Marie Pavlenko : Je suis ton soleil
Je suis ton soleil de Marie Pavlenko 5/5 (18-02-2017)
Je suis ton soleil (462 pages) est sorti le 8 mars 2017 aux Editions Flammarion Jeunesse.
L’histoire (éditeur) :
Déborah démarre son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui s'acharne à les dévorer. Mais ce n'est pas le pire, non.
Le pire est-ce sa mère qui se met à découper frénétiquement des magazines ou son père au bras d'une inconnue aux longs cheveux bouclés?
Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l'aide, des amis, du courage et beaucoup d'humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.
Mon avis :
Marie Pavlenko revient avec un nouveau roman rayonnant !!!
Après ma petite déception vis-à-vis de son précédent roman, je suis ravie d’avoir renouvelé l’expérience Pavlenko car ce nouveau titre est juste merveilleux !
Et pourtant, tout est loin d’être rose chez Déborah Dantes.
Cette année de Terminale s’annonce particulièrement difficile. D’une : elle n’est pas dans la même classe que sa meilleure amie. Pire encore, elle se retrouve dans celle de Tania, la peste populaire du lycée et dans celle de Jamal dit « Mygale-man ».
En plus, il pleut. Tant pis pour la jolie tenue qu’elle avait l’intention de porter (ballerines et petite jupe), elle devra prendre ses bottes grenouille parce qu’Isidore* a bouffé ses autres chaussures. De quoi se sentir encore plus seule ce premier jour de classe….
*Note de lecteur : Isidore = nom donné au labrador
« Un labrador obèse récupéré sur le trottoir, il y a deux mois, sans collier, ni tatouage, ni puce électronique. (…) Il perd ses poils par plaques, on dirait qu’il a la gale, mais le vétérinaire dit que c’est le stress, raison pour laquelle il a rongé presque toutes mes chaussures (botte-grenouille, vous vous souvenez ?). Il est hideux. (…) c’est le chien de l’angoisse. Un mélange improbable de Droopy en fin de vie, Beethoven (le chien, pas le compositeur) atteint de psoriasis, et Milou passé par une esthéticienne sous acide. » page 33
Si ces ennuis ne se remsumaient qu’à ça, ça serait encore gérable. Mais vous vous doutez bien que pour tenir le lecteur un peu plus de 100 pages, il va falloir trouvez mieux. Effectivement, Déborah est atteinte du Théorème de la Scoumoune (et là, je vous laisse le plaisir de découvrir ça en lisant le livre !!) alors…
Elle découvre en plus « l’abonné absent » (son père, soit disant toujours au boulot) au café du coin en train d’embrasser à pleine bouche une autre femme que sa mère (dépressive, soit dit en passant). Et pour couronner le tout : impossible d’en parler avec Elo (la meilleure copine qui n’est plus dans sa classe, vous suivez ?), trop occupée à parler de sa nouvelle classe et dont Erwann, le beau-gosse qui va très vite devenir son petit copain, chassant définitivement Débo de la vie d’Elo.
Heureusement il y a les livres. Et les nouveaux copains….
Des problèmes d’ado, me direz-vous. Des sujets qu’on rencontre régulièrement en littérature jeunesse… oui, oui, mais alors abordés ici avec un punch et une verve détonante qui vont vous faire adorer ce titre ! Et ce n’est pas tout…
Marie Pavlenko s’est d’abord bornée à nous raconter son héroïne face à des problèmes d’ado (qui n’en sont pas vraiment) et c’est parfait pour rentrer doucement dans sa vie et apprendre à la connaître. On ne tourne pas en rond pour autant, il y a une vraie intrigue qui se met en place et qui a beau avancer doucement permet de bien se mettre dans la peau de cette ado normal de 14 ans (qui, comme des milliers d’autres sur la terre, se plaint beaucoup).
Et puis après 200 pages, loin d’être rébarbatives ou déprimantes (au contraire le ton et le choix de la narration du point de vue de Débo donne ce côté pétillant et cet humour qui rendent ces pages très addictives), l’histoire gagne en intensité, en devenant un peu plus sombre et délicate. Il s’en dégage alors un concentré d’émotion et de sensibilité.
Sous ce style direct, pêchu (un peu bourrin) et drôle (un peu dans celui d’Aurore de Marie Desplechin, en plus vieux) se cachent beaucoup de douceur et d’écoute. Le bousculement hormonal et les sentiments contradictoires liés à l’âge sont bien exposés. On rigole avec ses perles (entre poésie et piques bien placées) mais on a parfois le cœur qui palpite.
Je suis ton soleil est un roman actuel qu’il faut vraiment découvrir. Son héroïne nature, qui ne mâche pas ses mots (en tant que narratrice du moins…) et ne cache qui pas ses ressentis, ses doutes et ses malaises parlera à beaucoup. Les situations qu’elle vit sont toutes d’une grande crédibilité, vécues avec bon sens et racontée avec la plume énergique d’une Marie Pavlenko qui a parfaitement su faire parler cette ado en colère et saisir tous ses sentiments. Elle aborde ici au final beaucoup de choses (dont pas mal auxquelles on ne s’attend pas) et ainsi, sous ses airs de lecture classique d’ado, se cache un texte plus profond et délicat.
Bref, merci Marie Pavlenko pour ce rayon de soleil.
J’ai adoré ce roman pétillant et tellement touchant et vous conseille vivement de vivre cette année de Terminale avec Déborah.
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