Hélène Frappat : Lady Hunt
Lady Hunt d’Hélène Frappat 3/5 (10-12-2013)
Lady Hunt (317 pages) est paru le 21 août 2013 dans le Domaine Français des Editions Actes Sud.
L’histoire (éditeur) :
Laura Kern est hantée par un rêve, le rêve d'une maison qui l'obsède, l'attire autant qu'elle la terrifie. En plus d'envahir ses nuits, de flouter ses jours, le rêve porte une menace : se peut-il qu'il soit le premier symptôme du mal étrange et fatal qui frappa son père, l'héritage d'une malédiction familiale auquel elle n'échappera pas ? D'autres mystères corrompent bientôt le quotidien de la jeune femme, qui travaille pour une agence immobilière à Paris plus un effet secondaire qu'une carrière. Tandis qu'elle fait visiter un appartement de l'avenue des Ternes, Laura est témoin de l'inexplicable disparition d'un enfant. Dans le combat décisif qui l'oppose à l'irrationnel, Laura résiste vaillamment, avec pour armes un poème, une pierre noire, une chanson, des souvenirs... Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l'énigme du réel ? Sur la hantise du passé qui contamine les possibles, sur le charme des amours maudites, la morsure des liens du sang et les embuscades de la folie, Hélène Frappat trace une cartographie intime et (hyper)sensible de l'effroi et des tourments extralucides de l'âme. Des ruines du parc Monceau à la lande galloise, avec liberté et ampleur elle réinvente dans Lady Hunt le grand roman gothique anglais, et toutes les nuances du sortilège.
Mon avis :
Lady Hunt est de ces romans dont le plaisir de lecture se trouve davantage dans l’écriture que dans l’intrigue. J’ai pris un vrai plaisir à lire les mots d’Hélène Frappat sans que l’histoire n’arrive à me passionner, et mon avis final s’en ressent forcément. Il m’a fallu presque 4 jours pour le finir (ce qui pour un roman d’un peu plus de 300 pages est assez rare) tant j’ai trouvé que l’héroïne et narratrice alourdissaient l’histoire avec ses questionnement sans fin et son obsession grandissante liée à la maladie de son père. Et pourtant, au final cela était plus que nécessaire.
Laura Kern, jeune femme qui travaille dans une agence immobilière à Paris, spécialisée dans la vente de biens pour personnes (très très très très très) aisées. Solitaire, elle vit avec son chat et combine son emploi avec une liaison en couchant avec son Patron. Elle passerait presque pour madame Tout-le-monde s’il n’y avait pas (depuis son installation dans son appartement parisien) ces rêves étranges et récurrents liés à une maison inconnue. Quand son cauchemar prend de plus en plus de place dans sa vie, jusqu’à venir empiéter sur ses visites, elle se pose une foule de questions. Obsédée par ses origines bretonnes et galloises pleines de légendes et de récits fantastiques, et la peur d’avoir héritée d’une maladie orpheline dont souffrait son père (chorée de Huntington), Laura bascule doucement dans un univers onirique effrayant.
Pendant toute ma lecture j’ai été impressionnée par le poids que prenaient le fantastique et le rêve dans l’intrigue et la réalité de Laura. On voyage sans arrêt entre ces deux univers, et si cet aspect du roman peut dérouter plus d’un lecteur, il m’a au contraire fait entrée dans l’histoire avec beaucoup de questions. Ma curiosité rythmait ma lecture, autant que mes frayeurs. De mystérieux phénomènes (phénomènes paranormaux tels que disparitions, apparitions, visions…) viennent s’imbriquer dans le quotidien de la jeune femme, donnant un aspect très particulier à sa vie et au livre. Mais au bout d’un certain nombre de pages, la complexité du récit (que j’ai trouvé à tort fouillis) m’a donné du fil à retordre (autant que les textes en anglais non traduits !).
Imagination, folie, surnaturel…je ne savais plus sur quel pied danser. Et pourtant j’ai tenu bon. L’écriture d’Hélène Frappat m’a tellement plu que ça n’a pas été un mal il faut dire, et c’est en toute fin du roman que mon esprit de lectrice s’est éclairé. L’esprit de Laura est malade sans aucun doute mais de quoi souffre-t-il ? Le passé, l’héritage familial (au sens propre comme au sens figuré) sont très présents, ils rythment ailleurs le récit grâce à des souvenirs, des flashbacks, des paroles de chanson d’enfance, des doutes et des angoisses. Tout est bon pour alimenter l’intrigue et la rendre de plus en plus brumeuse et aussi un peu décousu.
Quelle est donc cette malédiction ? Cette Lady Hunt ? Maladie ou présence surnaturelle ? Beaucoup de choses m’ont semblé m’échapper, mais en fin de compte se sont éclairées grâce au dénouement qui rend le tout plus cohérent. Lady Hunt est un roman très troublant : obsédant par son atmosphère sombre et gothique, et un peu déstabilisant toutefois par sa lenteur et son aspect contemplatif (et très répétitif). Il possède de belles qualités littéraires mais risque de déplaire à plus d’un par sa forme narrative qui donne l’impression de ne pas progresser en laissant constamment dans le flou.
En deux mots : perplexe mais touchée par la plume d’Hélène Frappat, je découvrirais avec plaisir d’autres de ses romans je pense.
Ce titre compte pour le challenge Lire sous la contrainte 10ème session
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