Martin Page et Coline Pierré : La folle rencontre de Flora et Max
La folle rencontre de Flora et Max de Martin Page et Coline Pierré 4,5/5 (07-12-2015)
La folle rencontre de Flora et Max (200 pages) est disponible depuis le 11 Novembre 2015 aux Editions L’École des Loisirs.
L’histoire (éditeur) :
Lorsqu’elle découvre l’étonnante lettre de Max, Flora est à la fois heureuse et troublée, elle reçoit peu de courrier depuis qu’elle est en prison… Que peut bien lui vouloir ce garçon excentrique qui semble persuadé qu’ils ont des points communs ? Que peut-il partager avec une lycéenne condamnée à six mois ferme pour avoir violemment frappé une fille qui la harcelait ? Max ne tarde pas à révéler qu’il vit lui aussi enfermé. Il a quitté le lycée après une grave crise d’angoisse, depuis, il ne peut plus mettre un pied dehors et vit retranché chez lui, avec ses livres, son ordinateur, son chat gourmet et son ukulélé. Flora et Max vont s’écrire, collecter chaque jour des choses lumineuses et réconfortantes à se dire, apprivoiser leur enfermement et peu à peu, avec humour et fantaisie, se construire une place dans le monde.
Mon avis :
Très belle collaboration que cette folle rencontre de Flora et Max, un roman qui évoque avec maturité et sensibilité la confiance en choix, le harcèlement, l’incarcération chez les jeunes et la déscolarisation. L’échange épistolaire qu’entretiennent Flora et Max est touchant, saisissant et passionnant.
Max n’a pas beaucoup d’amis et vit mal sa scolarité (ou plutôt sa vie avec les autres), alors quand il apprend que Flora, une fille de son lycée, vient d’être incarcérée pour violence faite auprès d’une autre camarade, il décide de lui écrire. Elle, au moins, ne devrait pas le juger.
« Je ne sais pas si cette lettre arrivera jusqu’à toi. Parfois on jette des bouteilles à la mer. J’ai besoin de parler, et ion ne peut parler qu’avec des gens qui nous ressemblent. Tu ne le sais pas, mais on a des points communs. Ce n’est pas une très bonne nouvelle : ce sont des histoires tristes qui nous rapprochent. Mais il faut bien commencer par quelque chose. » Page 10
Cette impulsivité mêlée de facilité et d’étrangeté donne naissance à une belle correspondance que vont entretenir pendant 4 mois deux adolescents au bout du rouleau et rendus en marge de la société. Car la surprise passée, Flora est très heureuse d’voir l’opportunité d’échanger avec quelqu’un d’autre que ses parents, son psy et son avocate, qui ont bien du mal à la comprendre.
Il y a dans leurs lettres un souffle de bienveillance et de compassion qui tranche avec leurs situations et surtout avec le monde dans lequel ils vivent (et nous avec). Il y a aussi beaucoup d’incompréhension et un vif sentiment de se sentir étranger. Alors le lecteur, saisi par ces deux êtres isolés, va au fil des lettres, découvrir comment une ado normale, sans histoire, intelligente et qui aime lire et rêver s’est retrouvée en prison pour un acte aussi grave, et pourquoi Max a choisi de s’enfermer chez lui (de ne plus se rendre au lycée n’y même sortir de chez lui).
« Mes amis sont des maladies, des livres, des jeux, mon ordinateur, des plantes (je pense au bambou près de mon lit), des objets (mon mug fétiche avec le portrait de Mary Shelley, une de mes héroïne). Mon psy et mes parents voudraient que j’aie des amis humains. L’idée est intéressante, mais pour l’instant je n’ai jamais rencontré quelqu’un dont je me sente proche. J’espère que ça viendra. » Page 42-43
Ces 200 pages, issues d’une véritable correspondance entre Martin Page et Coline Pierré (les deux auteurs, dans la peau de chaque personnage, s’étant prêtés au jeu en échangeant des lettres durant 4 mois) sont d’une grande richesse. Sans aucune niaiserie ni infantilisme, La folle rencontre de Flora et Max est un joli cocktail intelligent qui colle bien aux personnages, à leur histoire, à leurs âges et à leurs problématiques. La narration est fluide, les deux plumes très agréables, le choix des mots simple et direct, et les personnalités fortes et fragiles.
Il y a aussi beaucoup de soi, de remise en question sur le monde, sur notre place dedans et sur la difficulté de s’y construire (et de vivre avec les autres) quand on a entre 15 et 18 ans.
« Tu sais, ton déménagement m’a rappelé que tu sors dans trois mois et demi. Que va-t-il se passer quand on pourra enfin se voir ? Je me suis habitué à toi sous forme de lettres. J’ai envie qu’on se rencontre, mais en même temps cette perspective m’effraie. D’une certaine façon, ça m’arrange bien que tu sois en prison. Si ça ne tenait qu’à moi, tu y resterais toute ta vie. Ainsi, on pourrait continuer notre correspondance. Je plaisante. Mais tout de même je suis un peu inquiet. Quand tu sortiras, moi je ne sortirai pas. » Page 110
Loin d’être une roman sombre, La folle rencontre de Flora et Max est un livre qui serre le cœur et le réchauffe aussi beaucoup, grâce à ses notes humour et de fantaisie, et surtout par son côté positif et plein d’espoir.
A lire et à faire lire !
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