Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Agnès Ledig : Juste avant le bonheur

Juste avant le bonheur d’Agnès Ledig    5/5 (22-05-2013)

 

Juste avant le bonheur (343 pages), deuxième roman d’Agnès Ledig, est disponible depuis le 2 mai 2013 aux Editions Albin Michel.

 

 

L’histoire (éditeur) :

 

Julie, 20 ans, qui élève seule son fils Lulu est caissière dans un supermarché. Elle attire l'attention d'un client, quinquagénaire aisé à nouveau célibataire. Généreux et désintéressé, Paul invite Julie à passer quelques jours dans sa belle villa de bord de mer en Bretagne. Ils y retrouvent Jérôme, le fils de Paul, qui se remet mal du suicide de sa jeune femme. Gaieté et optimisme reviennent grâce à l'attachante présence du petit Lulu. Mais au retour, un nouveau drame survient. (…) Un conte de fées moderne. L'émotion partagée avec des personnages profondément attachants et les dialogues d'une rare vivacité donnent un livre bourré de grâce, d’optimisme et d’énergie, qui réconcilie avec la vie !

 

Mon avis :

 

En trois mots : Coup de cœur !

 

 

Et oui encore un…décidément ce mois de mai est beau (livresquement parlant, cela va sans dire). Après Purgatoire des Innocents, c’est dans un tout autre domaine (complètement à l’opposé d'ailleurs) que je suis tombée sous le charme.  Juste avant le bonheur est un condensé d’émotions, des belles, des moins belles, des fortes, des puissantes, de celles qui vous donnent des frissons…

 

Mais au fait, Juste avant le bonheur c’est quoi ? C’est l’histoire de Julie, une caissière un peu triste qui croise le chemin de Paul. C’est plutôt Paul en réalité qui croise sa route. Alors qu’il galère au supermarché, il remarque une larme sur la joue de la caissière. Dans un élan de sympathie (et de pitié aussi) il la salue en l’appelant par son prénom. Julie, bien étonnée (voir même complètement sur le cul) qu’un client l’a considère, accepte son invitation à déjeuner, histoire de fêter ses congés et surtout de manger à sa faim. Au cours de ce repas, ils échangent sur leur quotidien et sympathisent. Paul, bien décidé à faire du bien à cette toute jeune fille (sans aucune arrière-pensée) lui propose de l’accompagner (elle et Lulu,  son fils d’à peine 3 ans) en Bretagne, où il compte passer quelques jours avec son fils Jérôme. Julie a très envie de croire qu’elle est tombée sur un homme sincère, une sorte de miracle, alors (sur les conseils de sa meilleure amie Manon) elle accepte et s’embarque dans cette aventure humaine.

Quelle équipe de bras (et de cœurs) cassés !

 

« Entre avant et aujourd’hui, il y a eu cette rencontre fortuite, à la caisse d’un supermarché, autour d’une histoire de pizza et de bières. Il aurait pu choisir une autre caisse, j’aurais pu ne pas travailler ce jour-là. J’aurais pu sourire et ne pas laisser une larme couler sur ma joue. Mais j’étais là, avec cette larme, et il a choisi ma caisse, peut-être pour la larme. Il aurait aussi pu ne pas revenir la semaine suivante, ne pas m’inviter à déjeuner. Nous aurions pu ne pas partir en Bretagne, ne pas tomber en affection les uns pour les autres. (…) » Page 349

 

Comment vous en parler sans trop vous en dire ?.... Juste avant le bonheur arrive à faire monter les réactions émotives face aux  plaisirs des petits riens. Toute la première partie, spécialement le séjour en Bretagne, est ponctuée de descriptions du quotidien, de choses simples qui m’ont émerveillée (un gamin qui ramasse les cailloux ou qui prend la main d’un homme triste lors d’une ballade sur la plage). C’est fou mais tout me parlait, me bouleversait. J’en avais le cœur serré de tous ces bonheurs palpables. Et puis le choc ! Agnès Ledig renverse les émotions. Un  événement (encore une rencontre incroyable et imprévisible…) m’a encore plus serré le cœur. Il me l’a déchiré même, au point de me faire pleurer comme une madeleine. L’auteure, dans de nouvelles difficultés, arrive à faire revenir le bonheur (pas au galop non, mais avec parcimonie). On retrouve cette façon de savourer ce que la vie nous offre, de voir (ou tenter de voir) le bon côté des choses, de profiter du moment présent et à lâcher un peu du lest.

