Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Chimamanda Ngozi Adichie : Nous sommes tous des féministes

Nous sommes tous des féministes de Chimamanda Ngozi Adichie   5/5 (25-03-2015)

 

Nous sommes tous des féministes (87 pages) est paru le 26 février 2015 chez Folio, dans la collection Folio 2€ (Traduction de Sylvie Schneiter et Mona de Pracontal).

 

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L’histoire (éditeur) :

 

«Partout dans le monde, la question du genre est cruciale. Alors j'aimerais aujourd'hui que nous nous mettions à rêver à un monde différent et à le préparer. Un monde plus équitable. Un monde où les hommes et les femmes seront plus heureux et plus honnêtes envers eux-mêmes. Et voici le point de départ : nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos fils autrement.» Chimamanda Ngozi Adichie aborde le sujet controversé du féminisme avec lucidité, éloquence et humour.

 

Mon avis :

 

Nous sommes tous des féministes est un très court texte de moins de 40 pages qui permet de prendre conscience d’une réalité : les préjugés sexistes ont la vie dure ! Rien de nouveau dans ce discours évidemment, parce que ce n’est pas comme si on n’était pas au courant, c’est juste qu’on s’est habitués à cette inégalité entre les sexes et qu’on finit par ne plus la percevoir parfois.  Alors, lire ce récit remet autant les idées en place qu’il donne envie de s’écarter de ce carcan devenu invisible par l’éducation que l’on transmet à nos enfants.

 

Chimamanda Ngozi Adichie  tient un discours simple, direct et à la portée de tous. Très agréable à lire, ce texte est la version corrigée d’une conférence donnée en décembre 2012 au TEDxEuston, un colloque annuel  consacré à l’Afrique afin de « provoquer et stimuler les Africains et les amis de l’Afrique ». Nous sommes tous des féministes mélange les faits au vécu de son auteure. Ainsi les anecdotes et souvenirs personnels illustrent sa pensée (tels des preuves), et surtout donne du poids à cette vérité bien encrée : les femmes sont encore perçues et traitées avec infériorité.

En moins de 20 minutes elle donne à réfléchir sur le terme de féministe, un mot chargé de connotations lourdes et parfois négatives (s’approchant de l’extrémiste), sur le poids des conventions, sur la manière dont le société façonne l’image de la femme (« Dans le monde entier, il y a un nombre incroyable d’articles de magazines et de livres qui abreuvent les femmes de conseils sur ce qu’il faut faire, sur la façon d’être ou de ne pas être pour attirer les hommes ou leur plaire. On ne trouve pas, loin s’en faut, autant de guides de ce genre destinés aux hommes. » Page 31).

L’auteure explique comment la femme est bien trop souvent mise à l’écart dans cette société de l’homme dominant. Et bien que la société ait évolué, laissant l’homme fort (merci les hormones !) céder sa place de dirigeant à une personne cultivée, douée d’intelligence et d’esprit créatif, la femme n’a toujours pas sa place au pouvoir. Bien sûr tout cela parait évident mais pourquoi en sommes-nous encore là ?

 

Enfin, elle expose sa vision de l’avenir, son remède pour un monde plus, plus heureux et surtout honnête. « Et si, dans l’éducation que nous donnons à nos enfant, nous nous concentrions sur leurs aptitudes plutôt que sur leur sexe ? Sur leurs centres d’intérêt plutôt que sur leur sexe ? » Page 40

Son constat est simple : l’éducation de nos enfants peut faire changer le monde (surtout en Afrique) et la vision portée sur la femme mêlant culpabilité intrinsèque et cette image stéréotypée véhiculée depuis des décennies : une ménagère et une nourrice.

« Nous apprenons la honte à nos filles. Croise tes jambes. Couvre-toi. Nous les persuadons qu’elles sont coupables simplement parce qu’elles sont de sexe féminin ? » Page 38

« Le problème avec cette détermination sexuelle, c’est qu’elle vous dicte ce que vous devez au lieu de prendre en compte qui vous êtes. Vous imaginez à quel point nous serions plus heureux, plus libres d’être nous-mêmes, sans le poids de ces conventions. » Page 39

 

Chimamanda Ngozi Adichie  n’apporte pas de solution miracle mais pose les bases d’une prise de conscience indispensable. Hors de question de mener une guerre des sexes, simplement la juste nécessité de considérer la femme à la hauteur de l’homme, autant sur le plan professionnel que domestique !

« Les différences biologiques entre les garçons et les filles sont incontestables, mais la société les exacerbe. Et c’est le point de départ du processus qui s’auto-alimente. Prenez la cuisine, par exemple. De nos jours, ce sont surtout les femmes qui se chargent des tâches ménagères. Pourquoi ? Les femmes sont –elles nées avec le gène de la cuisine ou la société les a-t-elle conditionnées au fil des années à considérer que c’était leur rôle ? J’allais suggérer que les femmes sont peut-être effectivement nées avec le gène de la cuisine, puis je me suis souvenue que la plupart des cuisiniers célèbres du monde – ces  « chefs » pour reprendre le nom sophistiqué qu’on leur attribue – sont des hommes. » Page 41

 

Jusque-là inédit en français, Nous sommes tous des féministes est désormais disponible à seulement 2 euros. Aucune excuse pour ne pas prendre connaissance de ce discours nécessaire (voire indispensable), vivant, teinté d’humour (corrosif)  et tellement juste, dont  des extraits ont été repris par Beyoncé  dans Flawless, une chanson de son cinquième album.

 

Il est suivi par une nouvelle intitulée  Les marieuses (dont voici mon avis ici), qui sous les traits de la fiction reprend certains des thèmes abordés précédemment. 



31/03/2015
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