Megan Abbott : Avant que tout se brise
Avant que tout se brise de Megan Abbott 4/5 (14-08-2016)
Avant que tout se brise (336 pages) sort le 24 août 2016 aux Editions JC Lattes (traduction Jean Esch)
L’histoire (éditeur) :
Elle a les épaules élancées, les hanches étroites et des yeux sombres qui transpirent une détermination presque glaçante. À quinze ans, Devon est le jeune espoir du club de gymnastique Belstars, l’étoile montante sur qui se posent tous les regards, celle qui suscite tour à tour l’admiration et l’envie. Quand on est les parents d’une enfant hors norme, impossible de glisser sur les rails d’une vie ordinaire. C’est du moins ce que pense Katie, la mère de Devon, qui se dévoue corps et âme à la réussite de sa fille, même si cela demande des sacrifices.
Lorsqu’un incident tragique au sein de leur communauté réveille les pires rumeurs et jalousies, Katie flaire le danger s’approcher de sa fille et sort les griffes. Rien ni personne ne doit déconcentrer sa fille ou entraver la route toute tracée pour elle. Mais les rumeurs ne sont pas toujours infondées… et les enfants rarement conscients des montagnes qu’on déplace pour eux. Reste à déterminer quel prix Katie est prête à payer pour voir Devon atteindre le sommet.
Mon avis :
J’aime beaucoup les romans de Megan Abbott et chaque nouvelle parution est un peu comme un événement pour moi, impatiente de retrouver sa plume et sa manière de décrire un univers sans pitié (souvent lié à l’adolescence).
Dans Avant que tout se brise, elle nous entraîne dans le monde de la gymnastique de haut niveau. Après un accident à l’âge de 3 ans qui lui a couté quelques orteils, Devon Knox est inscrite par ses parents (afin qu’elle travaille son équilibre) dans un club de gym dans lequel elle se démarque très vite. Elle grimpe ainsi les échelons pour arriver à 15 ans aux portes de l’Elite Senior et des compétitions olympiques.
« Elle n’avait que trois ans. Devon n’existait pas encore. »
« Et donc la gymnastique devint le centre, la puissante épine dorsale de toute leur vie. »
Mais quelques semaines avant les éliminatoires Elite, une tragédie frappe de plein fouet le club BelStars, bouleverse les entraînements au risque de briser les rêves de l’enfant prodige.
Avec une lenteur certaine (mais sans jamais jouer sur le rythme de lecture) Megan Abbott impose doucement une tension qui va crescendo. Tout tourne autour de Devon, adolescente hors norme, façonnée par des parents sans cesse plus exigeants et surtout pris par un sentiment de culpabilité que seule la réussite de leur fille semble capable de régler. Ce n’est d’ailleurs pas seulement la vie de la famille qu’elle tient à nous faire partager mais celle de toute une communauté ? qui tourne autour de cette ado charismatique, où les faux semblants sont encore une fois de rigueur.
Avec un style précis, elle développe le suspens et rend sa fiction de plus en plus énigmatique. D’abord centrée sur le travail physique de Devon, la pression omniprésente, l’impossibilité d’être une ado normale (certains passages font grincer des dents), l’investissement totale de la famille, elle déplace ensuite doucement son récit vers un aspect policier au fur et à me mesure que le drame qui touche son entraîneur vient s’immiscer dans sa vie. Toutes les hypothèses sont envisagées mais on est encore une fois loin du compte….
Trahison, obsession, fragilité de l’adolescence, Megan Abbott explore encore brillamment les dysfonctionnements d’une société prête à tout pour la réussite. Même si Avant que tout se brise se révèle moins sulfureux que certains de ses précédents titres, l’auteure se montre encore une fois au somment de son art dans la description psychologique sans faille des personnages qui font mouche et dans une violence presque ordinaire qui rend encore une fois son intrigue terriblement prenante.
« Ça fait bizarre, n’est-ce pas, avait dit Helen Beck, le jour où vous découvrez que vous n’avez pas la moindre idée de ce qui se passe dans la tête de votre enfant ? Un matin, vous vous réveillez et il y a un inconnu dans votre maison. Il ressemble à votre enfant, il s’exprime un peu comme lui, mais ce n’est pas votre enfant. C’est autre chose, que vous ne connaissez pas. »
Je suis et reste une fan de l’atmosphère « Abbottesque » totalement fascinante !
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