Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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L'Ajar : Vivre près des tilleuls

Vivre près des tilleuls de L'Ajar     4/5 (28-09-2016)

 

Vivre près des tilleuls (128 pages) est paru le 17 août 2016 aux Editions Flammarion.

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Vincent König est le dépositaire des archives de l’écrivaine suisse Esther Montandon. En ouvrant par hasard une chemise classée « factures », il découvre des dizaines de pages noircies, qui composent un récit intime. Esther a donc tenu un « journal de deuil », dans lequel elle a pour la première fois évoqué la mort de sa fille Louise et l’aberrante « vie d’après ». Les souvenirs comme les différents visages de la douleur s’y trouvent déclinés avec une incroyable justesse. Ces carnets seront publiés sous le titre Vivre près des tilleuls. Roman sur l’impossible deuil d’une mère, porté par une écriture d’une rare sensibilité, Vivre près des tilleuls est aussi une déclaration d’amour à la littérature : ce récit d’Esther Montandon est en réalité l’œuvre d’un collectif littéraire suisse, l’AJAR. Ces dix-huit jeunes auteur-e-s savent que la fiction n’est pas le contraire du réel et que si « je est un autre », « je » peut aussi bien être quinze, seize, dix-huit personnes.

 

Mon avis :

 

Chargé des archives de l’auteure suisses Esther Montandon, Vincent König tombe par hasard sur une liasse (classée dans une chemise portant la mention « factures ») de feuillets personnels évoquant sa fille et le deuil qui a suivi sa mort. Vivre près des tilleuls est leur retranscription…

Il est donc ici question de deuil mais avant d’y parvenir, Esther se remémore les quelques années qui ont précédées le décès de Louise, les difficultés d’enfanter, de la joie inespérée qui a finalement suivie pour elle et Jacques. Suit alors un enchaînement de souvenirs, d’évènements anodins de la vie de famille, des sensations, des odeurs, des couleurs, des moments de tendresse et d’inquiétude qui jalonnent la vie de mère.

Mais la joie est de courte durée, car Luise décède 3 ans plus tard. L’annonce et l’évocation de ce mot « morte » au chapitre 13 (un signe ???) font prendre au récit un tournant, douloureux mais bien moins larmoyant que ce qu’on aurait pu penser. Les obligations qui s’en suivent, la vie qui s’émiette, le manque, la vie qu’il faut continuer à vivre, l’entourage qu’il faut supporter (avec ses indélicatesses) …

 

Sans pathétisme affecté, Vivre près des tilleuls se révèle être un témoignage profondément touchant mais dans un style presque sobre (et trop maîtrisé). Je l’ai perçu comme un cri de douleur mais bridé par une trop grande retenue.

Les chapitres très courts et l’absence de liens entre eux, si ce n’est chronologique, déstabilisent d’autant plus que chacun d’entre eux transpire la douleur et le vide impossible à combler qu’endure cette mère.

 

Au-delà du contenu, j’ai trouvé la forme parfaitement harmonieuse dans l’écriture et la construction. Le travail autour de ce projet (totalement fictif malgré un prologue volontairement trompeur) m’a stupéfaite. Ecrier a deux mains et le faire bien me surprend toujours, mais à 18, c’est incroyable ! Et pour un tel rendu…jamais on imaginera qu’il s’agisse de 15,16 ou bien même 18 personnes derrière ce récit tant la narration et le ton sont maitrisés et cohérents.

Vivre près des tilleuls était un projet ambitieux, c’est devenu une prouesse littéraire d’une grande justesse et délicatesse !



25/10/2016
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