James Lasdun : La chambre d’ami
La chambre d’ami de James Lasdun 3,75/5 (18-03-2017)
La chambre d’ami (288 pages) est sorti le 9 mars 2017 aux Editions Sonatine (traduction : Claude et Jean Demanuelli).
L'histoire (éditeur) :
Entre Françoise Sagan et Patricia Highsmith, un huis clos délicieusement pervers !
Imaginez un cadre de rêve : une luxueuse résidence d’été au milieu des montagnes.
Placez-y un trio de personnages troubles : Charlie, un riche banquier new-yorkais, sa femme Chloe et Matthew, le cousin de Charlie, un cuisinier dont l’existence part un peu à la dérive.
Le décor est posé, les pièces sur l’échiquier. En dire plus serait criminel.
Passion, drame, trahison, adultère, meurtre : rien ne manquera à votre plaisir.
Avec cette peinture d’un couple bourgeois qui, sous des apparences parfaites, recèle bien des secrets et des mensonges, James Lasdun évoque à la fois les univers de Françoise Sagan, de Claude Chabrol et de Patricia Highsmith. Autant dire que le suspense, l’intelligence et le plaisir sont au rendez-vous de ce roman aux rebondissements multiples, où chacun est à la fois coupable et victime de sa nature profonde. Un délice.
Mon avis :
Huis clos calme, axé sur la psychologie des personnages, La chambre d’ami ne mise pas sur l’action ni sur le dynamisme pour captiver son lecteur.
Au contraire, c’est de lanière lente et privilégiant une immersion dans ce trio malsain que l’auteur a choisi de construire son intrigue, privilégiant ainsi davantage le développement des rapports humains de manière à nos impliquer totalement dans le malaise de leur relation.
Eté 2012, Charlie et Chloé, couple de bourgeois new yorkais, partent passer deux mois dans leur luxueuse résidence d’Aurelia. Matthew Dannecker, le cousin germain de Charlie, est lui aussi de la partie, invité à passer quelques semaines avec le couple. Installé dans le bungalow des invités, ce cuisinier en pleine réflexion quant à son avenir professionnel, profite donc de ses amis (chargé de leur confectionner de bons petits plats) et des journées au bord de la piscine et en ballade à observer les groupes alentour (entre lycéens et mouvements alternatifs) tandis que Charlie effectue de nombreux déplacement à New York (multipliant les réunions en lien avec ses projets de micro-crédits) et que Chloé se rend à ses cours de yoga (quand elle ne décide pas au dernier moment de les sécher pour de quelques obscures raison).
Mais sous ce calme apparent, les vérités sont sur le point d’exploser et peu à peu une tension latente faite de non-dits et de mensonges s’installe.
La quatrième de couverture compare ce James Lasdun à l’univers de Claude Chabrol et je trouve que c’est totalement ça !
Si l’auteur s’emploie avec minutie à nous installer entre ces personnages énigmatiques, à explorer leur relation et étudier les sentiments de Matthew (acteur principal de ce huis clos), cela joue inévitablement sur le rythme. Personnellement j’ai aimé cette lenteur et cette ambiguïté constante qui se noue dans ce trio. Sans m’attacher à aucun d’eux (que j’ai trouvé trop éloignés de moi et de mes préoccupations), j’ai éprouvé un vif intérêt pour cette histoire, totalement vissée (voire enlisée) dans les méandres de l’esprit de ce protagoniste paumé (à tous les niveaux), sans ambition (ou presque) ni motivation.
Alors oui, il ne se passe rien (ou pas grand-chose), oui il faut un bon nombre de pages pour sentir l’histoire décoller, oui ça donne parfois l’impression de partir dans des digressions psychologiques axées sur les rapports aux autres et aux sentiments… mais franchement, l’écriture fluide de James Lasdun, le sentiment de manipulation, les chapitres courts et ce qui se dégage de ce récit ont compensé ce début un peu long. Pour la suite, ça n’a été que du plaisir car l’ambiance devient de plus en plus pesante avec ce poids d’un inévitable déraillement, comme si la catastrophe approchait inexorablement et que cet été idyllique devait forcément mal tourner…
Et quand le drame arrive, impossible de savoir comment finiront les personnages et comment leur histoire va changer car l’auteur jusqu’au bout joue avec le lecteur et son personnage.
En bref : la chambre d’ami ne plaira pas à tout le monde mais pour ceux qui savent apprécier les romans lent d’atmosphère, c’est un excellent titre !
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