Megan Abbott : la Fin de l'innocence
La Fin de l’innocence de Megan Abbott 5/5 (11-07-2012)
La Fin de l’innocence (331 pages) est le dernier roman de Megan Abbott, publié le 9 mai 2012 aux Editions J.C. Lattès.
L’histoire (éditeur) :
Lizzie et sa voisine Evie Verver, treize ans, sont inséparables. Elles partagent tout, de leurs maillots de bains à leurs crosses de hockey sur gazon. Elles vivent dans l'ombre de la grande soeur d'Evie, qui leur laisse entrevoir le pouvoir de la séduction féminine. Pour Lizzie, la maison des Verver est le paradis sur terre, avec à sa tête le père, tellement gentil et charismatique. Mais un jour, Evie disparaît. Le seul indice : la voiture que Lizzie a aperçue en rentrant du collège. La panique gagne rapidement cette tranquille communauté et tout le monde se tourne vers la jeune fille. Hantée par la disparition d'Evie, émoustillée par la place centrale qu'elle occupe dans les recherches, Lizzie découvre qu'elle est loin de tout savoir sur sa meilleure amie ...
Mon avis :
Je suis sortie de ma lecture de Red Room Lounge séduite par son atmosphère et par l’écriture. Alors quand l’opportunité de lire le dernier roman de Megan Abbott s’est présentée, j’ai sauté sur l’occasion. Même si l’ambiance est différence (moins cinématographique et glamour), c’est avec le même plaisir que j’ai dévoré La Fin de l’innocence.
Lizzie et Evie sont deux jeunes filles de 13 ans, inséparables. Voisines, camarades de classe, elles partagent tout et vivent une amitié intense et fusionnelle, jusqu’au jour où Evie Verver disparait. Lizzie se retrouve seule, perdue, ballotée entre la menace et la culpabilité du présent et l’innocence d’un passé tout de même annonciateur de tragédie. L’enquête policière est assez effacée, car il est surtout question de Lizzie. On vit les événements à travers ses réflexions, ses découvertes et ses souvenirs. L’investigation s’oriente très rapidement vers la piste d’un enlèvement pédophilique, surtout que tous les indices présentés par Lizzie ne laissent aucun doute sur l’identité du suspect.
Présenté comme un thriller psychologique, il n’est pas pour autant question d’un roman policier. L’enquête est mise au second plan, car l’intrigue trouve sa richesse dans la psychologie des personnages que Megan Abbott développe à merveille. On apprend à connaître Evie et Lizzie, deux gamines qui arrivent à l’âge où la sexualité s’éveille (ou du moins celui où l’esprit se pose des questions) et où le désir de rester petite fille demeure. Les portraits des membres de leurs familles et de leur entourage donnent un ton plus mystérieux et intriguant. Il y a beaucoup de non-dits et de sous-entendus qui laissent planer des doutes sur les motivations de chacun, imposant une certaine tension qui n’était pas pour me déplaire.
Le récit est constamment oppressant, jusqu’à la dernière partie qui est vraiment dérangeante. Le sujet traité risque de gêner certains lecteurs (je ne vous cache pas que des sentiments de dégout et de malaise m’ont habitée à certains passages) mais Megan Abbott a un vrai talent pour décrire les travers de l’âme humaine et une écriture qui vous emporte totalement. La noirceur, l’atmosphère glauque et le sinistre de l’histoire m’ont subjuguée. La fin de l’innocence (titre merveilleusement bien choisi) est un condensé de sentiments exacerbés où le remord, les regrets, la jalousie et surtout le désir conduisent l’intrigue, sans jamais porter de jugement. Le choix de la narratrice permet un décalage entre son opinion et celle du lecteur-adulte, et ainsi de prendre de la distance face des faits abjects.
Voilà un roman qui ne laisse pas indifférent et que j’ai beaucoup apprécié, d’autant que la fin apporte un autre regard sur toute la lecture. Megan Abbott garde sa place dans ma liste des auteurs fétiches.
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