Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Maxime Chattam : La patience du diable

La patience du diable de Maxime Chattam 4/5 (27-05-2014)

 

La patience du diable (496 pages) sort aujourd’hui (mercredi 28 mai 2014) aux Editions Albin Michel.

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L’histoire (éditeur) :

 

Le Mal peut-il contaminer ceux qui le traquent ? 

Un go-fast pris en flag qui transporte bien pire que de la drogue…

Deux ados qui tirent sur les passagers d’un TGV lancé à pleine vitesse…

Des gens ordinaires découverts morts… de terreur.

Le Diable mène le bal, le monde est devenu fou.

Lieutenant à la Section de Recherche de Paris, Ludivine Vancker comprend bientôt qu’un fil sanglant relie ces faits divers. Rien ne pourra l’empêcher de remonter la piste à sa source. Aux racines de la peur. 

Après La Conjuration primitive, Maxime Chattam, dans ce thriller d’une maîtrise glaçante, sème plus que jamais le doute.

 

Mon avis :

 

Enfin arrive sur les étals  des libraires, La patience du diable a, jusqu’au bout, joué avec la patience de ses lecteurs, qui attendaient fermement sa sortie, plusieurs fis reportée.

Délaissant mon programme de lecture, je me suis jetée dessus dès son arrivée dans ma BAL. La conjuration primitive (mon avis ici) avait été une très bonne lecture, de celles qui comblent les attentes des fans de Chattam et des fans de thrillers en général, j’attendais donc beaucoup de ce nouvel opus, qui soit dit en passant, est une  suite qui peut se lire indépendamment. Me voici donc lancée aux côtés de Ludivine Vancker et Segnon Dabo, deux gendarmes  de la section de recherches de Paris, dans une enquête qui n’est pas sans rappeler  celle précédemment menée avec Alexis.

 

Pour ne rien gâcher du plaisir de découvrir le scénario, je ne relèverai pas grand-chose de plus que ce qu’annonce la quatrième de couverture.  L’histoire démarre  avec un go-fast. Un an et demi après le carnage de Val-Segond,  Ludivine, Segnon et leurs collègues appréhendent en flagrant délit des trafiquants de drogue. Enfin, c’est ce qu’ils soupçonnent, car la réalité de cette cargaison est mille fois pire…du jamais vu ! En remontant le réseau, ils mettent la main sur un homme étrange et effrayant qui leur « livre » de terrifiants propos (entre fanatisme diabolique et folie, difficile de déterminer la frontière).

Peu avant, deux ado embarquent sur le TGV Paris-Hendaye où ils ouvrent le feu méthodiquement sur les passagers, faisant 53 morts et de nombreux blessés, avant de se donner la mort.

La machine du Mal est lancée et, pour satisfaire le Diable, elle va accumuler les actes de folies et les morts.

« Croyez-vous le diable idiot, jeune femme ? S’il apparaissait sous une forme fantastique, témoignant de ses pouvoir abominables, que se passerait-om d’après vous ? Le monde entier, face à la preuve irréfutable de son existence, prendrait garde, deviendrait vigilant et s’allierait pour lutter contre lui ! Alors tant qu’il agit dans l’ombre, insidieusement, en tirant les ficelles du mal subtilement, là il demeure une menace permanant, cachée, plus forte. Le diable est immortel, ne l’oubliez jamais ! il a appris de ses erreurs passées, il a vu notre monde évoluer et cela a probablement influencé en partie ses développements. Il est là, plus présent que jamais, fomentant le chaos, préparant notre chute et son avenement….il sait qu’il a pour lui notre nature versatile, nos doutes, et la direction qu’a pris notre société. Tout ce qu’il a à faire, c’est semer ses graines et attendre. La patience du diable, mademoiselle, c’est sa meilleure arme contre nous ! » Page 250.

