Alexis Aubenque : Tout le monde te haïra
Tout le monde te haïra d’Alexis Aubenque 3,5/5 (05-12-2015)
Tout le monde te haïra (425 pages) est disponible depuis le 4 novembre 2015 chez Robert Laffont Editions dans la collection La Bête noire.
L’histoire (éditeur) :
En Alaska, la ruée vers l'horreur a commencé.
White Forest, petite ville côtière du sud de l'Alaska, est en émoi. Pris dans les glaces, un navire ayant sombré en 1920 vient d'être découvert. Les corps des marins en ont été extraits, mais manquent à l'appel ceux d'une centaine d'orphelins...
C'est dans cette étrange atmosphère que débarque Alice Lewis, avec l'espoir de retrouver sa sœur disparue. Elle engage aussitôt un ancien flic au passé trouble devenu détective privé, Nimrod Russell.
De l'autre côté de la ville, la lieutenante Tracy Bradshaw récupère une sordide affaire : pendu par les pieds dans sa grange, un notable a été éventré à l'aide d'un hakapik, l'arme inuit servant à abattre les phoques.
Envers, et surtout contre tous, les deux ex-coéquipiers, Tracy et Nimrod, vont devoir travailler ensemble alors que plane sur eux l'ombre des enfants disparus.
Mon avis :
Alexis Aubenque a beau être français (originaire de Montpellier), il y a un petit côté américain ici qui n’était pas pour me déplaire. Il fait très vite oublier que l’on a affaire à un thriller français et nous entraîne avec un naturel déconcertant sur les lieux à l’autre bout du globe.
Ce n’est pas tant le fait de se plonger dans un thriller américain (ou s’y approchant) qui m’a plu, mais c’est surtout d’avoir été si facilement embarquée sur ces terres (pas seulement du fait des descriptions et évocations de noms de ville). Le décor (l’Alaska), l’ambiance et le déroulement des événements avec son lot d’actions et de rebondissements sont bien rendus et donnent perpétuellement envie de tourner un peu plus les pages. Bref, c’est un tout qui sonne plutôt bien.
Notamment le choix de l’Alaska (et plus précisément White Forest), qui apporte de bons éléments à l’histoire aussi bien par sa beauté (même si on doit franchement se geler les miches, l’auteur donne envie d’admirer le paysage et sa nature sauvage) que par sa rudesse (climat et population).
Tout le monde te haïra est de ces thrillers pages-turner qui ne vous laissent pas le temps de vous poser. L’intérêt est bien maintenu du début à la fin garce aux chapitres très courts, à l’intrigue riche et palpitante (jouant sur 2, voire 3 tableaux), aux indices qui arrivent doucement mais régulièrement, aux nombreux coups de théâtre aussi inattendus que vraisemblables (même si des fois un peu plus de développement ne serait pas de trop) et aux multiples personnages et points de vue qui offrent encore un peu plus de rythme à l’ensemble.
Cependant, même si tout cela est très positif, Alexis Aubenque perd aussi un peu de profondeur en chemin. Il y a beaucoup de bonnes choses mais il en manque encore un peu pour que le tout soit parfait. C’est dommage…
Je ne sais pas s’il aurait fallu 100 ou 200 pages de plus (ça ne m’aurait pas du tout dérangé) mais j’ai trouvé que ce n’était pas suffisamment exploité. Tout s’imbrique au final assez bien mais le dénouement tombe trop brusquement (laissant une vague déception face à la perte de crédibilité) et les personnages manquent de relief et de force (ce qui les rend un peu caricaturaux). On en voudrait plus évidement : plus d’explications, plus d’intensité, plus de profondeur et plus d’Alice Lewis et de Nimrod Russel. Parce qu’on s’attache quand même facilement même s’ils ne sont que partiellement dévoilés.
Un tome 2 ??? Si oui, je me réjouis de retrouver cette équipe (qui n’en n’est officiellement pas une). Et J’espère que les trop succincts portraits de ce roman ne deviendront plus finalement qu’une ébauche que l’auteur déploiera dans une suite (les relations entre le privé et son père méritent plus de lignes) et que la prochaine enquête sera tout aussi captivante mais également plus convaincante.
En bref : du bon et du moins bon mais finalement une lecture qui reste très positive. Car, si l’intrigue aurait gagnée à être plus étoffée, cette double enquête bien mystérieuse est marquée par un rythme effréné et un style très accrocheur. J’en redemande !
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