Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Adrien Bosc : Constellation

Constellation d’Adrien Bosc    3,5/5 (15-11-2014)

 

Constellation (198 pages) est paru le 20 août 2014 aux Editions Stock (La Bleue).

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Le 27 octobre 1949, le nouvel avion d’Air France, le Constellation, lancé par l’extravagant M. Howard Hughes, accueille trente-sept passagers. Le 28 octobre, l’avion ne répond plus à la tour de contrôle. Il a disparu en descendant sur l’île Santa Maria, dans l’archipel des Açores. Aucun survivant. La question que pose Adrien Bosc dans cet ambitieux premier roman n’est pas tant comment, mais pourquoi ? Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ? Et qui sont les passagers ? Si l’on connaît Marcel Cerdan, l’amant boxeur d’Édith Piaf, si l’on se souvient de cette musicienne prodige que fut Ginette Neveu, dont une partie du violon sera retrouvée des années après, l’auteur lie les destins entre eux. « Entendre les morts, écrire leur légende minuscule et offrir à quarante-huit hommes et femmes, comme autant de constellations, vie et récit. »

 

Mon avis :

 

 Dans son premier roman Adrien Bosc a choisi de retracer le dernier vol du Constellation F-BAZN, l’avion des stars ou la nouvelle comète d’air France (comme l’indiquaient les dépliants publicitaires de l’époque), en prenant soin de retracer le vol tout en racontant la vie de ceux qui y ont perdu la vie. Si le récit prend vite un ton journalistique, il n’en devient pas pour autant une simple énumération de portraits de victimes. Evidemment on retient plus facilement le décès de Marcel Cerdan, parti reconquérir son titre (actuelle propriété de Jake LaMotta) accompagné de son manager Jo Longman ou celui de Ginette Neveu, violoniste virtuose,  mais ce 28 octobre 1949, ce sont 37 passagers et 11 personnels de bord qui sont mort dans le crash de l’avion sur le mont Redondo, dans l'archipel des Açores. L’auteur prend le temps de s’attacher à chaque destin présent à bord et redonne vie à ceux 48 victimes.

 

Marcel Cerdan à l'embarquement sur le F-BAZB en 1947. Il est avec Jo Longman _400.jpg

Marcel Cerdan embarquant sur le F-BAZB avec Jo Longman

 

Constellation est une enquête minutieusement travaillée (l’auteur ne manque pas de faire part des démarches de son investigation  dans les dernières pages, allant jusqu’à se rendre sur les lieux du crash). Captivante, elle se présente comme une mosaïque de portraits reliés par la force du destin et par de petites causalités stupéfiantes, anecdotiques et tragiques. L’auteur revient sur ce qui a conduit chaque personne à être présente à bord, en passant par  le commandant de bord Jean de la Noüe, ses pilotes, l’hôtesse de l’air, les deux stars de l’époque présentes et les autres passagers. On apprend d’ailleurs que c’est Edith Piaf, la maîtresse de Marcel Cerdan qui le supplie de changer ses plans et de troquer le bateau (beaucoup trop lent à son goût) pour un express en Constellation afin qu’il la retrouve plus rapidement, alors qu’un célèbre chiromancien avait informé le boxeur d’une prédiction « Evitez de voyager dans les ars, surtout le vendredi. »

 

La violoniste Ginette Neveu montre son Stradivarius à Marcel Cerdan quelques minutes avant leur embarquement_400.jpg

Juste avant d'embarquer, Ginette Neveu montre son Stradivarius à Marcel Cerdan 

 

Constellation marque les esprits par l’évocation de ces hasards et coïncidences qui ont joué sur ces victimes. On fait la connaissance du peintre portraitiste le plus prisé des milliardaires (Bernard Boutet de Monvel), de cinq bergers basques partis travailler dans les ranchs aux Etats Unis pour ensuite revenir dans les Pyrénées prospères, Kay Karmen (qui a d’ailleurs la phobie des avions) « l’inventeur de l’un des modèles économiques les plus prospères du XXème siècle » (celui qui a inventé l’exploitation des produits dérivés et qui a transformé le studio Disney en empire),  d’un propriétaire de deux tanneries fraîchement divorcé mais qui décide de regagner New York pour tenter une réconciliation…En parallèle il évoque aussi ceux qui n’ont finalement pas pris place dans l’avion  et l’attitude de certains après le drame.

 

Entre les histoires personnelles et les anecdotes, Adrien Bosc étudie également les détails de la tragédie, qui ne sera véritablement jamais résolue. Ecrit comme un feuilleton, les épisodes s’enchaînent entre fragments d’histoire et reconstitution du crash avec l’enquête diligentée par Air France qui en a découlée. Je me suis facilement laissé prendre par ses recherches que j’ai trouvées passionnantes. La fin est peut-être un peu fouillie et l’alternance des chapitres (histoire des personnages et accident) plus maladroite, mais l’ensemble reste agréable.

 

Adrien Bosc écrit dans un style fluide et réaliste, permettant au lecteur de se plonger totalement dans cette époque. Son  Constellation est un roman surprenant. En moins de deux cents pages, il redonne vie à une galerie de personnages illustres ou anonymes sans lasser et pointe le doigt sur la fatalité et les coups du sort qui rendent cette histoire troublante.



05/05/2015
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