Olivia Kiernan : Irrespirable
Irrespirable d’Olivia Kiernan 4/5 (10-11-2018)
Irrespirable (368 pages) est sorti le 18 octobre 2018 dans la collection Thriller des Editions Hugo et Cie ( Francois Thomazeau)
L’histoire (éditeur) :
Irréversible Dublin. Le docteur Eleanor Costello, scientifi que respectée, est retrouvée morte chez elle. Suicide ? Implacable À peine remise des coups reçus lors de sa précédente affaire, la commissaire Frankie Sheehan se voit confi er l'enquête. La disparition du mari d'Eleanor puis la découverte d'une deuxième et bientôt d'une troisième victime lui prouvent qu'elle est en présence d'un tueur en série. Et que ce tueur aime jouer avec la mort. Irrespirable Victimes consentantes, sites BDSM, " near death experiences ", chambres de torture, meurtres filmés et ritualisés : jusqu'à sa confrontation finale avec le tueur, Frankie va s'immerger dans ce que l'âme humaine a de plus noir et de plus pervers. Un noir absolu, malgré les taches de bleu de Prusse, ce pigment utilisé par Chagall et que l'on retrouve sur les victimes comme une signature.
Mon avis :
Frankie Sheehan, profileuse pendant 4 ans puis inspecteur pendant 15 et aujourd’hui commissaire depuis 2 ans à la police de Dublin, est appelée pour constater le décès d’Eleanor Costello. Morte par pendaison et présentant d’ancienne cicatrices au poignet constant une précédente tentative de suicide, tout tend à faire penser à une mort volontaire. Mais, malgré une longue absence pour d’obscures raisons (qu’une grande et disgracieuse cicatrice sur le visage lui rappelle constamment), Frankie, qui n’a rien perdu de son acuité, sent bien que quelque chose se cache derrière ce drame et qu’il pourrait plutôt s’agir d’un homicide.
« Je n’arrive plus à respirer. Ma poitrine se bloque. Comme une main s’abat sur une mouche. Ma tête ! La cicatrice le long de la tempe me lance comme si elle venait de se fendre. Douleur lancinante à en pleurer. Aujourd’hui, c’est l’angoisse qui coule dans mes veines, qui bouillonne dans mes entrailles, qui fait monter des sueurs dans mes yeux et dans mon dos. Je sens la peur qui tourbillonne au fond de moi. Je le pressentais ce matin. Mon inconscient, bien avant ma conscience, préparait le terrain. L’enquête ne porterait pas sur un suicide, mais sur un meurtre. » Page 20
La disparition inquiétante de l’époux d’Eleanor pèse d’autant plus dans la balance que le profil de la victime laisse entrevoir beaucoup de zones d’ombres….
Irrespirable est un thriller efficace et immersif qui ne laisse pas beaucoup de répit au lecteur. Frankie, son héroïne serait à première vue la caricature du flic torturé (et pour cause, elle en aurait toutes les raison d’ailleurs) mais les énigmes qui lui sont attachées contribuent pleinement à l’intrigue. Il y a beaucoup de choses à découvrir à son propos et la manière dont Olivia Kiernan déroule son histoire personnelle est un point fort de la narration.
Tandis que le cheminement de l’investigation s’avère assez classique, le fond de celle-ci et les différents éléments qui sont mis en lumière sont bien trouvés. Rien de particulièrement original mais un aspect sombre et un univers glauque et violent maintiennent le lecteur dans une espèce d’addiction livresque très excitante, même pendant les moments un peu plus creux de l’enquête. De plus, beaucoup de rebondissements (et pas mal de crimes) et surtout des personnages qui subissent autant qu’ils sont acteurs nous font vivre intensément la lecture. Pas évidement d’arriver à une conclusion avant une bonne partie du roman (qui se révèle assez tordu, entre BDSM, automutilation et désir de faire l’expérience de la mort ), on se croirait là dans les pire scénarios des Histoires criminelle de Bellemare, dont j’étais fan il y a quelques années (ça va ici loin mais il y a une grand part de réalisme je trouve).
Irrespirable est un premier roman (sans aucun doute le premier d’une série aussi) bien construit et travaillé. Tension et suspens, héroïne forte (et faible à la fois par les lourdes blessures physiques et psychologiques qu’elle porte) et enquête glauque sont les atouts de ce premier titre à l’ambiance noir et malgré tout pas si éloignée, sans doute, de la réalité.
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