Paul Cleave : La Collection
La Collection de Paul Cleave 4,5/5 (11-11-2014)
La Collection (474 pages) est paru le 23 octobre 2014 aux Editions Sonatine.
L’histoire (éditeur) :
Des gens disparaissent à Christchurch. C’est d’abord Cooper Riley, un professeur de psychologie criminelle distingué. Puis une de ses étudiantes, Emma Green. Le père de celle-ci appelle à l’aide Theodore Tate, un ancien flic, qui vient juste de sortir de prison, où il purgeait une peine pour avoir renversé Emma alors qu’il était ivre au volant. Mû par un intense sentiment de culpabilité, Tate recommence donc à arpenter les rues brûlantes de la ville, conscient que chaque heure qui passe voit se réduire les chances de retrouver Emma vivante. Bientôt, ses pas le mènent vers l’ancien hôpital psychiatrique de Christchurch, Grover Hills, un établissement au sombre passé. Il va alors être amené à affronter deux personnages pour le moins inquiétants. Melissa X, une tueuse en série dont la police, qui possède ses empreintes, son ADN et sa photo, n’est pourtant jamais parvenue à déceler la véritable identité. Et un mystérieux individu, amateur de serial killers au point de les collectionner...
Mon avis :
La collection est le quatrième titre paru en France de Paul Cleave, et le second mettant en scène l’inspecteur Theodore Tate (après Nécrologie). Pour être exacte, Tate, qui a quitté la police il y a trois ans pour devenir détective privé, est un ancien flic sortant tout juste de prison après avoir purgé quatre mois de détention pour avoir renversé Emma Green alors qu'il était sous l’emprise de l’alcool. A sa sortie, il est d’abord accueilli par Schroder, un ancien collègue, qui lui demande de l’aide dans l’affaire Melissa X (« la tueuse d’uniformes » toujours en cavale), puis par Donovan Green, qui le somme de régler sa dette et de retrouver sa fille, disparue il y a deux jours.
A Christchurch, rebaptisée « Crime Church » par la police, les crimes et délits s’accumulent : un incendie criminel est déclaré faisant une victime, un professeur de psychologie et de criminologie de 52 ans est lui aussi porté disparu, après le Boucher de Christchurch et Le fossoyeur (que Tate a attrapé l’année dernière) le nombre de tueurs en série progresse, et c’est loin d’être fini… Cette ville de Nouvelle Zélande semble est un concentré de tueurs en série et de psychopathes qui, durant cette semaine de grande canicule, vont être percés à jour et donner du fil à retordre à Tate.
La collection est un véritable page-turner. On est finalement loin d’une confortable petite intrigue policière que m’a laissé imaginer le prologue. Penser que cette banale affaire d’enlèvement qui ouvre le roman allait se poursuivre dans la facilité une telle chose, était sans connaître l’auteur et sa stratégie narrative. Maintenant je suis prévenue ! A presque chaque chapitre, une surprise, un retournement de situation ou une révélation nous tombent sur le coin de la tête (il y a 57 chapitres….). Entrainé tantôt dans l’esprit de celui qui enquête, tantôt dans l’esprit de la victime, tantôt dans la tête du ou des désaxés, on n’a plus envie de lâcher le livre. Et c’est d’ailleurs impossible ! On veut savoir (entre autres interrogations) ce qui se tramait dans cette clinique psychiatrique avant qu’elle soit laissée à l’abandon, les liens avec de vieilles affaires, et découvrir ce qu’il adviendra de chacun des personnages, et surtout d’Emma, qui reste au centre du livre tout en étant totalement absente. Les non-dits et les ellipses sont d’ailleurs ce qui fait une bonne part du processus d’addiction. A certains moments on se demande où tout cela va nous mener et comment autant de de ramifications peuvent tenir la route, mais le scénario s’étoffe de page en pages et devient un régal, bien que l’auteur ne se gêne pas pour nous mener parfois en bateau (en laissant planer quelques quiproquos).
J’ai adoré la plume de Paul Cleave, que j’ai trouvée à la fois sombre (la violence est très présente ici) et teintée d’humour (noir évidemment) !). Il s’autorise pas mal de choses et le fait dans un style vif et un poil satirique. Il y a une certaine légèreté et un détachement dans ces pages, beaucoup de cynisme dans le style et pas mal de culot à présenter là autant de déséquilibrés. Car si Adrian Loaner, l’amateur de sérial killer s’annonce clairement comme le méchant de l’intrigue, Paul Cleave s’amuse à transformer les victimes en êtres complexes, imprévisibles et sans doute encore plus horribles. Avec tout ça on se retrouve dans un roman addictif, pas mal effrayant et quand même heureusement hautement incertain !!!
En bref : bon et bien voilà, j’espère être claire, j’ai totalement adhéré ! La collection est un thriller vivant, perfide, et très prenant. Une première lecture de Paul Cleave qui me fait un peu regretter de n’avoir pas lu ses précédents romans avant (non pas que ma compréhension en ait été affectée, juste que j’aurais pu profiter plus tôt de ses écrits).
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