Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Ellen Urbani : Landfall

Landfall d’Ellen Urbani     5/5 (30-03-2016)

 

Landfall (304 pages) est disponible depuis le 3 mars 2016 aux Editions Gallmeister.

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Ce matin de septembre 2005, la jeune Rose Aikens, dix-huit ans, s’apprête à rejoindre La Nouvelle-Orléans. Elle va porter secours aux sinistrés de l’ouragan Katrina. Mais sur la route, sa voiture quitte la chaussée et percute une jeune fille. Cette inconnue, morte dans l’accident, seule et sans le moindre papier d’identité, bientôt l’obsède. D’autant que dans sa poche se trouve la page d’un annuaire indiquant les coordonnées des Aikens. Rose n’a alors d’autre choix que de retracer pas à pas le parcours de la victime, à travers l’ouragan et une ville en ruine.

 

Mon avis :

 

2005, Katrina vient de terrasser une partie de la Louisiane. Gertrude Aikens et Rose, sa fille de 18 ans, décident (après avoir amassé une multitude d’objets hétéroclites chargés à l’arrière de leur voiture) de prendre la route pour apporter ce qu’elles peuvent aux rescapés. En chemin, une dispute entre les deux femmes entraîne une sortie de route et la mort de deux personnes : Gertrude et une jeune femme noire présente sur la bas-côté au moment du choc.

Rose, obsédé par cette inconnue,  veut savoir ce qu’elle faisait à ce moment sur la route et  décident d’en savoir plus sur elle. Beaucoup plus. A la manière d’une quête, Rose Aiken va retracer le chemin de Rosy Howard et s’apercevoir que l’âge et le prénom sont loin d’être leurs seuls points communs.

 

A travers cette enquête personnelle et familiale, Ellen Urbani  nous décrit une Amérique dévastée physiquement et humainement où la compassion a laissé place au racisme et à l’inhumanité. Son écriture belle, chaude et froide à la fois, transmet de manière concrète et effrayante ce qu’ont du vivre des milliers de personnes au cœur de la tempête (et lors de l’après). C’est vraiment terrifiant et humainement déstabilisant.

Dans ce décor superbement planté et parfaitement décrit, il y a l’histoire (les histoires) des « Rose ». Finement structuré, ce récit passe de l’une à l’autre et alterne le passé et le présent nous permettant d’entrer pleinement dans leurs vies et nous oblige inconsciemment  à faire le parallèles entre les deux filles (bien au-delà de leur relation mère/fille).

 

Lorsque j’ai attaqué ce roman, je me suis tout de suite sentie impliquée dans le récit, l’écriture d’Ellen Urbani faisant mouche et le contexte autant que les protagonistes me captivant. Mais au milieu du livre j’ai éprouvé le besoin de faire une pause (les quelques longueurs et la police de caractère si petite me donnant la sensation de ne pas avancer). Finalement, après, avoir enchaîné des lectures plus légères, j’ai ressenti la nécessité d’y revenir et les 150 pages y sont passées dans la soirée. Je m’en suis beaucoup voulue de ne pas avoir continué et d’avoir osé le mettre de coté. Mon Dieu, quel livre !!!!

Une fois terminé, j’ai pris pleinement conscience de sa charge émotionnelle, comme si j’avais été maintenue tout du long et qu’une fois le dénouement arrivé la tempête d’émotions s’est abattue sur moi : soulagement, tristesse, désespoir, joie, rancœur... Et même si l’auteure nous mène doucement vers cette fin qui devient presque naturelle et sans surprise, les sentiments sont là. Et c’est le souffle coupé, le cœur serré, et les larmes au bord des yeux que j’ai refermé ce très beau et puissant livre.

 

Pittoresque  tragique, profond et fascinant, Landfall est un incroyable roman. Ellen Urbani  fait preuve d’une maîtrise incroyable de la narration. Avec force empathique elle évoque la beauté et la laideur de l’humanité, tout en nous faisant partager la vie de ces deux femmes.

 

Landfall n’est pas que la collision entre Rose et Rosy, c’est la rencontre de deux destins communs et le choc d’une narration particulièrement forte.

Ne faites pas la même bêtise que moi, ne posez pas ce livre avant d’arriver au bout (même si la lecture à 23h, après une bonne journée de boulot et à la lueur d’une faible lampe de chevet devient une épreuve de force tant la taille de police est petite). Je n’oublierais jamais ces Rose et leur maman (Cilla et Gertrude) et l’évocation de la Nouvelle-Orléans et de Katrina aura une raisonnante toute particulière dorénavant.

 



03/04/2016
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