Erin Morgenstern : Le cirque des rêves
Le cirque des rêves d’Erin Morgenstern 4/5 (14-12-2012)
Le cirque des rêves (502 pages), premier roman d’Erin Morgenstern, est publié aux Editions Flammarion le 10 octobre 2012.
L’histoire (éditeur) :
"Le cirque arrive sans crier gare. Aucune annonce ne précède sa venue, aucune affiche sur les réverbères, aucune publicité dans les journaux. Il est simplement là, alors qu'hier il ne l'était pas." Sous les chapiteaux rayés de noir et de blanc, c'est une expérience unique, une fête pour les sens où chaque visiteur peut se perdre avec délice dans un dédale de nuages, flâner dans un luxuriant jardin de glace, s'émerveiller de la souplesse de la contorsionniste au tatouage et se laisser enivrer par les effluves de caramel et de cannelle qui flottent dans l'air. Bienvenue au Cirque des Rêves. Cependant, derrière la fumée et les miroirs, la compétition fait rage. Deux jeunes illusionnistes, Celia et Marco, s'affrontent, rivalisant d'audace et d'imagination, dans une sorte de combat magique, pour lequel ils sont entraînés depuis l'enfance par leurs étranges et lunatiques professeurs…
Mon avis :
Attention, attention, en entrant dans le cirque des rêves vous entrez dans une atmosphère unique, magique et mystérieuse !
Avec une intrigue d’apparence simple l’auteure nous entraine dans une multitude de lieux, de personnages et d’époques. Nous sommes en 1873, avec Celia Bowen et Marco Alisdair, deux talentueux illusionnistes, deux magiciens (et bien plus encore) qui participent à un défi. Un duel auquel ils sont embarqués dès leur enfance par leurs « pères » respectifs, Prospero et Alexander. Et il y a aussi Bailey (dans une seconde intrigue située au début du XXème siècle) qui découvre le cirque par hasard et un peu malgré lui. Les différents protagonistes finissent par se rejoindre, unis dans leur destiné commune : Le Cirque. Autour deux gravitent une profusion de personnages secondaires mais néanmoins très importants : Chandresh Christopher Lefèvre, Isobel Martin, la contorsionniste Tsukiko, l’horloger Friedrick Thiessen et les jumeaux Murray (Penelope-Poppet et Winston-Widget). L’intrigue principale pleine de mystères (assez proche du film Le Prestige), met en scène un défi d’une singularité déconcertante et se révèle être, au fur et à mesure, une romance délicate et touchante.
« L’amour est éphémère et capricieux, poursuit Tsukiko. On peut rarement s’appuyer dessus pour prendre la moindre décision, et ce quel que soit le jeu. (…) La différence entre adversaire et partenaire n’est qu’une question de point de vue. Il s’suffit de s’écarter légèrement pour que la même personne devienne l’un ou l’autre, les deux, ou encore tout autre chose. Difficile de savoir quel est son vrai visage. Et vous avez beaucoup d’autres facteurs à prendre en compte en dehors de votre adversaire. » Pages 393-394
Ne cherchez cependant pas l’action dans de redoutables combats de magiciens. Le cirque des rêves doit sa particularité à son ambiance et son univers. Les personnages (pas assez développés selon moi) ornent un tableau et l’embellissent en apportant de belles touches d’amour et d’émotions. On retrouve pas mal d’éléments de la littérature Fantasy, genre littéraire auquel je n’accroche pas forcément (lié à mon manque d’imagination sans doute) et pourtant l’écriture d’Erin Morgenstern est si détaillée et pointilleuse qu’aussi bien l’intrigue que les décors m’ont semblés tout proches, comme si je faisais partie des lieux (les quelques chapitres, ou intermèdes, s’adressant directement aux lecteurs et le récit écrit au présent accentuent cet effet). Impossible de ne pas évoquer avec force le style et la plume luxuriance de l’auteure. Sa capacité à éveiller l’imagination en faisant appel à tous nos sens est incroyable : on sent, on voit, on toucherait presque même ce qui nous entoure.
Le propre de la littérature n’est-il pas de transporter le lecteur ? C’est un pari magistralement gagné avec ce Cirque des rêves. Le poids des mots relève mille fois le manque d’action. Ne craniez pas la profusion de tout car Erin Morgenstern maitrise magnifiquement son roman. Le cirque des rêves est un fabuleux voyage au cœur de l’extraordinaire !
« Plus qu’une fête foraine, dit Chandresh. Plus qu’un simple cirque, d’ailleurs, un cirque comme on n’en a jamais vu. Non pas un grand chapiteau, mais une multitude de chapiteaux qui chacun présente son propre spectacle. Pas d’éléphants ni de clowns. Non, quelque chose de plus raffiné. Rien de banal. Ce sera différent, une expérience absolument unique, une fête de sens. De la théâtralité sans théâtre, un spectacle en immersion. Nous allons réduire à néant les préjugés et les a priorisur le cirque pour en faire quelque chose d’entièrement nouveau. » Page 78
Bref, c’est un livre réussi : une histoire intrigante et captivante enveloppée de mots délicatement choisis.
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