Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Sophie Divry : Trois fois la fin du monde

Trois fois la fin du monde de Sophie Divry     3,75/5 (27-10-2018)

 

Trois fois la fin du monde (240 pages) est disponible depuis le 23 août 2018 dans la collection Notabilia des  Editions Noir sur Blanc#MRL18 #Rakuten

 

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L'histoire (éditeur) :

 

Après un braquage avec son frère qui se termine mal, Joseph Kamal est jeté en prison. Gardes et détenus rivalisent de brutalité, le jeune homme doit courber la tête et s’adapter. Il voudrait que ce cauchemar s’arrête. Une explosion nucléaire lui permet d’échapper à cet enfer. Joseph se cache dans la zone interdite. Poussé par un désir de solitude absolue, il s’installe dans une ferme désertée. Là, le temps s’arrête, il se construit une nouvelle vie avec un mouton et un chat, au cœur d’une nature qui le fascine.

 

Trois fois la fin du monde est une expérience de pensée, une ode envoûtante à la nature, l’histoire revisitée d’un Robinson Crusoé plongé jusqu'à la folie dans son îlot mental. L’écriture d’une force poétique remarquable, une tension permanente et une justesse psychologique saisissante rendent ce roman crépusculaire impressionnant de maîtrise.

 

Mon avis :

 

Belle surprise ce dernier Sophie Divry. J’avais été peu emballée par La condition pavillonnaire mais ce nouveau titre (et le synopsis) me plaisant beaucoup et les premiers retours étant bien positifs, je me suis laissée tentée et c’est sans regret !

Joseph Kamal a perdu son frère lors d’un braquage et s’est retrouvé, à 22 ans, derrière les barreaux. Pas facile pour ce jeune garçon sans histoire (fierté de sa mère lorsqu’elle était encore de ce monde et « chouchou » de sa boite d’intérim) qui en plus de devoir faire avec la peine que la perte lui a infligée, il doit désormais tenter de survivre dans cet univers de violence, d’injustice et de cruauté. S’adapter, oublier la vie d’avant, parfois subir (surtout au début dans le bâtiment B4 sous l’autorité des gardiens bleus corrompus et de Gros-Ba, le caïd ultra violent et manipulateur).

« La peur et le chagrin, une sensation d’abandon et d’impuissance me plonge dans les abimes de noirceur. »

« Je me demande pourquoi mon frère ne m’a jamais dit un seul mot sur ses années de prisons. Ça me serait utile aujourd’hui. Mais il est vrai que je n’étais pas censé m’y retrouver. C’était lui le voyou de la famille, pas moi. »

« Mais c’est toujours la même violence que nous recommençons et dans laquelle se continue la même fatalité, celle qui assigne les plus forts à l’exercice du mal et les plus faibles à endurer ce mal avec une servilité que je trouve plus répugnante encore. »

 

Un jour, l’accident.

Après trois ans de prison, alors que les détenus son évacués à la suite d’une explosion nucléaire, Joseph réussit à s’échapper. Il choisit de rester en zone contaminée (ne chassant trop pourquoi il n’est pas tombé malade, ni raide mort) et une nouvelle survie s’engage…

« Putain, c’était trop beau, la chance elle était avec moi. J’avais sauté du camion. Je suis immunisé. C’est pas rien, tout de même ! Je pensais que je pourrais reprendre une vie normale. »

 

Passer de l’univers carcéral à celui de de la fin du monde en plein nature est une expérience singulière et Sophie Divry réussit une paru un peu fou de nous transporter avec autant de force de l’un à l’autre. J’ai été époustouflée par la sensibilité qui se dégageait de ce texte. La violence de la première partie laisse place à une narration toute particulière marquée par le silence (Joseph n’a plus que lui et quelques animaux mais ne peut rompre le dialogue) et la nature, que l’on voit évoluer au rythme des saisons. L’apprentissage est  rude (il faut s’organiser, travailler dur) et les sentiments exacerbés.

 

Les mots sont justes (les dialogues sont d’une grande crédibilité et collent très justement à la réalité) et les situations crédibles. Réflexion sur l’Homme, son aspect primitif  et sa condition, Trois fois la fin du monde  est loin des récits post apocalyptiques traditionnels. On est là face à un homme qui veut survivre, qui tente par tous les moyens de se reconstruire dans un monde où l’humanité a depuis longtemps disparu mais j’ai trouvé dans les mots de Sophie Divry plus de profondeur et une certaine forme de poésie (qui tranche régulièrement avec les mots de Joseph, sa franchise et sa détresse) que j’ai rarement lues dans ce genre de roman.

Bref : une bonne découverte autant dans le fond que dans la forme.



07/11/2018
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