L.C. Tyler : Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage de L.C. Tyler 3,5/5 (09-06-2012)
Etrange suicide dans une Fiat rouge à faible kilométrage (229 pages) sort aujourd’hui (13 septembre 2012) aux Editions Sonatine.
L’histoire (éditeur) :
Ethelred Tressider écrit des romans policiers sous trois noms différents. Et, ces temps-ci, il a trois fois plus de problèmes que n’importe qui. Avec l’inspiration d’abord, qui commence à lui faire sérieusement défaut, avec son agent littéraire ensuite, l’encombrante Elsie, qui n’aime ni la littérature ni les écrivains, avec son ex-femme enfin, Géraldine, qui vient de disparaître mystérieusement. Lorsque le corps de celle-ci est retrouvé près de chez lui et que la police évoque la piste d’un tueur en série, l’infatigable Elsie pousse notre brave romancier à exploiter d’hypothétiques talents de détective pour résoudre cette étrange affaire qui, elle en est convaincue, saura lui rendre l’inspiration. Mais y a-t-il vraiment un tueur en série ? Et si oui, est-ce vraiment lui qui a tué Géraldine ?
Mon avis :
« Il y a une différence majeure entre la fiction et la vraie vie. La fiction doit être crédible » page 83
Sous un titre hors norme se cache un roman classé dans la catégorie des « thrillers ». Le titre donne le ton. En réalité pas de frissons à la lecture de ce titre mais plutôt un peu de réflexion agrémentée d’une touche d’humour.
IL est question d’Ethelred Tressider, le narrateur, un écrivain londonien un peu paumé. Largué il y a dix ans par sa femme Géraldine, partie avec son ex-meilleur ami, il vit depuis seul sur la côte anglaise où ne se consacre plus qu’à l’écriture sous trois pseudonymes différents de romans (polar, roman policier historique et roman à l’eau de rose) mais dont aucun ne lui apporte la renommée ni la richesse. Son ex-femme disparait, abandonnant son véhicule tout proche du domicile d’Ethelred avec une lettre d’adieu. Et quand son suicide se révèle être un meurtre, la police vient naturellement s’intéresser à l’écrivain, mais son alibi en béton l’écarte vite des suspects. Poussé par les quelques créanciers de Géraldine, et aidé (voir assisté) par sa « charmante » agent littéraire Elsie Thirkettle, il mène l’enquête.
C’est de surprise en surprise que se promène le lecteur avec cette Fiat rouge à faible kilométrage. On se doute forcément du plus gros de l’histoire mais il y a plus d’un détail qui restent surprenants, d’autant L.C. Tyler nous raconte l’histoire par le biais de deux narrateurs totalement à l’opposé : Ethelred ne montre aucune motivation (voir très peu de sentiments) dans toute cette histoire, tandis qu’Elsie, d’un naturel curieux, ne manque pas de culot !
Tout commence lorsque le police vient annoncer la disparition de sa femme (oups ex-femme !) et que cette chère Elsie s’installe confortablement dans un fauteuil au premier rang de leur conversation plutôt que laisser les deux hommes s’entretenir discrètement. Les premières impressions que j’ai ressenties à son égard étaient plutôt négatives, puis l’antipathie a vite laissé place à un sentiment de sympathie. Oui, Elsie est un personnage loin d’être fin (dans tous les sens du terme) mais je l’ai adoré ! Elle m’a fait plus d’une fois sourire et son coté d’infatigable sans-gêne a été un pur plaisir. Elle est audacieuse et aussi crue qu’un sushi.
En ce qui concerne l’intrigue il faut avouer qu’il ne se passe pas grand-chose, car il s’agit tout simplement de résoudre la disparition puis le meurtre de cette chère Salope de Géraldine. Je me suis vite doutée du dénouement mais découvrir la forme a été vraiment agréable. Etrange suicide dans une fiat rouge à faible kilométrage a une structure atypique. J’avoue que Fairfax, le personnage principal d’un des pseudonymes d’Ethelred qui prend plus de place qu’il ne devrait reste un aspect de la narration encore flou pour moi. Et puis, ce n’est pas tant l’alternance des points de vue mais surtout l’arrivée d’Elsie dans la narration qui m’a décontenancé. Un agent littéraire, qui déteste les auteurs, la littérature et encore plus les lecteurs, qui se moque royalement des trucs d’écrivains mais qui prend la plume pour nous raconter directement sa vision des événements, c’est sarcastique, improbable mais un régal. Elle contraste totalement avec Ethelred, personnage manipulable manipulé et manipulateur, assez fade à mon goût.
En conclusion : sous une intrigue qui ne paye pas de mine se cache une écriture à l’humour acérée et dont un certain personnage principal ne manque pas de piquant. Et même si la fin reste tirée par les cheveux (ou pas, allez savoir), je suis bien décidée à découvrir la possibilité d’une suite et à attendre avec Elsie. Si vous voulez savoir quoi, il vous faudra lire ce premier roman de L. C. Tyler, premier d’une série dont 3 autres sont déjà écrits (et j'espère bientôt traduits).
« À vrai dire, Elsie représente pas mal d’autres auteurs à part nous trois. Il nous arrive de nous demander mutuellement pourquoi avoir choisi comme agent cette petite dame replète aux gouts vestimentaires excentriques qui affirme n’aimer ni la compagnie des auteurs ni la littérature d’aucune sorte. A-t-elle volontairement réuni un groupe d’individus au tempérament particulièrement veule qui n’ont le courage ni de lui tenir tête ni de la quitter ? Ou bien éprouvons-nous tous un plaisir inavouable à voir nos œuvres et nos personnages démolis ? Ni l’une ni l’autre de ces réponses n’est satisfaisantes. La véritable raison est douloureuse mais pourtant claire : aucun de nous n’a de réel talent et Elsie est très douée pour réussir à vendre nos manuscrits. Elle est aussi très honnête dans ses critiques.
- C’est de la merde.
- Tu pourrais être plus un peu plus précise ?
- C’est de la merde de chien. » page 13-14
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