Quand Jérôme Noirez parle de Brainless (26-05-2015)
Quand Jérôme Noirez parle de Brainless (26-05-2015)
Le 20 mai dernier avait lieu la soirée de lancement d'Electrogène durant laquelle l'équipe de Gulf Stream nous a présenté la vision éditoriale de cette nouvelle série et surtout le premier titre qui inaugurait la nouvelle collection.
Un mot d'abord sur la nouvelle collection des Editions Gulf Stream : Electrogène
Lorsque le catalogue d’un éditeur, plutôt orienté jeunesse, tend à se développer vers l’adulte et le jeune adulte, ça donne la collection Electrogène, une collection « hétérogène, électrique et érogène ».
Le principe : les titre issus de cette collection viendront de tous les genres et univers littéraires mais devront impérativement avoir une forte tension narrative, surprendre le lecteur, avoir une véritable qualité littéraire, de la profondeur et explorer différentes facettes de la société (sans que ce soit forcément des livres à messages).
L’orientation littéraire du premier titre de la collection est donc fantastique, avec Brainless de Jérôme Noirez. L’idée de proposer un titre de zombies comme genèse éditoriale, n’a pas été tout de suite approuvé, mais a donné lieu à réflexions. Finalement, ça tranchait plutôt bien avec ce que faisait la maison d’édition, alors ça s’est avéré être une idée plutôt pertinente. L’inquiétude quant à l’aspect gore a aussi été réfléchie, mais après des lectures tests faites auprès d’adolescents de 14 à 17 ans, il en est ressorti que les premiers retours ou critiques portaient essentiellement sur les personnages (certains particulièrement « agaçants ») et non sur l’aspect sanguinolent. Et puis, finalement l’épouvante (très soft ici quand même) n'est pas un genre inadéquat pour les jeunes car il permet de créer des images et par là aussi des émotions. Reste à bien doser pour ne pas choquer ni tomber dans le trash non plus, et Brainless s’en sort à merveille.
A l’occasion du lancement d’Electrogène, nouvelle collection des Editions Gulf Stream, Jérôme Noirez nous parle de son dernier titre : Brainless.
Comment est né Brainless ?
En écrivant ce roman, l’auteur avait à l’esprit deux références : les teen movies et les bandes dessinées de Charles Burns, avec l'image de lieux et d'atmosphères intemporels (celle des années 60 mais qui colle parfaitement au présent) et une observation caustique de l’Amérique. Ça donne forcément du coup un livre très visuel qui oscille entre le grotesque et le réalisme où tout est à prendre au premier degré (l’auteur y tient !). Car même si on peut y déceler quelques réflexions, l’auteur n’a pas cherché à faire de métaphore, ni à faire passer de message.
Pourquoi les zombies ?
Parce que les vampires emmerdent profondément l’auteur !
En vérité, Jérôme Noirez ne partait pas avec l’idée d’écrire sur les zombies mais comme il a toujours aimé ces créatures qui l’ont terrifié étant jeune, il a sauté sur l’occasion en présentant les choses de manière tout à fait normale. Transformant le zombie habituel trainant la pâte, dénué d’intelligence et assoiffé de cervelle, en adolescent atteint d’une maladie rare, il donne une autre image de la chose et traite le tout sur un plan scientifique particulièrement bien décrit.
Pour donner un maximum d’informations, il a choisi de structurer son livre avec une double narration : un point de vue externe et un autre interne, celui du zombie. Et pour plus de crédibilité, il a gardé sous la main son dictionnaire d’anatomie. D’ailleurs, en règle générale, les documents médicaux et les ouvrages d’anatomie et de sciences font partie de ses outils de travail, parce que l’imagination ne fait pas tout et qu’il aime apporter précision et véridicité.
Et pourquoi ce tournant pour la fin ?
Jérôme Noirez a voulu pousser l’écriture au maximum vers le film gore et sur la violence, pour contraster avec le reste du livre qui est plus nuancé. Il assume cette boucherie et « la violence gratuite d’ado américains à la con ». A travers cette écriture plus difficile et pesante, la pensée du film Bowling for Columbine (ou encore Elephant) vient frapper les esprits.
Tout en contraste, le terrifiant côtoie alors l’absurde, et Brainless ressort avec une dimension à la fois humoristique et pathétique, tout en restant dans son ensemble particulièrement visuel. Le cinéma dans sa généralité est ici à l’honneur avec de multiples références et une écriture richement alimentée par une culture personnelle constamment nourrie.
Et pour la suite, des projets ?
Jérome Noirez a ressorti un vieux manuscrit (écrit en 2006), jamais soumis à un éditeur, qu’il compte dépoussiérer. Un roman de science-fiction à la William S. Burroughs.
Pour le reste, il aimerait aussi traiter d’autre genres cinématographiques américains comme le slasher (à la Vendredi 13, Scream, Les Griffes de la Nuit…) et le Found footage (comme Le Projet Blair Witch ou la série Les Documents interdits). Bref, encore un peu d’horreur, parce que c’est un genre qu’il adule et parce qu’il aime se faire peur et frissonner.
La sortie de Brainless coïncide avec la réédition en version poche de trois de ses romans dans la collection Courants Noirs : L'empire Invisible, Desolation Road et Fleurs de Dragon.
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