travers ses mots à Krafton, dans une petite ville des USA, où le temps semble s’être arrêté. Difficile d’imaginer d’ailleurs que ces nouvelles ce déroulent à notre époque sans quelques références à la guerre en Irak. Le temps est presque indéfinissable par moment entre les descriptions, la nature des personnages (typique d’une Amérique profonde et brutale) et le vocabulaire (peu courant) qu’utilise l’auteur (brodequin, richelieu…).
Krafton est un endroit où la violence est très présente et où l’atmosphère m’a paru pesante. On y fait la connaissance des personnages de façon ponctuelle ou récurrente, par le biais de situations particulières, parfois dérangeantes. On retrouve par exemple l’histoire d’un gamin, réveillé en pleine nuit par son père, un cadavre sur les bras, qui lui demande de l’aide pour se défaire du corps. Ou encore celle d’Helen, devenue shérif (comme une blague) après avoir été épicière pendant 10 ans, qui enquête sur la disparition d’une ado. Ou bien aussi celle d’un fermier qui doit vivre avec la perte de son fils.
Alan Heathcock a créé de vrais personnages (ce qui n’est pas forcément gagné dans l’écriture de nouvelles) que l’on revoit d’une histoire sur, sans faire pourtant basculer son livre de nouvelles à roman. L’écriture d’Alan Heathcock avec son juste dosage de récit et de peinture minutieuse des décors m’a beaucoup plu. On apprend à connaître plus profondément cette ville imaginaire (ses descriptions sont d’ailleurs très visuelles) et sa communauté. Les histoires ont ainsi beau être indépendantes, l’auteur donne une dimension romanesque à son livre qui n’était pas pour me déplaire.
L’atmosphère de Volt est chargée de tension, jusqu’à ce que la violence s’abatte soudainement. Il faut dire que la nature humaine y est abordée à travers des histoires de catastrophes, de meurtres, de drogue, d’alcool et d’accident terriblement tragique… Le tout donne au lecteur à réfléchir sur des thèmes forts tels que la solitude et le pardon (regret, rédemption…). J’ai éprouvé beaucoup d’empathie pour Helen Fanaley (premier et unique officier de police de Krafton) et Vernon (le pasteur), deux personnages bons, perdus et en souffrance. A l’inverse d’autres m’ont rebutée tant l’aura qu’il dégage est sombre et brutale, à l’image de l’ensemble de ce livre.
En bref : ces huit nouvelles qui compose Volt, le premier livre d’Alan Heathcock dépeignent une Amérique sinistre (mais où l’espoir n’est pas mort pour autant) hors du temps.
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