Alexandre Seurat : Un funambule
Un funambule d’Alexandre Seurat 3,75/5 (24-01-2018)
Un funambule (96 pages) est disponible depuis le 3 janvier 2018 dans la collection La brune des Editions du Rouergue.
L’histoire (éditeur) :
Un jeune homme est réfugié dans la maison de vacances de ses parents, en bord de mer. Cela ne « va » pas, tout l’engloutit, la pensée de sa mère, sa relation avortée à la seule femme qu’il ait aimée, sa non-existence sociale. C’est un être effondré, un funambule qui marche au-dessus du vide. Alors qu'il retrouve les siens pour la fête des mères, il apprend qu'il doit se rendre avec son père à un rendez-vous médical dont il ne sait rien. Après La maladroite et L’administrateur provisoire, Alexandre Seurat poursuit son exploration des failles familiales. Il plonge le lecteur dans un monde sans repères, dont on ne sait si l’absence de limites tient à la folie du personnage ou à la violence du monde extérieur.
Mon avis :
Dans la maison de vacances du bord de mer, le jeune homme semble totalement perdu, flottant dans sa vie comme dans l’eau au milieu des vacanciers
« D’habitude, c’était à l’aube que l’angoisse le repoussait dans le réel et que les souvenirs des évènements de la veille le laissant à vif – mais ce n’était pas l’aube. » Page 13
« Avec l’aube, l’angoisse remontait, dense, massive. A chaque geste qu’il faisait vers elle, la réalité se dérobait. Il n’avait jamais su reprendre forme. » Page 14
« Mais le soulagement n’avait jamais été qu’une autre forme de douleur – l’envers de l’angoisse. » Page 24
Seul dans la maison familiale pour la première fois, il repense à son enfance, sa mère, sa place ici et ailleurs. Aujourd’hui agacé et mal à l’aise d’être là, de de toujours n’arriver à rien et perdu face à ce billet de train posé là par son père et la lettre de sa mère qui annonce une réunion de famille et un rendez-vous médical dont il ne saisit pas l’importance ni la raison….
« Tout était perdu. Il aurait voulu réussir à lui dire tout ce qu’il n’avait jamais pi – des mots qu’on n’avait jamais attendus de l lui et qui auraient changé le monde, et le visage de sa mère. Mais il disait seulement, Maman, il répétait seulement, Maman, et il savait que ça ne suffirait rien : il aurait bien voulu être rayé de la surface de la Terre, et qu’il n’y eut plus aucune trace de son passage, jamais. » Page 77
Le funambule, le protagoniste, est un personnage troublé et troublant dont il est difficile de s’attacher. Malgré tout, le funambule est un récit tout en émotions qui dévoile les fissures d’un homme et la blessure infligée par sa famille. L’abandon (celle de l’esprit et celle e la famille) est au cœur de ce petit livre, celle de Germaine (sa nourrice et mère de substitution pendant 7 ans.
Et c’est ce qui rend ce titre plus déchirant. Alexandre Seurat développe dans Un funambule un portrait délicat et frappant, fait de violence et d’une extrême sensibilité.
Il m’a été difficile de m’installer aux coté du protagoniste mais une fois chose fait j’ai été particulièrement émue par lui et par ce qu’il vivait. Néanmoins, j’ai trouvé le texte beaucoup trop court, presque énigmatique.
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