Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Stuart Prebble : Le Maître des insectes

Le Maître des insectes  de Stuart Prebble   4/5 (30-03-2015)

 

Le Maître des insectes  (352 pages) est sorti le 12 mars 2015 aux Editions Denoël (Traduction : Caroline Bouet).

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Londres, années 1960. Quand Jonathan Maguire émerge d'un mauvais sommeil sur le sol du salon, il a les mains couvertes de sang et le corps de sa femme Harriet gît à ses côtés. Seule lui revient à l'esprit une violente dispute avec cette dernière, qu'il soupçonnait d'infidélité. Jonathan est le tuteur de son grand frère Roger, dont le handicap mental l'empêche d'être autonome et qui consacre tout son temps libre à un étrange et spectaculaire élevage d'insectes. Anéanti par la mort de sa jeune épouse, Jonathan est néanmoins déterminé à échapper à la police, terrifié à l'idée que s'il était arrêté pour meurtre, Roger serait placé dans une institution. Jonathan a sacrifié trop de choses, y compris son mariage, pour accepter cette éventualité. Lui seul peut protéger Roger, à la fois incapable d'exprimer sa pensée et terriblement lucide quand il s'occupe de ses milliers de créatures grouillantes.

 

Mon avis :

 

Le maître des insectes est un roman qui finit par devenir un peu obsédant tant le thème de l’obsession est exploité.

 

1959. A l’âge de 8 ans, Jonathan Maguire part une dizaine de jours en camps scouts. A son retour, il retrouve son grand frère Roger changé, radicalement muri. Ce dernier, âgé de 14 ans, est un beau garçon au physique normal et dont rien ne laisse supposer une quelconque infirmité. Et pourtant, il est handicapé mental et vit dans un univers hermétique, qu’il vient tout juste d’ouvrir aux insectes. En effet, il vient de se découvrir  une passion pour ces minuscules créatures et au fils des ans, il en fait un véritable élevage dans la cabane au fond du jardin de la maison familiale. De son côté, Jonathan a fini par quitter la maison et se marier. Mais en 1973, il se réveille les mains ensanglantées, le corps sans vie de Harriet à ses côtés, et la mémoire défaillante.

Le maître des insectes, c’est évidement Roger. Mais quel rôle joue-t-il dans ce roman et dans le destin de Jonathan ?

 

Le maître des insectes possède une quatrième trompeuse qui laisse le lecteur s’imaginer qu’il va se plonger dans un roman dont l’intrigue principal est le meurtre. Seulement, avant que Jonathan ne se réveille près du cadavre de celle qu’il aime, le lecteur traverse près de 200 pages et s’enfonce dans la vie des deux hommes, inséparables depuis la mort mystérieuse de leurs parents lors de l’incendie de leur maison.  Je n’ai pas spécialement envie d’en dire plus sur l’intrigue, si ce n’est qu’après l’obsession de Roger pour ses minuscules petites bêtes, le livre nous plonge tout autant dans l’amour obsessionnel de son petit frère pour Harriet. Jonathan, le narrateur, revient sur sa vie et ce qui l’a amené jusqu’à ce terrible soir. Ce drame que l’on attend en entrant dans le livre est finalement vite oublié, tant on est absorbé par la narration, jusqu’à ce qu’il fasse enfin surface et laisse le lecteur dans l’incertitude des évènements passés et à venir.

 

La suspicion s’installe dans notre esprit, les obsessions (qu’elles soient incoercibles ou irrationnel) pèsent tandis que le handicap et le dévouement appellent la compassion. Le maître des insectes est  un roman tout en contrastes, y compris dans l’écriture qui pourrait sembler plate (pas de pic de tension ni de rebondissements) mais dont la tension narrative se révèle puissante. Les caractères sont très bien travaillés, avec complexité et beaucoup d’humanité, et rendent l’investissement du lecteur beaucoup plus fort. Stuart Prebble signe un roman brillant, dont l’éclairage ne vient seulement qu’en toute fin avec une révélation détonante. Ses derniers mots m’ont d’ailleurs laissé une sensation de malaise, et d’inquiétude.

La relation entre les deux frères est tour à tour passionnante, déconcertante et admirable. Et, j’ai éprouvé une vraie sympathie pour Roger, qui est un personnage effacé mais qui a tant de choses à dévoiler. Ce n’est pas tant son handicap qui m’a touché mais son caractère indéfectible, droit et loyal.

 

Bref, Le maître des insectes est un roman intense bien écrit, à ne surtout pas sous-estimer. J’ai été captivée par cette histoire à la trame psychologique travaillée avec soin et totalement convaincante.

 

Par contre, j’ai pu noter une discordance dans les dates mentionnées entre la page 108  et 239…Un détail, mais qui m'a sauté aux yeux pendant ma lecture...

 

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02/04/2015
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