Camille Anseaume : Ta façon d'être au monde
Ta façon d'être au monde de Camille Anseaume 4/5 (25-02-2016)
Ta façon d'être au monde (234 pages) est disponible depuis le 18 janvier 2016 aux éditions Kero.
L’histoire (éditeur) :
Elles sont amies d’enfance. L’une est inquiète, rêveuse, introvertie ; l’autre est souriante, joyeuse, lumineuse. Ensemble, elles grandissent, découvrent la vie, l’amour. Jusqu’à ce qu’un drame bouleverse le monde qu’elles se sont bâti... Un roman poignant sur l’amitié, le deuil, et sur ce point de bascule irréversible qui sonne la fin de l’insouciance.
Mon avis :
Je ne connaissais pas encore le plume de Camille Anseaume mais j’avais entendu tellement de bien de son premier roman Un tout petit rien (pour vous convaincre un seul billet, celui de Cajou) que je n’ai pas hésité à lire cette nouveauté.
Je pourrais juste vous dire que j’ai trouvé ici une grande intelligence dans la narration et surtout une grande pudeur qui touche bien plus que l’utilisation d’un ton larmoyant ou d’un vocabulaire ampoulé. Mais non, j’ai l’intention de m’étaler un peu plus…
Ta façon d'être au monde est l’histoire d’une très grande amitié et c’est aussi l’histoire de cette jeune fille dont à aucun moment le nom est prononcé. Passant de ELLE au JE, on la voit évoluer dans la vie et dans son rapport aux autres. Elle, petite fille inquiète pour tout et souvent triste sans savoir pourquoi ni pour quoi, rencontre TOI en classe de primaire. Elles deviennent inséparables et celles qui se proclament ½ sœurs, grandissent, se séparent au fil de l’adolescence et des chemins d’adultes qu’elles prennent, mais se reprouvent toujours et souvent, formant avec d’autres jeunes un petit groupe unis de copains. Jusqu’au drame, point de départ d’une chute dont on est loin de se douter.
Avec quelques efforts pour arriver à cerner le ELLE et le TU, j’ai fini par plonger totalement dans ce roman qui parle de l’enfance des années 80 (nostalgie quand tu nous tiens !!!), de l’adolescence et des débuts de l’âge adulte avec force et simplicité. Ces différents parfums (d’enfance et du reste) qui se dégagent de ces pages, ces petits riens qui évoquent tant, m‘ont beaucoup plu et touchée. Et c’est avec douceur que l’on entre dans cette vie dont on suit l’évolution de manière survolée (passant rapidement d’un épisode à un autre) mais avec une infinie profondeur.
Etrange ? Oui c’est un peu difficile à expliquer. Mais il ya beaucoup de dualité aussi. Camille Anseaume floute la réalité et avec son style incisif et poétique arrive à transmettre l’essentiel (émotion, rapports aux autres, moments importants). Elle parle de la vie, de la l’amour, de l’amitié sans rien idéaliser, sans rien exagérer, avec parfois un détachement et une volonté de na pas surjouer, rendant étonnamment cette histoire encore plus puissante.
« C’est bizarre, quand je suis contente ça me rend triste parce que je me dis que quand ça sera fini je serai triste. » page 26
« Et puis surtout il ya cette inquiétude, là, dans le ventre, qui ressemble à un monstre gris mal rangé. C’est le bazar derrière son nombril, et il lui semble que les autres le voient aussi. » Page 27
« Elle déteste courir, être en retard, guetter l’heure. Les échéances lui brulent les fesses comme le Diable en enfer.
Elle voudrait prendre une gomme de sa collection, la plus grosse, pour effacer l’heure, l’argent, la nourriture, et tout ce qui se passe, périme, fane, s’use et meurt. » Page 33
« On porte les mêmes fringues qu’avant, on a le même parfum, sans doute la même allure, et pourtant, je sais, rien ne sera plus jamais pareil. » Page 172
« Ma boussole a perdu le nord, et maintenant que je n’ai plus personne à imiter, j’erre dans cette vie qu’il me semble de plus en plus avoir si peu fréquentée. » Page 198
« Depuis toute petite, j’avais trouvé en toi un modèle à imiter. Ma mère m’avait mise au monde, j’ai pensé en te rencontrant que tu m’aiderais à y être. » Page 224
Des petites phrases, le choix des mots et leurs associations font mouche tout simplement. Quant à la construction de l’intrigue, il faut vraiment le lire pour comprendre combien c’est travaillé. La simplicité des premières pages bascule petit à petit vers quelque chose de très abouti.
Auteure à découvrir (ou à redécouvrir) !!
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