Sandra Brown : Jamais je ne te pardonnerai
Jamais je ne te pardonnerai de Sandra Brown 4,5/5 (06-02-2013)
Jamais je ne te pardonnerai (267 pages) est un témoignage paru aux éditions Presses de la Cité le 24 janvier 2013.
L’histoire (éditeur) :
Quand, longtemps après les faits, son père lui confesse avoir été mêlé à la disparition d'une petite fille, Sandra ouvre les yeux sur son enfance et comprend que son père s'est livré pendant des années, et dans l'indifférence générale, à des actes pédophiles. Sous le choc, elle décide d'enquêter pour faire éclater la vérité.
Sandra Brown, célèbre en Écosse pour sa lutte en faveur de la protection de l'enfance, retrace ici son histoire.
Mon avis :
En Ecosse, dans les années 50 (le 23 février 1957), à une époque où on laisse es enfants jouer seuls devant la maison, où les portes des maisons ne sont pas verrouillées, où la méfiance n’est tout simplement pas de mise, la petite Moira Anderson disparaît. L’enquête (si on peut appeler ça comme ça) n’aboutit pas et aucune piste ne permet de la retrouver vivante ou morte. Sandra Brown, 8 ans à l’époque, se rappelle cette période et plus précisément le comportement troublant, dérangeant et malsain de son père. Trente-cinq plus tard, Sandra est devenue une enseignante mariée et mère de famille. Lors d’une réunion de famille à l’occasion de la mort de sa grand-mère, son père lui fait une terrible révélation, qui va lui faire ouvrir les yeux sur cet homme. Sandra Brown revient ainsi sur près de 50 ans : son enfance, sa vie de famille, et à partir de 1992, sur son combat pour que la vérité éclate.
Jamais je ne te pardonnerai est un témoignage très bien construit et dont l’écriture est tout aussi bien maitrisée. Passant outre les faits (sur lesquels l’auteure ne cherche jamais à s’attarder), j’ai pris un vrai plaisir à lire ce livre. La première moitié transporte aisément dans sa vie (de son enfance et ses rapports malaisés avec son père à sa vie de femme et de mère), tandis que la seconde est plus tendue, plus dérangeante mais aussi très intéressante. Elle met en avant le cheminement de l’enquête que mène Sandra Brown pour faire émerger la vérité sur la disparition de Moira dont elle croit son père responsable. Ecrit à la manière d’un roman (voir d’un thriller), le lecteur, pris intensément dans l’histoire, en oublie presque qu’il s’agit d’un témoignage, jusqu’aux épouvantables révélations de l’épilogue.
Il y a dans ce témoignage énormément de sujets qui dérangent : la pédophilie évidemment, les défaillances de la polices de l’époque (car l’enquête pour tenter de retrouver la fillette a été volontairement négligée) et du système judiciaire de nos jours. Ce livre tente également de mettre en avant l’importance et les conséquences liées à de telles révélations. Car il ne s’agit pas seulement de tenter de trouver un coupable, Sandra Brown dénonce également un homme et rend public les sévices commis et le dénie des mères de famille de l’époque (préférant traiter leurs filles de menteuses plutôt que d’affronter la réalité). L’épilogue permet de mettre à jour des faits terrifiants, plus encore que vous ne l’imaginez.
Je sais que certains ne sont pas friands de témoignages et il n’est pas non plus facile de conseiller de tels livres, mais je n’ai à aucun moment regretter de l’avoir ouvert. Point de détails sordides, Sandra Brown ne tombe pas dans l’énumération d’actes innommables, c’est au contraire un récit plus intime, qui permet à son auteure de se libérer d’un fardeau. Jamais je ne te pardonnerai montre son courage et sa détermination à ce que la vérité ne soit plus occultée. En plus de rendre justice à Moira Anderson, elle va également permettre à toutes les victimes de son père pédophile de mettre des mots sur leur mal.
« Aujourd’hui encore je tiens à savoir où sont mes enfants. Laisser ma fille sortie seule, même pour une promenade à la campagne, est hors de question. Beaucoup attribuent mon attitude à la triste évolution de la société actuelle. Ce n’est pas le cas. Les mêmes dangers existent depuis longtemps, mais on les ignorait ou en n’en parlait pas. Maintenant au moins, sans pour autant emballer nos enfants dans du coton, nous pouvons leur apprendre les moyens de se protéger, leur expliquer que leur corps est à eux et que personne n’a le droit d’y toucher. » page 80
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