Arnaldur Indridason : Etranges rivages
Etranges rivages de Arnaldur Indridason 5/5 (28-08-2014)
Etranges rivages (298 pages) est sorti le 7 février 2013 aux Editions Métailié dans la collection Bibliothèque nordique. Sa version poche est disponible depuis le 2 mai 2014 aux Editions Points Policier (354 pages).
L’histoire (éditeur) :
Erlendur est de retour ! Parti en vacances sur les terres de son enfance dans les régions sauvages des fjords de l'est, le commissaire est hanté par le passé. Le sien et celui des affaires restées sans réponse. Dans cette région, bien des années auparavant, se sont déroulés des événements sinistres. Un groupe de soldats anglais s'est perdu dans ces montagnes pendant une tempête. Certains ont réussi à regagner la ville, d'autres pas. Cette même nuit, au même endroit, une jeune femme a disparu et n'a jamais été retrouvée. Cette histoire excite la curiosité d'Erlendur, qui va fouiller le passé pour trouver coûte que coûte ce qui est arrivé...
C'est un commissaire au mieux de sa forme que nous retrouvons ici !
Mon avis :
J’ai enfin fait la connaissance du commissaire Erlendur Sveinsson grâce aux Editions Points qui ont choisi de mettre ce onzième tome de la saga du personnage dans leur sélection pour le Prix du Polar 2014. Je n’ai pas encore fini de découvrir l’ensemble des titres de cette sélection, mais pour le moment je dirais qu’Etranges Rivages mérite le prix. C’est un roman noir d’une grande beauté qui décrit magnifiquement et cruellement l’Islande. L’auteur évoque la population locale (pécheur, chasseur…) et la force cruelle de la nature avec un profond respect.
On est loin d’un policier (ou polar) traditionnel car le commissaire n’est pas en fonction. En vacances sur ses terres natales, il va enfin lever le voile sur la disparition, lorsqu’il était enfant, de son frère cadet Bergur, un soir de grande tempête sur la lande islandaise (et dont le cadavre n’a jamais été retrouvé). Cette perte est une blessure qui n’a jamais cicatrisée. Depuis, Erlendur est habité par un sentiment de culpabilité et une mélancolie qui accompagnent tout autant le lecteur. Se faisant passer pour un historien auprès de la population locale, il prétend s’intéresser aux disparitions ayant eu lieu ce jour de 1942 où les évènements climatiques se sont déchainés. Ainsi, en parallèle de son jeune frère, il va se pencher sur le cas de Matthildur. Au-delà de la mort de son frère, Erlendur va tout faire pour comprendre ce qui est arrivé à cette jeune mariée, soixante ans plus tôt durant cette tempête.
Etranges rivages n'est pas une enquête policière avec des policiers en nombres, des coupables, des arrestations, du sang, des courses poursuites…bref, le genre d’enquête classique que l’on retrouve dans la plupart des polars. Même si le personnage central de cette histoire reste un commissaire, il est ici avant tout question ici d’hommes, d’amour, de vengeance, de culpabilité et de ténacité (mêlé à une bonne dose de déduction). A force d’obstination, il arrive à faire accoucher la vérité sur un secret enterré, dans une nature sauvage et inhospitalière.
J’ai beaucoup apprécié ce roman, que les fans de la saga devront prendre plaisir à découvrir. Je pense qu’il devrait apporter des réponses sur l’état d’esprit du personnage d’Erlendur, taciturne intuitif, économe en mots, hanté par cet événement familial et tourmenté. J’ai aimé le suivre durant toutes ces pages alors qu’il réveille les fantômes du passé, renoue avec celui-ci et s’acquitte enfin du sentiment de responsabilité dans la mort de Bergur, permettant par la même occasion à quelques vieillards de libérer leur conscience. Arnaldur Indridason écrit avec patience et minutie (et c’est aussi comme ça que j’ai lu son roman). Je l’ai trouvé poétique par moment. Étranges rivages n’est pas un gros livre, mais un roman lent (riche en monologues intérieurs), et pourtant passionnant. Il fouille et dénoue doucement les évènements pour permettre aux lecteurs de comprendre les personnages et les faits. On n’avance pas de rebondissements en rebondissements, mais l’intrigue se noue minutieusement, le temps qu’Erlendur fasse son deuil. C’est clairement un roman d’ambiance, pas pour autant dénué de suspens.
En bref : un onzième numéro de la série des enquêtes d’Erlendur, mais pour moi une première lecture d’Arnaldur Indridason plus qu'agréable (je n’ai d'ailleurs pas été perdue en quoi que ce soit dans la compréhension). J’ai été conquise par son écriture sombre et par une enquête criminelle dissimulée et articulée autour de desseins plus personnels.
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