Herman Raucher : Un été 42
Un été 42 de Herman Raucher 3,75/5 (27-07-2016)
Un été 42 (344 pages), réédité le 7 mai 2015 chez Anne Carrière (collection la belle colère) est de nouveau disponible en format poche depuis le 2 juin 2016 chez Folio (352 pages).
Hermie, Oscy, Benjie : trois amis, une énergie infinie et une ignorance crasse des choses de la vie. Mais du haut de leurs quinze ans, ils ont bien l’intention de devenir des hommes. En cet été 42, ils suivent les commandements d’un manuel d’anatomie dévoilant les « douze étapes de la sexualité ». Tandis que, de l’autre côté de l’océan, des hommes à peine plus âgés qu’eux sont emportés dans le fracas des armes, les garçons s’essaient à la tendre guerre.
Un roman à la grâce intemporelle.
Mon avis :
Un été 42 met en scène 3 adolescents sur le point de devenir adultes. Cet été 1942 passé sur Packett island, est celui des 15 ans d’Hermie (le narrateur, revenu 27 ans plus tard sur l’ile, plongé dans ses souvenirs), Oscy (son meilleur pote, un peu chef de bande, souriant et virile) et Benjie (le plus chétif et le plus pragmatique), celui où ils découvrent leur premiers émois amoureux, tandis que la guerre de joue de l’autre côté du l’océan.
« À ce moment précis de l’histoire, Hermie était douloureusement à cheval sur le fil de fer barbelé qui sépare l’enfance de l’âge adulte » » Page 17 (de la version poche)
Entre patriotisme, insouciance, culpabilité, amitié, humour, ennui, fantasme… Un été 42 est un roman plein d’émotions servis par des personnages terriblement attachants. Loin de ne s’adresser qu’aux adolescents, ce texte (initialement publié chez Robert Laffont en 1971) n’a pas pris une ride.
Si vous aimez les romans d’ambiance où l’époque y est très bien restituée et où les protagonistes uniquement masculins se révèlent vite haut en couleur (entre le suiveur et le meneur qui ne pense qu’à exécuter l’acte sexuel, Hermie avec son romantisme fait presque figure d’extra-terrestre), il faut que vous découvriez ce joli roman d’apprentissage empreint de nostalgie.
« D’après lui, le cerveau féminin était fait de telle sorte qu’il avait du mal à comprendre certaines choses. Le cerveau féminin était parfaitement adapté pour faire du café. Sauf que son café à elle n’avait pas franchement l’air d’avoir envie de ressusciter » Page 104
« Aujourd’hui les préliminaires, demain le monde. » Page 136
Ce fut là une lecture estivale vraiment très agréable autant pour la forme (le style est fluide, plein d’humour et de finesse, parfois vulgaire et d’autres fois joliment mis en forme) que pour le fond. J’ai pris le temps de rentrer dans l’histoire et dans l’ambiance, et une fois dedans j’ai eu un petit pincement au cœur à fermer cette dernière page et quitter Hermie, sympathique rêveur au cœur d’artichaut (mais tout de même bien stimulé par des hormones en ébullition), ses attentes et ses réflexions et son énigmatique Dorothy
« Il aurait voulu faire quelque chose. N’importe quoi. Car il sentait la vie le quitter ? Tout autour de lui, il y avait des gens engagés dans des choses, dans des événements, dans la vie. Ils livraient des guerres, ils faisaient des films, ils baisaient, ils réussissaient, ils visitaient de lointaines contrées. Lui, il ne faisait rien. Rien à part manger des marshmallows, peloter des bras et regarder ses meilleurs amis s’envoyer en l’air. » Page 277
« Il était en train de se départir de l’atroce chrysalide de la jeunesse et un type irrésistible en émergeait, lui souriait dans la glace. Il quitta sa chambre avec la conviction que l’lorsqu’il reviendrait, il serait un homme. Des pieds à la tête il n’était qu’une érection ambulante qui respirait le sexe, la confiance en soi et la maturité. » Page 306
Encore un petit roman (poche) à glisser dans votre valise !
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