Stephanie Le Bail : Un seul corps
Un seul corps de Stephanie Le Bail 2/5 (11-04-2012)
Un seul corps (126 pages) est paru le 16 février 2012 aux Editions du Rocher, que je tiens à remercier pour m'avoir donné l'occasion de lire ce roman.
L’histoire (éditeur) :
En pleine nuit, Emie quitte la maison familiale et disparaît. Quelques heures plus tard, on apprend que Mazeppa, le cheval qu'elle possède depuis l'enfance, a disparu lui aussi. "La jeune fille et le cheval : partis ensemble ? Pour aller où ? Il faut faire vite, car Emie est gravement malade. Sans ses médicaments, elle est condamnée. Ce livre est l'histoire d'une disparition et des efforts déployés pour retrouver une jeune fille. Mais c'est surtout l'histoire d'une quête insensée qui met les proches au défi d'accepter l'impensable. Une histoire que raconte un arbre planté en face de la vaste demeure. Emie a quelque chose à accomplir qui l'amènera à se hisser au-dessus d'elle-même et du monde.
Mon avis :
Le sujet était intéressant (une disparition), plein de suspens (une jeune fille malade qui risque de mourir si on ne l’a retrouve pas rapidement), et original (raconté par un arbre témoin de quotidien des protagonistes). J’étais intriguée et surtout très intéressé par le ton que pouvait donner un tel point de vue. Je sais que Stéphanie Le Bail n’est pas la première à l’avoir fait, car Didier Van Cauwelaert avait déjà traité la chose avec Le journal intime d'un arbre, mais n’ayant pas lu ce livre, c’était pour moi une première. A la fin de ma lecture, je suis assez partagée. Loin d’être séduite, je l’ai trouvé parfois incohérent et peu crédible mais j’ai tout de même apprécié le style de Stéphanie Le Bail.
L’écriture est agréable, à la fois prenante et poétique. L’auteure tient en haleine jusqu’au bout : tension et désarroi vont crescendo. On est très vite pris par cette disparition, angoissé quant au sort de la jeune Emy. Stéphanie Le Bail transmet également très bien sa passion pour les chevaux. Ce texte simple dégage énormément de sensibilité et d’amour pour ces bêtes. Une mention spéciale pour le passage où le cheval et la jeune fille se découvrent. J’ai été très touchée par la relation tellement respectueuse qu’elle connaît avec son cheval Mazeppa (la rencontre, l’échange…). Cependant, je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai été bouleversée par leur histoire car malheureusement j’ai une grande peur des chevaux et j’ai, pour le coup, trouvé la fin déplacée. Les amoureux des étalons et des autres mammifères de cette espèce y verront sans aucun doute un texte empli de sensibilité et dont le comportement animal est magnifiquement et amoureusement décrit.
« Personne n’avait encore jamais vu aucun cheval regarder son cavalier comme il le faisait. Et elle le lui rendait bien. Ils se regardaient tous les deux comme les amoureux se regardent, à s’en donner al à la tête. Ils se tenaient par les yeux » page 87.
« Les chevaux ont la retenue de la femme prude qui ne se livre pas avant d’avoir éprouvé la patience de son amant. Ils sont la réserve de la jeune fille qui sonde le cœur de son prétendant, en essayant de deviner ce que le ballet de ses mains trahit de ses intentions profondes » page 111.
La disparition est le point de départ pour évoquer l’histoire de la famille. Elle est racontée au présent par un cèdre, et est entremêlée de récits au passé qui expliquent et tentent de justifier le fait central. Le père d’Emie a quitté le domicile familial du jour au lendemain il y a des années et n’est plus jamais revenu. Emy est très affectée par ce manque, d’autant qu’elle semblait proche de lui. Solitaire, elle se crée petit à petit un monde imaginaire peuplé de chimères, proche de la nature. Comme pour palier à ce manque et pour renouer les liens avec son enfant, Isabelle décide de lui offrir un poney mais son destin lui fait croiser la route de Mazeppa. Plus que symbolique pour Emy, le cheval devient peu à peu sa raison de vivre. Alors quand, devenu adulte, elle disparait en pleine nuit avec son cheval, sa mère ne peut qu’imaginer le pire…ou le meilleur. On découvre très vite que la jeune fille est gravement malade (sans plus d’explication, car son mal n’est pas déterminé) et que ses médicaments lui sont indispensables pour vivre et qu'elle ne les a pas avec elle. Ce détail apporte une dose de suspens et ajoute un cran supplémentaire dans la détresse et le désarroi des proches. Détail tout de même assez étrange : un traitement pour un mal inconnu…
Seules et fragiles, les deux personnages féminins sont touchants, mais pas suffisamment développées à mon goût. Les deux personnages masculins sont un peu plus en retrait : le médecin de famille (dont le relation avec Isabelle est floue) et le frère, qui ne sert à rien si ce n'est amplifier l'idée que l'on se fait d'Isabelle : elle est désespérément seule. Je n'ai pas bien compris l'état d'esprit de cette mère : on l'a voit tout au long du récit prête à tout pour retrouver sa fille, puis soudain résignée et pleine d’acceptation.
Pour continuer dans le genre tatillon : le grand cèdre bleu devient à la fin un grand sapin bleu. Je sais qu’il s’agit de deux arbres de la même famille (celle des conifères) mais je doute qu’il s’agisse exactement de la même chose. Enfin, je ne suis pas experte mais tout de même j’ai trouvé que pour une amoureuse de la nature comme Emy, l’utilisation du mot sapin n’était vraiment bien choisie.
Pour conclure, le résumé me laissait espérer un peu plus de ce livre. J’attendais une enquête, d’avantage de recherches… mais même si je comprends mieux le titre : Un seul corps, la fin m’est apparue finalement assez brutale, ça m'a dépassé. Tous ces détails ne retirent rien au style agréable et délicat de Stéphanie Le Bail. C'est juste que ça n'a pas pris avec moi.
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