Julia Billet et Claire Fauvel : La guerre de Catherine
La guerre de Catherine de Julia Billet (auteure) et Claire Fauvel (illustrations) 4/5 (15-05-2017)
La guerre de Catherine (154 pages) est sorti le 10 mai 2017 aux Editions Rue de Sèvres.
L’histoire (éditeur) :
Nous allons changer de nom, et nous devrons tous oublier, le temps de la guerre, ceux qui nous ont été donnés par nos parents. Rachel s'appelle désormais Catherine, Catherine Colin. Lorsque les lois contre les Juifs se sont intensifiées, ses parents l'ont confiée à la Maison des enfants de Sèvres. Mais bientôt il ' n'y a plus de sécurité nulle part en zone occupée. Un réseau de résistance organise la fuite des enfants juifs en zone libre. Ils doivent du jour au lendemain quitter l'école, leurs camarades et partir avec des inconnus. Ils ne savent pas comment feront leurs parents pour les retrouver. Ils ne savent même pas si leurs parents sont encore en vie. Dans sa fuite, Catherine emporte avec elle un Rolleiflex et quelques rouleaux de film. La directrice de la pension qu'elle quitte lui a confié une mission : Fais des photos, collecte des images et rapporte-nous tout cela à latin de la guerre. Nous en aurons besoin.
Mon avis :
Rachel une jeune élève de la Maison de Sèvres, nommée responsable de l’atelier photo, se voit confier un Rolleiflex par Pingouin, le mari de la directrice. Dorénavant, greffé autour de son cou, l’appareil photo ne la quitte plus. Pingouin a choisi de lui transmettre sa passion et le flambeau, n’arrivant plus à capter la triste réalité, traumatisé par les horreurs qu’il a vues et vécues lorsqu’il a été retenu prisonnier au début de la guerre.
La guerre, elle, n’est pas prête de s’arrêter et les choses s’annoncent de plus en plus mal avec les nouvelles mesures de Pétain…
Heureusement à la maison des Enfants (école autonome, aux règles strictes mais privilégiant le vote par tous de chaque décision à prendre et l’autonomie de chacun), Rachel est ses amis Sarah et Jeannot, semblent en sécurité, même si l’absence de nouvelles de leurs parents les pèsent et ne manquent pas de les inquiéter. Tout autant d’ailleurs, que les dernières nouvelles : l’ouverture d’un camp pour juifs à Drancy et le port obligatoire de l’étoile jaune.
Le moment du départ s’impose pour rejoindre la zone libre. Mais pas sans son appareil photo !
Direction la pension des sœurs de la Sainte Providence à Saint Eustache où la discipline est beaucoup plus stricte mais où on y mange tellement bien !!! Les cours de religion (pas celle de Rachel…) y sont divertissants et on la laisse surtout photographier et développer son travail à Rion où elle fait la connaissance d’Etienne. Mais la guerre encore et toujours la rattrape et l’oblige à fuir de nouveau, à prendre, cette fois-ci, sous son aille la petite Alice, une orpheline du couvent.
Direction une ferme près de Limoges où encore le risque de dénonciation les fait prendre la route jusqu’aux Basses-Pyrénées où Rachel, devenue Catherine, se voit confier la responsabilité d’une petite classe…
Mais le chemin est encore long jusqu’à la liberté et la fin de la guerre.
La guerre de Catherine, est un grand roman graphique à lire pour apprendre la guerre, les lois anti juifs, la fuite, l’entraide, l’espoir… Les illustrations de Claire Fauvel sont touchantes et pleines d’émotions.
Les traits enfantins rendent superbement les sentiments de ces enfants tirés trop brusquement de l’enfance, les contrastes forts (les traits noirs sont marqués et font ressortir les personnages) transmettent étonnement une forme de douceur à l’ensemble, les flous accentuent le mouvement dans chaque vignette et les tons sont parfaitement bien choisis pour parler de cette époque (avec cette petite touche retro) et surtout l’accent mis sur les photos rend un bel hommage à Rachel Cohen.
Claire Fauvel a très bien su mettre en image de roman fort de Julia Binet. C’est une adaptation très réussie qui va sans aucun doute donner envie de découvrir le livre à ceux qui ne le connaissent encore pas.
Bref, un très beau roman graphique TOUT PUBLIC qui nous transporte dans un des pires moments de l’Histoire contemporaine. Bienveillance et peurs sont omniprésentes aussi bien dans l’ensemble de l’adaptation du roman que dans les dessins en particuliers. Sans tomber dans l’horreur de la déportation et de la persécution, La guerre de Catherine donne au contraire un fort sentiment de résistance et de confiance grâce aux multiples rencontres que Rachel/Catherine a fait dans sa fuite vers la liberté prouvant que l’humanité est loin d’avoir disparue.
J’ai beaucoup aimé ce livre, qui est l’occasion de parler avec les plus jeune de cette période délicate en restant sur une note positive. L’espoir n’est jamais perdu !
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