Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Tony Cavanaugh : Requiem

Requiem de Tony Cavanaugh   4/5 (25-02-2019)

 

Requiem (336 pages) est disponible depuis le 14 février 2019 aux  Editions Sonatine (traduction :  Paul Benita).

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Quelques mots prononcés dans la panique au téléphone : " Darian, il faut que tu viennes. Tu es le seul à pouvoir nous aider. Il y a tant de corps ! " ... puis plus rien. L'appel vient d'Ida, une jeune fille que Darian Richards, ex-flic des homicides de Melbourne, a sauvée quelques mois plus tôt d'une sale affaire. Si Richards a décidé d'abandonner un métier trop éprouvant pour ceux qui, comme lui, prennent les choses trop à cœur, il ne peut pas laisser Ida sans réponse. Son appel de détresse ayant été localisé, Darian gagne la Gold Coast, région des plages d'Australie, où les étudiants se retrouvent pour fêter la fin de leurs examens. Il est alors loin de se douter que la disparition d'Ida n'est presque qu'un détail dans une enquête qui va bientôt se transformer en véritable cauchemar.

On a beaucoup comparé Tony Cavanaugh à Michael Connelly, on compare maintenant de jeunes auteurs à Tony Cavanaugh. Avec ce thriller encore plus sombre que ses précédents, l'auteur de L’Affaire Isobel Vine et de La Promesse confirme tout son talent et sa place de maître absolu du genre. 

 

Mon avis : 

 

Excellent auteur australien, Tony Cavanaugh nous entraîne dans une nouvelle affaire et surtout dans une nouvelle histoire aux côté de son (anti) héro Darian Richards, un personnage attachant, sarcastique, un peu à l’image du célèbre Dexter. Requiem, troisième titre d’une série consacré à son protagoniste, reste une lecture indépendante mais qui, par les éléments distillés tout du long rappelant son passé « mouvementé » (permettant d’éclairer judicieusement le lecteur sur ces choix et ses méthodes peu orthodoxes), donne envie de se jeter sur les titres précédents (La promesse et L’affaire Isobel Vine) et évidement encore plus envie de lire les prochains.

 

« Ne les regarde pas dans les yeux m’avait-il prévenu. Parce que si tu le fais, tu vas te connecter.

C’était un bon conseil de la part d’un flic chevronné. Un conseil destiné à aider un jeune débutant à survivre. Un conseil que j’avais ignoré.

On se connecte vraiment. Pas seulement avec les victimes. La dernière personne qu’elles voient de leur vivant, c’est celle qui les tue, qui éteint tout. Et ensuite, leurs morts vous voient, vous.

C’est le lien permanent avec le tueur. Il l’a fixée dans les yeux au moment où se vie s’est arrêtée et vous arrivez juste après. Vous l’attrapez. Vous l’enfermez. Fin de l’enquête. La victime est en paix. Si seulement la paix pouvait vous trouver, vous aussi. Su seulement les victimes cessaient d’arriver. J’étais jeune. Plus tard, j’ai appris qu’elles ne cessaient jamais d’arriver.

C’est ce conseil que j’ai encore ignoré, bien des années plus tard, quand j’ai fixé les deux paires d’yeux appartenant à deux jeunes cadavres déposés comme un patchwork, une mosaïque de bras et de jambes mêlés qui flottaient dans un peu d’eau. » Page 14

 

Dans ce nouveau titre, Dorian est appelé par une ancienne connaissance dont il ne s’attendait pas à avoir des nouvelles. C’est un appel à l’aide qu’Ida lance à l’ex flic de Melbourne à la retraite anticipée (ancien spécialiste des homicides). Mais depuis ce coup de téléphone, Ida la Viennoise est silencieuse et introuvable. Seule certitude : les corps sans vie de deux jeunes filles sont retrouvés ainsi que celui d’un policier, à l’endroit d’où a été émis l’appel. C’est le début d’une (et finalement) courte mais intense enquête que va mener Darian (accompagné d’Isocèle, génie de l’informatique aussi cultivé que peu sociable et Maria que la culpabilité ne quitte plus) afin de retrouver Ida et comprendre ce qui se trame derrière tout ça, une effroyable affaire d’esclavage sexuel qui sort des sentiers battus et sans aucun cliché.

 

 « Comment tout cela avait-il commencé ? Comment les crimes arrivent ? Le moment où une personne est assassinée est une étape sur une piste qui a démarré des jours, peut-être même des semaines ou des mois auparavant. Rien n’arrive pas hasard, rien n’est aléatoire, rien n’est coïncidence. Tout appartient à une histoire qui, rétrospectivement, fait parfaitement sens. Mon voyage ici avait été provoqué par le coup de téléphone d’Ida. Vous pouvez m’aider. Il y a tant de corps. Mais qu’est ce qui l’avait conduite à passer cet appel ? » Page  202

 

J’adore Darian Richards, même si ce n’est à première vue pas vraiment le genre de personnage auquel on aurait envie de s’attacher. Son pragmatique, son côté solitaire et désabusé, sa fausse distance, sa franchise, son humour noir, sa ténacité et son passé dont l’auteur fait régulièrement allusion suscitent autant d’intérêt que de sentiments (impossible de ne pas l’aimer au final !).

 

Tony Cavanaugh excelle dans l’art de nous immerger dans son intrigue en développant des rapports particuliers aux personnages (principaux, bons ou mauvais, et secondaires – en particuliers avec le coupable que le lecteur apprend à connaître et à détester) et en nous donnant véritablement l’impression d’être en Australie (les descriptions des lieux, des forces de police, des évènements externes et cette fameuse semaine de « scoolies »). Oscillant entre le point de vue de Darian et celui du criminel, le lecteur progresse plus vite que l’ex-flic mais reste solidement accroché à ses baskets craignant à tout moment qu’il ne lui arrive malheur aussi bien face à celui qu’il traque que face aux autorités de Noosa, pas vraiment enclines à le voir traîner dans ces affaires de meurtres.

 

L’intrigue va vite (comme une course folle) et ne manque pas de tension, alors une fois plonger dans cette affaire, impossible de quitter Richards (et ses méthodes biaisées) et la Gold Coast. Sinistre, cynique, singulier (dans la manière dont l’investigation est traitée), Requiem est de ces titres qui vous entraîne mais pas forcément là où vous vous attendez aller, et sans pour autant faire preuve de beaucoup d’originalité et encore moins de twist sans queue ni tête. Requiem est un thriller aux nombreuses qualités qui nous laisse entrevoir une sombre vision de l’âme humaine (comme dans beaucoup de romans de ce type me direz-vous) mais le fait de manière concise (l’auteur est direct et ne s’étend pas dans de longs paragraphes descriptifs) et avec juste ce qu’il faut de minutie, pour laisser le lecteur se faire sa propre opinion des choix et sur la morale des actions menées.

 

En quelques mots : intriguant, rythmé et au personnage principal bien dessiné, charismatique, sarcastique (du genre détestable appréciable), Requiem ne déçoit aucunement. Bien au contraire ! Impossible de ne pas devenir fan de Tony Cavanaugh auteur australien plein de talent.

 

« J’étais venu avec l’intention de retrouver une fille disparue. Point barre. C’était en train de changer. Je sentais monter en moi le grondement familier, ce mélange de colère et de détermination, l’envie de trouver le tueur pour le tueur moi-même.

Pas exactement mon meilleur trait de caractère » page 172



05/02/2020
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