Annette Wieners : Coeur de lapin
Coeur de lapin d’Annette Wieners 3,75/5 (20-01-2016)
Coeur de lapin (352 pages) est paru le 14 janvier 2016 dans la collection La Bête Noires des Editions Robert Laffont (traduction Lucie Roignant).
L’histoire (éditeur) :
Il est des secrets de famille plus mortels qu'un poison.
Elle était l'une des meilleures à la brigade criminelle. Aujourd'hui, Gesine Gordes s'occupe des fleurs dans un cimetière, immense, à la périphérie d'une grande ville allemande.
Un matin sans histoire, elle comprend que les couronnes mortuaires déposées à la chapelle par ses soins sont destinées aux obsèques de sa propre soeur, Mareike. Les deux femmes ne s'étaient pas vues depuis que Philipp, le petit garçon de Gesine, a perdu la vie dans des circonstances troubles. Si Mareike lui apparaît toujours comme la responsable du drame, sa disparition mystérieuse se met à hanter Gesine.
La police, qui privilégie l'hypothèse du suicide, risque de classer l'affaire sans suite, comme pour Philipp. Peut-être Gesine a-t-elle renoncé à la vérité depuis trop longtemps ? Cette fois, il lui faudra mener à bien cette enquête et se confronter au passé...
Mon avis :
Gesine Gordes, agent d’entretient au cimetière, est particulièrement stressée ce jour. Pourquoi est-elle si mal à l’aise ? Pourquoi essaye-t-elle de passer inaperçue ? Pourquoi ne veut-elle pas écouter la douleur de cet homme qui a perdu sa femme et la mère de ses deux petites ? Pourquoi tient-elle tant à s’éloigner de lui et à ne pas se faire remarquer ? Parce que la femme qu’on enterre est sa sœur, qu’elle n’a pas revue depuis 10 ans, depuis la mort de son fils Philipp…
Mais rien n’y fait, elle est reconnue et même convoquée par Lasse Johannseur (son ancien supérieur) et Marina Olbert, directrice des enquêtes judiciaires parce qu’elle est suspectée d’avoir menacé sa sœur Mareike, deux semaines plus tôt, de l’avoir harcelée et d’avoir un lien dans sa mort. Il est grand temps de faire le ménage au sein de cette famille et de mettre des mots sur la disparition du petit Philipp, l’origine de tant de souffrances…
Cœur de lapin est un thriller psychologique qui m’a tenue en haleine dès les premières pages. Décidée à commencer ce livre au lit avant de dormir, je partais dans l’idée de n’en lire que quelques pages, très vite gagnée par la fatigue. C’est plutôt une centaine de pages qui y son passées et il a même fallu que je pose le bouquin si je voulais quand même avoir quelques heures de sommeil.
Dès les premières pages, il a attrapé mon attention et ne l’a plus lâchée. D’abord parce que l’histoire de Gesine m’a touchée et que le drame dont elle a été victime il y a 10 ans a tout de suite créer un lien entre nous. Fortement impliquée dans l’histoire, toute la suite des événements (sa culpabilité personnelle en lien avec la mort de son fils, celle dont on l’accable dans la disparition de sa sœur, les liens étranges et malsains qui unissent cette famille…) s’est enchaînée à une grande rapidité. Le style simple et fluide de l’auteure permet de tourner les pages avec vivacité et beaucoup d’entrain.
Annette Wieners installe deux niveaux de narration (bien que totalement inégaux) et accentue l’addiction, l’envie d’en savoir plus, d’en lire plus et le besoin d’arriver à comprendre le déroulement des faits d’il y a 10 ans, sachant pertinemment que la mort de Mareike (meurtre, suicide ou accident) en est liée. Ainsi, le récit principal est entrecoupé par la rétrospection du précédent drame qui se dessine minute par minute, laissant une certaine tension s’installer.
Cœur de lapin n’est pas un récit excitant, sanglant, au suspens insoutenable, plein d’action ou même effrayant, et pourtant, il faut reconnaitre que la tension s’installe progressivement de manière efficace. L’empathie marche bien et suivre le récit aux cotés de Gesine permet de vivre les événements de façon vive et prenante. Sa solitude et sa fragilité (camouflées derrière 1 bonne dose de froideur et d’aigreur) m’ont plu. Je n’ai pas eu la sensation de tomber dans le cliché de la mère brisée, mais au contraire la force enfouie qui ne demande qu’à sortir et sa conscience aigüe en la justice (sans avoir besoin d’être habitée par un désir de vengeance) lui donne une certaine crédibilité.
Je serais ravie de recroiser cette ex enquêtrice de la brigade criminelle dans son ancien costume (ou bien même dans un double habit : employée funéraire devenue consultante en investigations) dans de nouvelles histoires, même si elles sont moins personnelles (j’espère pour elle !)
Construit entre tension et drame, Cœur de lapin possède une intrigue qui ne m’a pas surprise plus que ça (j’ai vu venir une partie du dénouement) mais vraiment passionnée. Le style d’Annette Wieners est simple et transmet bien les émotions tout en maintenant constant l’intérêt du lecteur. Ainsi, ce premier thriller n’est peut être pas parfait pour un lectorat exigent (il y a entre autres quelques détails déconcertants et invraisemblables et une rapidité d’élucidation peu crédible) mais il possède un très bon potentiel et laisse envisager une palpitante série à venir.
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