Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

Cool Water de Dianne Warren   5/5 (08-08-2012)

Cool Water (404 pages), l'un des nombreux romans qui composent la rentrée littéraire 2012, est paru le 16 août 2012 (aujourd'hui) aux Editions Presses de la cité.

L’histoire (éditeur) :

Les attentes, les peurs et les rêves se mêlent, à l’Oasis Café, unique lieu de rencontre d’une petite ville de 1 011 âmes, Juliet, où il ne se passe jamais rien. Un jour, pourtant, surviennent dans la vie de certains habitants des événements qui vont influencer à jamais celle de leurs voisins. Dans ce décor faussement calme, les langues se délient, les conflits latents explosent, les existences se transforment pour le meilleur et pour le pire... Une galerie de personnages inoubliables qui évoluent dans un paysage à couper le souffle, pour un roman choral maîtrisé à la perfection.

Mon avis :

Au premier regard, on se dit qu’il ne se passe rien dans Cool Water, qu’il ne s’agit que de portraits disparates d’habitants d’une petite bourgade canadienne. Et bien détrompez-vous ! Cool Water est une galerie de personnages qui composent un même puzzle. L’auteur les présente de façon morcelée pour bien s’imprégner de chaque vie et découvrir progressivement l’âme de cette ville fictive de Juliet (ville de 1011 habitants située dans la province de Saskatchewan).

Est-ce le lieu qui fait les gens ou les gens qui font le lieu ? Juliet est bâti sur un paysage fragile fait de dunes de sable (incroyable au Canada…et pourtant réel) où vivent des Hommes tout aussi fragiles.

Cool Water est une plongée envoutante dans un tout petit bout de la vie de Blaine Dolson (écrasé par de très grosses difficultés financières), sa femme Vicki (la « bonne à rien », mère de 6 enfants), Norwal Birch (le directeur de la banque qui se sent responsable de la détresse des Dolson), sa femme Lila (trop occupée à gérer le future mariage de leur fille Rachelle), Lee Torgeson (bébé abandonné au porte de Lester et Astrid Torgeson, devenu un fermier solitaire à la mort du couple), Willard Shoenfeld (propriétaire du Drive-in, qui vit avec sa (veuve) belle-sœur avec la crainte quotidienne de la voir partir), Hans et Lynn Trass (propriétaires de l’Oasis Café) et Joni (femme de passage qui va bouleverser plus d’un destin). Toutes ces vies entremêlées sont présentées en alternance ce qui permet de bien saisir la personnalité de chacun.

Cool Water,  c’est une journée pour raconter beaucoup de choses : un mariage raté, une chevauchée fantastique de 160 km, une fugue, des haricots jamais congelés, un décès, un bras cassé, beaucoup de non-dits, d’actes manqués, des doutes, des déceptions…Durant ma lecture j’ai été prise d’attachement pour quasiment tous les personnages mais ressenti une étrange tension qui ne m’a pas quittée, me laissant une impression de malaise, comme si un drame était sur le point de tomber sur l’un d’eux.

L’écriture de Dianne Warren est belle et transmet à merveille au lecteur l’atmosphère atemporelle si particulière de cette ville : chaleur écrasante, calme et silence, poussière. J’ai dû plusieurs fois me remettre dans la tête qu’il se situait au 21^ème siècle (avec ses e.book, internet et tout le toutim) tant il m’a dépaysée, transportée à une époque lointaine faite de cowboys, de familles agricoles qui attendent la pluie comme une promesse et où la futilité n’a pas sa place. L’utilisation du temps présent et l’évocation de nombreux détails anodins entrainent avec facilité dans l’univers intime de la ville de Juliet. C’est merveilleusement bien raconté tout simplement.

Si vous chercher un roman d’action, passez votre chemin. Par contre, pour ceux qui souhaite vivre des émotions vraies avec des personnages ordinaires mais uniques, lisez Cool Water et plongez-vous dans ce roman simple et profond, très touchant.

Un immense merci aux Editions Presses de la Cité pour m’avoir donné l’opportunité de découvrir ce roman et l’écriture de Diane Warren.