Laura Fernández : La Chica Zombie
La Chica Zombie de Laura Fernández 2,5/5 (30-11-2014)
La Chica Zombie (363 pages) est paru le 6 novembre 2014 aux Editions Denoël (Traductrice Isabelle Gugnon).
L’histoire (éditeur) :
Bienvenue dans le monde jubilatoire et déjanté de Laura Fernández.
Dans la ville fictive d’Elron, à la fin des années 90, une poignée d’élèves et de professeurs se préparent au célèbre bal des Monstres du lycée Robert-Mitchum. Erin, seize ans, se réveille un matin et découvre avec effroi que ses cheveux sont pleins de vers, que ses doigts tombent les uns après les autres… Tout semble indiquer qu’elle est morte… Pourtant, malgré son odeur pestilentielle et sa chair en lambeaux, Erin doit quand même aller en cours. Elle cache son corps putréfié de zombie derrière des vêtements informes et du maquillage, et personne ne semble s’apercevoir de son état.
Derrière un récit survolté et gorgé de références à la Pop culture se dessine une description juste de l’adolescence, entre exploration de soi et désir de se fondre dans la masse. Le tout servi par un style vif et original, un ton irrévérencieux et des rebondissements tout à fait loufoques.
Mon avis :
La chica Zombie est l’histoire d’Erin Fancher, une ado de 16 ans qui vit une scolarité normale au lycée Robert Michum, à parler mecs avec sa copine Shirley (la fille la plus populaire-et la plus garce- du lycée) et à se faire saquer par sa nouvelle prof de grammaire Velma Ellis (qui vient de lui remettre sa dernière copie gracieusement notée d’un O,5). Un matin, après un cauchemar fait d’asticots et de nappes fantômes, Erin se réveille bleue, avec des plaies suppurantes sur le corps et puant la mort. Et pour cause, elle a tout l’air d’être décédée ! C’est un drame évidemment, alors elle troque ses fringues à la mode contre une vieille casquette, un ample jogging informe et use et abuse de différents déodorants, histoire de camoufler un peu ce léger désagrément. Le pire pour elle c’est d’être la seule à remarquer les vers grouillant dans ses plaies, à voir ses cheveux tomber en touffes et sa peau en décomposition. Ni son père, ni sa soi-disant meilleure amie Shirley, ni les profs ne remarquent quoi que ce soit (excepté quand même sa désagréable odeur). Personne, sauf Billy Servant, un camarade de classe qui vit avec sa mère (son père étant parti –enlevé par des extraterrestres ?) et son chat Mulder. Cet élève est considéré comme le gars le plus bizarre du lycée, « le putain de psychopathe ». Commencent alors pour Erin, une bonne remise en question et aussi beaucoup de changements.
Mise ne garde : attention à ne pas vous tromper de marchandises, en choisissant ce roman. La chica Zombie n’est absolument pas un livre de zombies à la sauce The Walking Dead, World War Z, Zombie Island ou même à la Comment j’ai cuisiné mon père, ma mère ….Laura Fernandez a choisi de transformer cette pauvre ado en zombie afin d’illustrer au mieux (dans un contexte assez trash c’est vrai) les difficultés liées à l’identité, principalement durant l’adolescence. C’est franchement étrange, un peu burlesque mais loin d’être horrifique.
L’auteure place donc son héroïne dans une situation extrême et montre ainsi la complexité de se construire. C’est Erin (tout autant queFanny la passionnée de dinosaures et Billy, fan de science-fiction) et donc l’adolescence qui est principalement montrée du doigt. Mais pas que puisque Velma Ellis, la prof remplaçante et Rigan Sanders, le proviseur ont eux aussi leurs lots de soucis relationnels (l’une est harcelée par une robe de mariée et l’auttre est obèse). C’est aussi la solitude et l’importance de se trouver soi-même qui sont mis en avant. Personnellement, j’ai lu sans difficultés ni ennui La chica Zombie mais je ne l’ai pas trouvé spécialement addictif. L’idée de transformer Erin en zombie est pertinente, certains passages sont assez comiques, les dialogues pétillants et il y a plus d’un personnage complètement décalés voire carrément à l’ouest. Néanmoins le tout ne m’a pas vraiment emballée plus que ça. C’est trop poussé à l’extrême je trouve (la violence en fin d’ouvrage, la vulgarité, les habitudes féminines destinées aux mecs dans les toilettes du premier étage, les visions complètement délirantes de Velma- sans parler du reste de sa clique aux réunions du Docteur Droster-, la stupidité de nombreux protagonistes). Il faut s’accrocher à l’étrangeté, au ridicule et au total surréaliste de l’ensemble pour à apprécier cette horrible métaphore de l’adolescence et de la difficulté de se forger sa propre personnalité, à bâtir se vie loin des stéréotypes que nous imposent la société.
En bref : si La chica zombie est un roman intelligent dans l’idée (sa prémisse est aussi originale qu’amusante) et déjanté dans sa forme, il manque toutefois de profondeur. Le style de Laura Fernandez est vif mais trop caricatural pour moi, mais je pense que ce roman arrivera à trouver son public.
Mitigée par ce premier titre, j’espère tout de même avoir l’occasion de croiser une nouvelle publication de l’auteure (considérée comme l’une des révélations littéraires espagnoles) afin de me faire une meilleure idée de son talent.
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