Florence Hinckel : U4. Yannis
U4. Yannis de Florence Hinckel 4,5/5 (08-08-2015)
U4. Yannis (384 pages) sort simultanément au Editions Nathan et Syros jeunesse le 27 août 2015.
Blog de l'auteure ici.
L’histoire (éditeur) :
« Je m’appelle Yannis. Ce rendez-vous, j’y vais pour rester libre. »
Yannis vit à Marseille. Ses parents et sa petite sœur sont morts. Maintenant, il voit leurs fantômes un peu partout– peut-être qu’il devient fou ? Quand il sort de chez lui, terrifié, son chien Happy à ses côtés, il découvre une ville prise d’assaut par les rats et les goélands, et par des jeunes prêts à tuer tous ceux qui ne font pas partie de leur bande. Yannis se cache, réussit à échapper aux patrouilles, à manger… Mais à peine a-t-il retrouvé son meilleur ami que ce dernier se fait tuer sous ses yeux. Il décide alors de fuir Marseille et de s’accrocher à son dernier espoir : un rendez-vous fixé à Paris…
Mon avis :
Après la bretonne Koridwen d’Yves Grevet et le lyonnaise Stéphane de Vincent Villeminot, je poursuis l’aventure U4 avec Yannis, le Marseillais de Florence Hinckel, seul rescapé de sa famille au virus U4.
Avant la tragédie que connaît le France et une bonne partie du monde, Yannis faisait partie des nombreux joueurs experts de WOT (Warriors of Times), passant ses journée à jouer à ce jeu de rôle, plus à l’aise dans la peau d’Adrial (son avatar) que dans la sienne.
Aujourd’hui, le dernier message lancé par Khronos s’annonce salvateur pour lui. Prostré depuis plusieurs jours chez lui en attendant que les choses bougent, que le passé s’efface et que ça famille reviennent (autrement qu’en fantômes), il choisit de prendre au pied de la lettre les instructions du maître de jeu. Alors lorsque son seul ami encore vivant est tué sous ses yeux, il quitte Marseille pour rejoindre la capitale.
« Ce qui compte, c’est le rendez-vous. Se retrouver. Se rassembler. Les héros, virtuels ou réels, ont l’habitude de se battre. Machine remonter le temps ou non, on se battra. Pour survivre. Pour reconstruire. Pour ne plus être seul… » Page 21
L’histoire est évidement sensiblement similaire à Koridwen, Stéphane et sans doute Jules, mais le fait d’avoir une nouvelle narration et surtout d’avoir affaire à un autre personnage, permet de relancer l’intérêt sans pour autant donner l’impression de relire la même chose.
J’ai particulièrement apprécié ce personnage-ci qui est pour l’instant mon préféré. Moins tranché que les filles, Yannis est un garçon tout en nuances et en sensibilité. Peu débrouillard, il ne manque pas pour autant de cervelle et s’engaillardise un peu plus chaque jour.
Yannis est un garçon qui pleure beaucoup. Ce comportement (qui pourrait agacer certains lecteurs) est davantage celui que j’aurais pu avoir dans cette situation, ce qui m’a rapprochée de lui, me reconnaissant plus dans ses réactions que dans celles des autres. Ce n’est certainement pas le personnage que je voudrais être, mais cette ressemblance et la cohérence dans ses décisions m’ont permis de bien m’identifier et de parfaitement adhérer à ce personnage.
Et puis, habité par la personnalité d’Adrial (le personnage téméraire qu’il campe quand il joue en ligne), avec qui il communique, il peut chasser son émotivité en une seconde pour devenir maître de lui, battant et courageux.
L’intrigue est bien ficelée. On suit le tout avec entrain, intérêt et une certaine dose de tension. Et, quand on a déjà eu l’occasion de lire les autres volets, on vit les épisodes communs avec une attention toute particulière. Certains moments marquants découverts dans Stéphane sont ici présentés sous un autre angle, un autre point de vue et une sensibilité différente. Pas de redite pour autant, puisque ces moments ne font pas l’histoire de Yannis et parce que si on connait déjà quelques détails majeurs, on est loin de tout savoir (surtout en ce qui le concerne).
Ce qu’il vit avec Stéphane notamment, à beau avoir déjà été raconté par Vincent Villeminot ça ne m’a pas du tout dérangé de me replonger à nouveau dedans. Au contraire, en vivant cette relation à travers la voix de Yannis m’a donné la sensation de parfaitement maitriser leur histoire. Le fait d’avoir une autre perspective est géniale ! Plus on lit de romans U4 et plus on se plait à retrouver les évènements communs.
D’ailleurs je trouve ce travail d’écriture entreprit ici incroyable ! Pas de fausses notes, tout s’enchainement très bien et la personnalité des protagonistes est très bien rendue dans chaque nouvel opus. J’ai retrouvé là l’image de Stéphane et de Koridwen, tel qu’elles me sont apparues dans leur roman respectif.
Avec des mots qui sonnent vrais et justes, le style de Florence Hinckel est très agréable et plaira aux jeunes lecteurs comme aux autres.
« Je ne supporte plus les bruits, les humeurs et les odeurs des autres. Et je n’aime pas lire sur leur visage la détresse et le chagrin que je tente à tout prix d’enfouir au fond de moi-même quand je vois une larme ou que j’entends un reniflement, il me prend même des envies de gifles. » Page 116
Cette aventure personnelle et commune a beau être de la littérature jeunesse, je ne me suis pas pour autant ennuyée un instant et j’ai pris encore une fois un vrai plaisir à la vivre (de façon plus intense).
En bref : l’histoire de Yannis, proche de celle de Stéphane écrite par Vincent Villeminot, m’a beaucoup plu. Sa sensibilité m’a touchée, son intrigue autant captivée que celles des autres et les interventions de Jules (un peu plus présentes ici) m’ont donné très envie de vivre et connaître son parcours.
Vivement le prochain !!
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