 

Maxime Chattam ne s’encombre d’aucun préliminaire. Il nous plonge directement dans le chaos et va au cœur de l’horreur dès les premières pages. On retrouve son écriture habile dans les descriptions (précises, sans s’attarder plus que nécessaire) et dans la narration. J’aime particulièrement son style fluide et le rythme effréné qu’il impose à son intrigue. On visualise parfaitement chaque scène d’horreur et on passe vite à la suite, sans que cette suite soit plus gaie ou réjouissant pour autant. C’est du Chattam quand même !

L’auteur nous entraîne dans une histoire à la limite du fantastique, troublante et terrifiante. Il pose les base d’une réflexion sur le Mal, son origine (liée à l’égoïsme et la peur ambiants grandissant) sa monté en grade, sa place dans notre société, sa normalité. Quand Monsieur Tout-Le-Monde pète un câble et devient un outil à son déchaînement, ça devient rudement inquiétant (et tellement possible).

« Est-ce que Richard Mikelis et Joshua Brolin avaient raison en affirmant qu’il existait une conjuration primitive dissimulée dans les replis du système, la conséquence d’une croissance trop rapide de la société ainsi qu’une évolution prédatrice de l’espèce humaine. Une conjuration primitive qui serait incarnée par des monstres unis par leur différence, rassemblés pour devenir plus forts, pour s’entraider ? » Page 483

On retrouve la même thématique quand dans le premier opus, orientée ici vers une explication « diabolique ». Les faits côtoient le surnaturel tout en prenant racine dans une réalité proche et crédible.

 

On a à faire à une vraie équipe d’enquêteurs dont  Ludivine et Segnon restent les investigateurs principaux, enrichie par Guilhem Trinh, fraîchement atterri à la SR de Paris depuis 1 an. On en apprend ici un peu plus sur ce duo  (tellement mal assorti) et même si on ne rentre pas beaucoup dans leur vie privée, un certain attachement se crée à leur égard. Segnon est un personnage que j’ai particulièrement apprécié suivre. Simple, gentil, attentionné, professionnel, bon enquêteur, mari et père, il connait ses limites, contrairement à Ludivine qui reste une assoiffée de justice, aussi acharnée dans son travail que fragile dans sa vie privée (vie privée ? quelle vie privée d’ailleurs ?). Richard Mikelis, fait son retour également à travers les réflexions de Ludivine, qui le voit comme un modèle et lui voue un grand respect.

 

J’ai passé un bon moment avec ce nouveau Chattam, presque aussi haletant que La conjuration primitive. Le suspense est très présent et même si j’ai trouvé parfois l’intrigue trop rapide, l’ensemble est encore une fois à la hauteur de mes attentes : sordide, dégoût, tension et coup de théâtre, action…tout est là. Dans ce déferlement de violence, l’auteur n’épargne personne et n’a de pitié ni pour les personnages ni pour le lecteur (la scène du restaurant me restera un moment à l’esprit).

On referme La patience du diable rassuré que cette investigation soit résolue (mais bon dieu le parcours est rude jusqu’à l’épilogue !) et avec le sentiment de ne pas en avoir fini avec tout ça. Je suis contente que l’auteur ait commencé à développer certains personnages (Ludivine Vancker devenant une Brolin française)  et j’espère qu’il ne s’arrêtera pas en si  bon chemin, car j’ai très envie d’un troisième volet pour les retrouver (surtout Mikelis).

 

« A présent, elle savait qui elle était, quel était son rôle.

Il fallait des personnes comme elle pour protéger ces bulles d’innocence, ou du moins ces fragments d’insouciance, il en fallait pour guetter les nuages à l’horizon et veiller à les garder éloignés.

Aucun doute n’était plus permis.

Pour un temps au moins, elle serait l’un de ceux-là, les Veilleurs, comme Mikelis l’avait été avant de céder sa place. Comme ce Joshua Brolin de l’autre côté de l’Atlantique, cet être étrange qu’elle devinait asservi à sa tâche, refusant pour sa part de quitter son poste.

Elle serait l’un deux.

Vigilante. Pour s’opposer à cette conjuration primitive si elle existait réellement. Elle serait attentive et endurante pour ne rien lâcher.

Pour contrer la patience du diable. » Page 485

 

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27/05/2014
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