 

Paul, par qui tout arrive,  est un homme incroyablement gentil, réaliste, raisonnable (parfois pas tant que ça il faut l’avouer), qui voit sa vie pétiller  à nouveau depuis sa rencontre (car il n’est finalement question que de rencontres ici) avec Julie. Cette dernière est loin d’avoir une vie de rêve mais elle tente toujours de remonter la pente, grâce à Lulu qui la pousse vers le haut. Elle est terriblement touchante et attachante (« ça fait une éternité qu’un homme n’a pas été gentil avec elle. (…) Julie n’a déjà pas l’habitude de ce genre d’attentions. L’insouciance a rejoint la dignité au cimetière des illusions perdues » page 15). C’est une fille crue, vulgaire (une vulgarité que l’on aime), sincère et surtout crédible. C’est pour ça qu’elle est si touchante.

A côté, il y a aussi Jérôme, un médecin enfoncé profondément dans la tristesse, la solitude et le marasme (« Et le chagrin le ronge comme une chenille vorace sur une feuille de printemps » page 43) , Caroline, une remplaçante  qui manque totalement de confiance en elle, Romain, un kiné qui laisse passer beaucoup d’anges, Manon, une meilleure amie qui comble le cœur d’un homme,  Lulu, un petit bonhomme de trois ans qui oublie les « r » quand il parle, et enfin beaucoup d’oignons qui font pleurer ! Et, à la recherche de réconfort, tous vont apprendre à s’apprivoiser.

 

« T’étais là, sur mon chemin, comme un silex. Et moi, je suis l’homme de Cro-Magnon qui en cherchait désespérément un pour allumer son feu au bord du chemin. (…) Tu me réchauffes le cœur. (…) Tu as cette chose au fond de toi qui rayonne. C’est tout. Et j’avais envie d’un peu de lumière dans la grisaille de mon quotidien. » Page 92

Il y a dans la plume d’Agnès Ledig un savoureux mélange de dialogues vifs et rythmés, de mots simples et délicats, de métaphores tellement expressives, de passages tendres, rigolos (comme celui des Chatounes page 84) et beaucoup de finesse. Le tout dans une histoire parfaitement ancrée dans la réalité. C’est délicieux !

L’auteure met au même niveau colère bonheur, tristesse, joie. Juste avant le bonheur est  un melting-pot d'émotions, A LIRE le mouchoir à portée de main. 

 

 

« Elle était frêle de corps et d’esprit. Une rafale de vent aurait pu la soulever et la jeter un peu plus loin sans qu’elle puisse lutter. Et les courants d’air émotionnels avaient le même effet sur son cœur. Un mot de trop, un regard un peu mauvais, et elle baissait les yeux sur ses chaussures pour qu’on ne voie pas qu’elle était balayée par la bourrasque comme une feuille d’automne. (…) Une feuille morte, détachée de sa branche vitale, et qui ne reçoit plus sa sève. Pourquoi n’a-t-elle jamais connu que la saison d’automne ça, je n’en sais rien. » Page 82

 

« Julie a compris depuis longtemps qu’il faut parfois lâcher les rênes, pour laisser partir la tristesse au galop. Celle-ci finit toujours par se fatiguer et se remettre à marcher au pas. Aujourd’hui le chagrin est un cheval fou, mais elle suppose, elle espère qu’il se fatiguera lui aussi, un jour.

De voir Paul ainsi lui fend le cœur. La réciproque est probable.

On souffre individuellement et collectivement. On souffre d’être triste et de voir les autres tristes. On souffre doublement. Et on n’y peut rien. » Page 253

 

L'avis de Cajou, aussi très emballée : Plume de Cajou



22/05/2013
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