Paula Hawkins : Au fond de l'eau
Au fond de l'eau de Paula Hawkins 3,5/5 (04-06-2017)
Au fond de l’eau (416 pages) est paru le 8 juin 2017 aux Editions Sonatine (traduction : Corinne Daniellot Et Pierre Szczeciner)
L’histoire (éditeur) :
Une semaine avant sa mort, Nel a appelé sa sœur, Julia. Qui n’a pas voulu lui répondre. Alors que le corps de Nel vient d’être retrouvé dans la rivière qui traverse Beckford, leur ville natale, Julia est effrayée à l’idée de revenir sur les lieux de son enfance. De quoi a-t-elle le plus peur ? D’affronter le prétendu suicide de sa sœur ? De s’occuper de Lena, sa nièce de quinze ans, qu’elle ne connaît pas ? Ou de faire face à un passé qu’elle a toujours fui ? Plus que tout encore, c’est peut-être la rivière qui la terrifie, ces eaux à la fois enchanteresses et mortelles, où, depuis toujours, les tragédies se succèdent.
Mon avis :
On l’attendait avec impatience le nouveau roman de Paula Hawkins, auteure du célèbre (et très médiatisé) La fille du train, et on l’attendait aussi forcément un peu au tournant…
Si Au fond de l’eau est un roman relativement mystérieux et prenant, je n’ai pas été aussi conquise qu’avec son précédent.
Au fond de l’eau est un roman polyphonique avec beaucoup, beaucoup de personnages et cette abondance de points de vue (une dizaine) freine un peu l’entrée dans l’histoire, ne sachant plus très bien qui est qui exactement. Bon, ça ne dure pas très longtemps et il faut quand même reconnaitre que la brièveté des chapitres apporte beaucoup de rythme et multiplie aussi les interrogations.
Qu’est-il arrivé à Nel, cette mère célibataire obsédée par le bassin aux noyées, retrouvée morte dans la rivière de Beckford ? Pourquoi sa fille ne semble pas bouleversée ? Pourquoi Jules, sa petite sœur, avait coupé les ponts au point de ne même plus répondre à ses appels ? Y-a-t-il un lien avec la disparition de Katie Whittaker, adolescente de 15 ans noyée quelques mois plus tôt au même endroit ?
Paula Hawkins distille très bien les doutes sur chacun des personnages qui, sans être forcément coupables, présentent certaines ambiguïtés laissant planer l’incertitude sur leur part de responsabilités.
D’autre part, toutes les légendes, histoires et autres faits divers relatifs à la rivière et à la sorcellerie apportent une autre facette (faite de superstitions) à l’intrigue. Tous comme les flash-back liés à l’histoire de Jules, sa jeunesse et ses relations avec Nel, qui permettent comprendre leurs liens et le malaise actuels. Ainsi, même sans avoir véritablement été attachée aux personnages, Jules m’a touchée dans sa relation avec Danielle.
On est là dans une toute petite ville, un petit village au nord de l’Angleterre où les secrets et l’hypocrisie sont tenaces. Tout (ou presque) se sait mais rien ne se dit. Les rancunes, ressentis, violences (presque ordinaires tant elles sont encrée depuis des millénaires) et évidement les non-dits sont sur le point d’éclater au grand jour, quitte à laisser un ou deux personnage en proie avec le regret.
Ni la forme ni le fond ne possèdent une construction linéaire ce qui permet de maintenir longtemps les doutes et les questionnements, d’autant que personne ne semble fiable. Et si vous pensez avoir rapidement compris une partie des faits, l’auteure en installe de nouveaux pour que votre préhension de ceux-ci ne soit plus du tout aussi solide.
Longueur et confusion ont joué sur mon ressenti final mais malgré tout une fois bien installée dans ce petit village au milieu de ces divers habitants, je n’ai plus vu filer les chapitres.
Moins percutant que La fille du train, Au fond de l’eau reste un thriller qui ne remplit pas si mal son rôle.
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