Libre-R et associés : Stéphanie - Plaisir de lire

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Karim Miské : Arab Jazz

Arab Jazz  de Karim Miské   4.5/5 (16-07-2014)

 

Arab Jazz  (298 pages) est sorti le 15 mars 2012 aux Editions Viviane Hamy (Collection : Chemins Nocturnes) et depuis le 13 mars 2014 chez Points Policier (325 pages).

 

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L’histoire (éditeur) :

 

Ahmed Taroudant, jeune marginal, ne lit que des polars. Quand il trouve sa voisine pendue à son balcon, un rôti de porc à ses côtés, il sort de sa léthargie. Est-ce le meurtre symbolique d'un fou de Dieu ? Avec Rachel Kupferstein et Jean Hamelot, flics cinéphiles et torturés, Ahmed enquête au cœur d'un 19e arrondissement cosmopolite où ripoux, caïds et fondamentalistes se livrent une guerre sans pitié.

 

Mon avis :

 

Ahmed Taroudant, un trentenaire en arrêt maladie depuis 5 ans pour longue dépression, solitaire et fan de polars, découvre sa voisine du 6ème, Laura Vignola, une jeune hôtesse de l’air dont il était très attaché, sauvagement assassinée. Ni une, ni deux, (la lecture intensive de ses romans policiers de seconde main lui donnant les leçons nécessaires à une fuite en bonne et due forme) il efface toutes traces de sa venue dans l’appartement et retourne se coucher.

Quand la police arrive le lendemain, l’affaire s’annonce aussi simple (Ahmed, qui a fait plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, et possédant un jeu des clés de la demoiselle, a tout du suspect idéal) que délicate (la victime a choisi de couper les ponts avec sa famille brutalement à sa majorité et les premiers éléments découverts sur les lieux laissent penser à un meurtre symbolique en rapport avec la religion).

Mais Rachel Kupferstein (une belle Juive Ashkénaze)  et Jean Hamelot (fils d’un breton communiste), deux flics du XIXème arrondissement chargés de l’enquête, ne se laissent pas facilement manipuler.

  

Super découverte ! Amateurs de polars, aux personnages atypiques (richement dessinés, à la personnalité bien tranchée) et à l’ambiance parisienne cosmopolite, laissez-vous séduire par le premier roman de Karim Miské.

Reçu dans le cadre du prix du polar point 2014, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avec ce titre, qui au premier abord m’a donné un peu de fil à retordre avec toutes ses références religieuses multiples et surtout pointues. La gêne s’est très vite envolée au final car le scénario ne tombe pas du tout dans la facilité et l’écriture de l’auteur est très entraînante (les phrase sont courtes et le texte rythmé). Le duo d’enquêteurs disculpe très vite ce pauvre Ahmed et cherche efficacement toutes les voies possibles dans cette affaire qui ne leur laisse pas vraiment de répit.

Ahmed est dans un certain sens la plus grande victime dans cette enquête, qui révèle beaucoup de surprises. L’auteur réussit le pari de mêler intimement différents groupes religieux (Juifs Loubavitch, Musulmans Salafistes, Témoins de Jéhovah…) et à surprendre. La trame très bien construite livre peu à peu les indices pour que les pièces du puzzle s’imbriquent et que les réponses se révèlent loin d’être celles que l’on s’imaginait.

 

Ahmed est loin d’être une forte personnalité (il dénote même vraiment avec les autres personnages du livre, beaucoup plus colorés), mais il reste très attachant. J’ai apprécié en apprendre un peu plus sur lui et connaitre les raison de son évolution d’ancien agent de sécurité, à un homme aujourd’hui malade, transparent (sauf pour Laura et monsieur Paul, le libraire du coin, qui n’hésite pas à lui glisser un ou deux grands noms de la littérature dans son kilo de polars), et en marge de la société. Alors que d’autres trouvent leur voie dans la religion, lui choisit celle de la thérapie et des romans policiers. Les références littéraires et musicales sont ici extrêmement présentes, l’auteur coordonne son récit à une Play List très appréciable, et aussi variée que ses protagonistes.

 

Il y a beaucoup à voir dans Arab Jazz, un roman très plaisant qui a le mérite de décrire une société tombée dans le radical sans cliché ni misérabilisme ni lourdeur, mais au contraire avec panache. Karim Miské offre une enquête surprenante jusqu’au bout, un roman qui se révèle une très bonne et sympathique lecture, qui a reçu en 2012 le Grand Prix de Littérature policière.



23/07/2014
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